Thierry Meyssan: « Le rapport présenté portait sur une seule question : savoir si du gaz sarin avait été utilisé en Syrie, en général, et dans la Ghouta de Damas, en particulier. Et la réponse est oui : il y a eu utilisation de gaz sarin puisque les responsables des Nations unies ont rencontré une cinquantaine de survivants. Ils ont fait des prélèvements de tissus humains qui ont été analysés et qui montrent dans un grand nombre de cas, pas tous, que certaines personnes ont été contaminées. D’autre part, sur place dans la Ghouta les observateurs ont récupéré des débris de missiles sol-sol qui ont servi à transporter ce gaz. Dans ce rapport il n’y a que cela et il n y a rien sur l’ampleur des victimes, cette affaire n’est pas traitée. Et il n’y a rien sur, précisément, chacun des 14 cas qui leur étaient présentés, il n’y a d’investigations que sur l’affaire de la Ghouta. En fait, quand on a cette réponse, on n’a que la réponse sur laquelle tout le monde est d’accord aujourd’hui. Puisque hier soir les autorités syriennes ont diffusé à la télévision Al Ikhbariya le témoignage de deux personnes capturées par l’armée et qui ont expliqué comment on avait transporté les missiles et les précurseurs chimiques pour charger ces missiles depuis une base militaire turque jusqu’à Damas. Donc l’usage de gaz sarin est avéré. Le fait que le gaz a été dispersé par, au moins, deux missiles tirés d’une zone rebelle vers une autre zone rebelle, comme l’ont montré les photos satellite russes transmises au Conseil de sécurité, tout cela est très clair. Mais il n’y a toujours pas d’accord entre les membres du Conseil sur l’origine de ces gaz.»
La Voix de la Russie. Peut-on espérer que la communauté internationale poursuivra le processus de paix après ce rapport ?
Thierry Meyssan: « Certainement parce que le processus de paix est un accord entre la Russie et les USA. Très probablement, les USA étaient informés, sinon plus, de ce que faisait l’armée turque et, d’ailleurs, probablement, également le Royaume-Uni et la France. Mais comme cette opération a échoué, je pense que les USA reviendront à l’accord initial conclu avec la Russie le 30 juin 2012 à Genève et qu’on s’achemine vers une conférence qui permettra à la Russie et aux Etats-Unis de se partager le Proche Orient cette fois-ci sur le dos des alliés des USA que sont le Royaume-Uni et la France puisque le Royaume-Uni vient de se retirer de la course et que la France s’est engagée d’une manière tout à fait inconsidérée dans cette affaire en perdant une partie de son autorité. » T