Le dossier syrien entre les mains des chimistes de l’ONU

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La Syrie a remis comme convenu à l’OIAC la déclaration sur ses stocks d’armes chimiques détaillant leurs types, sites d’entreposage et emballages. Le dossier était si volumineux que les experts ont pris un délai pour l’étudier. L’Organisation avait même reporté sine die la réunion de son comité exécutif consacré à la Syrie initialement fixée au 22 septembre.

Les experts de l’OIAC doivent élaborer les procédures concrètes couvrant le transport, le stockage et la destruction des stocks de la « chimie syrienne » qui représentent selon les premières estimations entre 1000 et 1300 tonnes. Les inspecteurs devront maintenant se rendre en Syrie pour faire la comparaison entre les données fournies par Damas et les stocks réels et élaborer ensuite les procédés de leur recyclage.

Les États-Unis et leurs partenaires ne dissimulent guère leur intention de confier cette besogne à la Russie. Les experts russes disent que la Russie se tient prête à détruite le sarin et les autres gaz de combat dans une usine spéciale du lieu-dit de Choutchié dans le sud-est de la Russie.

Pourtant, cette procédure se heurte à un tas de problèmes complexes – internationaux, interétatiques et internes, a confié à notre radio Vladimir Evaséev, directeur du Centre national d’études sociales et politiques. Cela demande, naturellement, beaucoup de temps et c’est justement le temps qui manque. Le premier problème consiste à faire sortir les armes chimiques de Syrie, estime Vladimir Evséev :

Il va falloir non seulement former la mission d’inspecteurs de l’ONU et lui adjoindre des officiers des unités de protection chimique d’autres États y compris la Russie, mais encore assurer sa sécurité. La Russie est en train d’étudier la possibilité d’envoyer sur les lieux une brigade spéciale.

Il faudra une force internationale d’environ 10 000 militaires pour assurer la couverture de cette opération.
Pourtant, ce n’est qu’un début des problèmes parce qu’il faudra aussi s’assurer de l’étanchéité des emballages. On ne peut pas exclure non plus la possibilité d’explosion spontanée en cas de transbordement, estime l’expert :

La Turquie pourrait interdire le passage par ses détroits des bateaux contenant cette cargaison. C’est également possible si on choisit un détour. En effet, aucun pays ne veut voir passer au voisinage de ses côtes un cargo truffé d’armes chimiques.

Vladimir Evséev est également sûr que Moscou aura du mal à expliquer au peuple pourquoi la « chimie syrienne » doit être détruite en Russie. Les protestations des habitants étaient déjà fort nombreuses au moment de construction de l’usine de Choutchi.

Il ne sert à rien de parler d’exportation des armes chimiques ou de leur destruction sur place tant que les inspecteurs de l’ONU n’en ont pas dressé un inventaire complet, estime Natalia Kalinina, experte russe en armements de l’Institut des relations économiques internationales :

La Convention sur l’interdiction des armes chimiques prescrit de les détruites au voisinage des lieux d’entreposage. Tout dépend de l’état des stocks, des types d’armes, des munitions et de leur sécurité. A mon avis, le transport des stocks pose un sacré problème et est même irréalisable.

De toute façon la pratique et les calculs montrent que le transport reviendra très cher. Il faudra prévoir des conteneurs spéciaux, des cargos, des équipes d’accompagnement et les mesures de sécurité très strictes tout le long du parcours. Cela peut demander beaucoup plus qu’un milliard de dollars évoqué par le président syrien Bachar Assad dans sa dernière interview. En fait, « la chimie syrienne » peut bien valoir son pesant d’or en cas du transport.

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