C’est ce qu’a rapporté au milieu de l’été 2013, non sans éprouver un malin plaisir à le faire, le journal américain Washington Post. Les experts anonymes du renseignement interrogés par le journal ont fait une « découverte », selon laquelle les radicaux islamistes du Caucase du Nord pourraient troubler la paix des visiteurs et des participants des JO. Il ne faut pas, ont-ils dit, une grande expérience pour créer des explosifs primitifs, mais assez efficaces. Ils ont donné comme exemple un acte terroriste qui s’est produit en avril à la ligne d’arrivée du marathon à Boston. Selon le FBI, les frères Tsarnaïev y ont fait exploser deux bombes rudimentaires. Le ton des experts rapportés par Washington Post et les arguments qu’il a utilisés laissent à supposer que le journal cherchait simplement une façon de blesser la Russie une fois de plus.
Cependant, l’acte terroriste de Boston a été interprété par la Russie comme un signal d’alarme. « Bien sûr, nous renforçons les mesures de sécurité. Parfois, nos collègues étrangers montrent les dents à cause de cela, mais voyez vous-même de quoi le monde est fait. Notre conception de la sécurité est très sérieuse », a déclaré le ministre des Sports Vitali Moutko en reconnaissant qu’il est très compliqué d’exclure la possibilité d’actes terroristes. Les participants des compétitions, les organisateurs et le personnel passent tous un contrôle spécial, mais ce n’est pas le cas des spectateurs et des supporters. « Il est nécessaire de prendre des mesures à ce niveau-là », a ajouté Vitali Moutko.
De son côté, Vladimir Kolokoltsev, ministre russe de l’Intérieur, a fait comprendre qu’il était incorrect de comparer le marathon amateur de Boston aux Jeux olympiques du point d’une garantie de sécurité. Les mesures prises à Sotchi sont des dizaines de fois plus nombreuses. « En ce qui concerne la triste expérience de Boston, nos efforts et notre niveau de préparation sont incomparables », a-t-il souligné.
Les policiers russes se préparent aux JO depuis le début des constructions des infrastructures sportives à Sotchi. Le système de sécurité a été mis en place en prenant compte les desiderata du CIO.
Un état-major opérationnel a été réuni pour assurer la sécurité lors des JO. Celui-ci a défini en novembre 2012 et en février 2013 respectivement les frontières terrestres et les frontières maritimes à l’intérieur desquelles des mesures de sécurité renforcées sont prises pour la période des XXIIes Jeux olympiques d’hiver. La sécurité est déjà renforcée depuis le 1er juin 2013 à Sotchi. Ceci est, d’ailleurs, une des mesures proposées par la police russe suite aux évènements à Boston. Toutefois, les services de l’ordre russes possèdent leur propre expérience et leurs raisons pour être vigilants.
En mai 2012, le service secret russe, le FSB, a neutralisé un groupe terroriste avec ses collègues de la République d’Abkhazie, dont la frontière passe à quelques kilomètres de Sotchi. Trois personnes ont été interpellées et 10 caches, contenant des armes, des munitions et des explosifs ont été trouvées. Comme l’a déclaré le Comité national antiterroriste russe dans son message officiel, trois systèmes d’arme antiaérienne transportables Igla et Strela, un mortier avec 36 munitions, un lance-flamme Chmel, 29 lance-grenades, 15 mines, 12 bombes artisanales, un fusil à lunette, deux fusils d’assaut, 15 kilos de TNT et 10 000 cartouches ont été dénichés. Les services secrets ont établi que les islamistes rebelles avaient l’intention de transporter au fur et à mesure tout cet arsenal à Sotchi pour l’utiliser à des fins terroristes lors de la préparation et le déroulement des JO. Selon des données opérationnelles, les services spéciaux géorgiens et le chef des terroristes Dokou Oumarov, qui ont des liens avec les premiers, étaient directement impliqués dans l’envoi des armes en Russie.
Ceci ne peut évidemment pas être comparé aux bombes rudimentaires des frères Tsarnaïev.
Les technologies les plus innovantes seront utilisées pour protéger les participants et les visiteurs des JO. La sécurité dans le ciel sera assurée par des drones, alors que celle dans la mer sera garantie par des vedettes ultrarapides qui patrouilleront le plan d’eau adjacent à la mer Noire. Des robots mobiles s’occuperont de la recherche des explosifs dans les infrastructures sportives. Pour contrôler la mobilité d’un grand nombre de personnes, un document spécial, « le passeport du supporter » leur sera remis.
« Nous tirons toujours parti de toute expérience enrichissante. Nos représentants ont visité une série de pays, où des compétitions internationales importantes ont eu lieu, comme le Canada, l’Italie, le Brésil, la Chine, la Pologne et le Royaume-Uni », a souligné le ministre de l’Intérieur.
Toutefois, comme l’a annoncé aux journalistes Vladimir Koulechov, directeur adjoint du Service fédéral de sécurité (FSB), le but premier des organisateurs des JO et de l’état-major opérationnel c’est d’assurer la sécurité des participants et des visiteurs des JO, ainsi que des habitants de Sotchi. « Aucune mesure exceptionnelle ne sera prise. La législation russe sera simplement en vigueur, ce qui permettra à tout le monde de se sentir en sécurité lors des JO », a conclu Vladimir Koulechov.
Il reste à ajouter que lors d’une de ses visites d’inspection à Sotchi, Jacques Rogge, président du CIO, a déclaré qu’il ne doutait pas de la capacité et du niveau de préparation de la Russie à l’organisation de Jeux olympiques sécurisés.