Syrie : la fracture entre l’Occident et le monde. L’éditorialiste du Figaro se prononce

Syrie : la fracture entre l’Occident et le monde. L’éditorialiste du Figaro se prononce
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L’éditorialiste du Figaro Pierre Rousselin vient de faire paraître un article intitulé Pour une vraie stratégie en Syrie.

Il est édifiant parce que rempli de constructions logiques démontrant que la France aurait encore beaucoup de choses à apprendre avant de chercher à faire exploser le monde dans une guerre à haut risque planétaire et interreligieuse. En attendant la frégate ultrasophistiquée « Chevalier Paul » mouille fièrement à côté des majestueux porte-avions américains. Les seigneurs de la guerre se font de plus en plus agressifs, car il n’y a rien de tel pour masquer leur faillite qu’un conflit chez les voisins. Les voisins en l’occurrence sont les Européens qui se chargeront à titre gracieux de payer les pots cassés d’une tuerie fratricide méditerranéenne où il n’y aura pas de vainqueurs. Il n’y en aura tout bonnement pas parce qu’après les éventuels bombardements, le nuage toxique couvrira la plus grande partie du Proche-Orient y compris Israël et Egypte. Non seulement cela provoquera la perte de la récolte et la famine, mais l’effet sera quadruplé par la ruine des stations balnéaires de la région. Quant aux pays limitrophes comme la Jordanie et Israël, les victimes seront innombrables, d’autant plus que l’Iran a promis de s’occuper d’Israël en cas de frappes américaines. Les Américains s’en soucient comme d’une guigne, bien sûr. C’est trop loin de chez eux pour que ça les dérange. Et la démence évidente de la diplomatie franco-socialiste est mise en valeur par une position plus que réservée de la sage Angela Merkel aussi bien que la retenue britannique. Mais pourquoi faut-il que les Tricolores s’immiscent de toutes les mauvaises guerres du début siècle ? Mystère total !

Pierre Rousselin, lui, entend mettre les points sur les « i » par son analyse de la direction à suivre pour la France.

La Voix de la Russie. Qu’est-ce qu’une bonne stratégie en Syrie pour la France ?

Pierre Rousselin. « Une stratégie en Syrie cela ne consiste pas à réagir aux derniers événements. Cela consiste à prévoir ce que l’on veut pour ce pays. Je m’élève contre cette affaire de ligne rouge et de frappes punitives parce que je pense que cela conduit à des erreurs stratégiques. Je pense qu’il faut effectivement s’élever contre l’usage des armes chimiques. C’est quelque chose d’absolument nécessaire ! Mais il faut que cela entre dans le cadre d’une stratégie cohérente vis-à-vis de la Syrie. La diplomatie française veut qu’il y ait un changement de régime en Syrie : eh bien ! Qu’elle adopte une stratégie pour cela. Et je ne pense pas que ce soit le cas aujourd’hui. »

LVdlR. Est-ce que la stratégie adoptée par François Hollande est satisfaisante d’après vous ?

Pierre Rousselin. « Je pense que cela n’est pas du tout satisfaisant pour la raison que je viens de dire et pour d’autres raisons qui se sont ajoutées depuis. C’est-à-dire les décisions qui ont été prises au Royaume Uni par la Chambre des Communes qui a refusé l’opération punitive à laquelle devait participer David Cameron. Et aussi par la décision surprise de Barak Obama aux Etats-Unis de consulter le Congrès. Ces deux événements ont placé la France dans une position totalement intenable où elle est la seule à dire qu’elle veut passer à l’acte. Alors que ces deux partenaires stratégiques ne sont pas prêts à le faire… Donc nous sommes en attente d’une décision qui est prise par d’autres pays, à savoir le Congrès des Etats-Unis. La souveraineté nationale a complètement disparu dans cette affaire. »

LVdlR. Michèle Alliot-Marie s’est déclarée favorable à l’isolement économique de Bachar a l-Assad pour remplacer les frappes. Elle a en fait rejoint la proposition de Martin Schultz, tête du Parlement Européen. Est-ce que vous croyez un tel scénario tangible ?

Pierre Rousselin. « Cela ne me paraît pas très efficace comme stratégie parce que je pense que si l’UE isole la Syrie c’est qui est déjà le cas, la Syrie a d’autres alliés qui lui apporteront une aide. Donc je ne pense pas que ce soit une politique très efficace. En revanche je pense qu’il faut trouver un accord diplomatique et que beaucoup de pays y compris l’Iran et la Russie sont opposés à l’usage d’armes chimiques. Il faut partir de ce point de commun pour trouver une solution sans espérer trouver la solution tout de suite. Il faut établir une procédure qui permette d’avancer vers une solution politique en Syrie. »

LVdlR. Dans votre blog en date du 6 septembre vous avez évoqué le G20 en disant que : « L'Europe fait étalage de sa vacuité. Vladimir Poutine règne sur « son » G20, institution dont la principale utilité est de montrer l'isolement stérile dans lequel s'enferment les démocraties occidentales. » D’après vous, le G20 ne peut profiter à résoudre le problème syrien ?

Pierre Rousselin. « Le G20 n’a pas du tout contribué à résoudre le problème syrien sauf qu’elle a manifesté une division avec, d’un côté, les Occidentaux, de l’autre côté, les autres pays… Et dans le camp occidental beaucoup de division aussi avec seulement les Etats-Unis et la France en position de pointe pour des frappes en Syrie. Donc je pense que cette fracture est très nette après le G20.»

Commentaires de la Rédaction. La Russie vient de proposer de mettre les armes chimiques syriennes sous le contrôle onusien. Cela ne sauve pas la mise aux Américains, bien sûr, qui perdraient sur tous les échiquiers : il faudra justifier les dépenses encourues par l’Arabie Saoudite qui, depuis 15 jours déjà, paie leur solde aux soldats de Washington devenant de ce fait des mercenaires du monde arabo-whahabitte ! Qui plus est, la débandade américaine ne serait pas sans provoquer la chute d’Obama avec une montée en flèche de Vladimir Poutine dont la cotation vaut maintenant celle des titres les plus précieux sur la Bourse politique internationale. La Chine, elle, s’en sortira également triomphante et l’opposition syrienne serait jugulée, car l’armée de Damas reprend progressivement la gestion du pays.

Les Etats-Unis ont l’air d’un dinosaure, stupide et agressif briguant les palmiers du Troisième Reich et cherchant à en découdre avec tous ses opposants à coups de bombes et missiles. Mais que peut-on donc attendre d’un pays qui a testé sa première bombe atomique sur une ville pacifique ? Cette ville s’appelait Hiroshima. T

 

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