Le président russe Vladimir Poutine estime nécessaire de lancer un débat sur l'identité nationale réunissant les représentants de toutes les forces politiques, écrit vendredi 20 septembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Pour lui les frontières à ne pas franchir dans la définition de l'idée nationale sont la souveraineté et l'intégrité du pays. En évoquant le problème de l'identité, Poutine se positionne à nouveau comme un politicien conservateur.
Poutine a prononcé hier un discours à la réunion plénière du club Valdaï sur les thèmes de l'avenir, de l'identité nationale, des valeurs et de la culture politique.
Selon le président, l'idée nationale n'apparaîtra pas si l'Etat ne travaille pas dans ce sens. C'est précisément, selon Poutine, ce qui s’est produit dans les années 1990 et n’a profité qu’à la partie de l'élite nationale qui "préférait voler".
Vladimir Poutine a déclaré que la Russie ne pourrait pas aller de l'avant sans une identité culturelle et spirituelle. Il a précisé que trois types d'idéologie ne lui convenaient pas : celle de l'époque soviétique abandonnée à jamais par la société ; la monarchie et le conservatisme fondamental de ceux qui idéalisent la Russie prérévolutionnaire ; et l'ultralibéralisme occidental.
Le chef de l'Etat a invité les représentants de divers courants politiques à ouvrir le débat sur l'identité nationale. Certaines lignes rouges ne doivent pas être franchies selon lui : les principes de souveraineté, d'indépendance et d'intégrité de la Russie.
Dans une récente interview accordée à Associated Press, Poutine s'est lui-même qualifié de conservateur. Ce qui implique avant tout une protection zélée de la souveraineté du pays : les citoyens et les politiciens sont libres d'avoir leur opinion mais il est fondamental qu'elle ne soit pas imposée depuis l'extérieur.
L’aspect socio-ethnique est un autre aspect du conservatisme poutinien. Ces derniers temps, sur la vague des initiatives législatives portant sur les minorités sexuelles, cet accent est de plus en plus fréquent dans les discours du président russe. Il témoigne de son respect aux minorités sexuelles tout en soulignant comme prioritaire et fondamental le principe de reproduction, qui permet à la civilisation de survivre. Poutine a critiqué hier les élites européennes libérales qui oublient selon lui les racines chrétiennes du continent.
L'Eglise orthodoxe russe se positionne régulièrement et depuis assez longtemps comme un allié des structures conservatrices en Europe libérale. L'élite dirigeante russe semble également faire des pas dans cette direction avec le président. La revendication du "leadership conservateur" de la Russie dans le monde contemporain devient de plus en plus claire.
L'imposition des valeurs et des institutions est un autre aspect commun des discours de Poutine depuis le début de son troisième mandat. Il y revient constamment, notamment dans ses discussions avec les journalistes occidentaux.
Toutefois, il n'a encore jamais réussi à clairement définir quelles sont ces institutions et ces valeurs exactes pour la Russie, et lesquelles peuvent être considérées comme engendrées par la volonté et le besoin des Russes.