L’évolution émancipatrice qui a permis à la société américaine de combattre bon nombre de ses préjugés, racisme y compris, laissait supposer logiquement que la discrimination des non-croyants appartient elle aussi au passé. Surtout quand on se réfère à l’atmosphère de tolérance absolue qui règne dans les grandes villes américaines telles que New-York, Chicago, Los-Angeles etc. Pourtant, selon une étude de Pew Research Center dont les résultats ont été cités par Le nouvel Observateur, seulement un quart des 5 pc des Américains qui se déclarent non-croyants osent se dire athées.
La tendance émancipatrice qui a permis à la société américaine de combattre bon nombre de ses préjugés, y compris le racisme, laissait supposer que la discrimination contre les non-croyants appartiendrait bientôt au passé. Surtout lorsque l’on constate l’atmosphère de tolérance absolue qui règne dans les grandes villes américaines telles que New-York, Chicago ou Los-Angeles. Pourtant, selon une étude du Pew Research Center citée par Le nouvel Observateur, seulement un quart des 5% d’Américains qui se déclarent non-croyants osent se dire athées.
Cette constatation inattendue a été confirmée par l’expérience d’une jeune Française de vingt ans, athée elle aussi, venue faire un stage de quelques mois dans un des états du Sud des Etats-Unis. Tout en soulignant qu’elle n’avait jamais été victime de discrimination religieuse, elle n’en avoue pas moins que ses collègues de travail, emplis de ferveur religieuse, attendait toujours un accord total de leur interlocuteur sur les questions de foi et ne supportait aucun commentaire, même neutre, à leur discours.
« De quelle droit me parlent-ils de leur foi sans me demander si je la partage ?, se demande la jeune Française. Mes collègues ne peuvent pas imaginer que je ne sois pas croyante. Dans un pays où Dieu est inscrit dans la Constitution, être athée est un tabou. Me voilà donc tiraillée entre l’envie de leur dire la vérité et la tentation de continuer de hocher la tête poliment. J’ai compris finalement que si je leur disais que j’étais athée, ils pourraient arrêter de me parler et m’éviter comme la peste».
La jeune fille a constaté par la suite que les Américains non-croyants préfèraient eux aussi cacher leurs convictions pour ne pas devenir victime d’ostracisme.
Cette situation contraste non seulement avec les idées reçues sur la tolérance de la société américaine, mais aussi et surtout avec ce qu’on observe en Europe dans ce domaine.
Nous avons questionné Hélène Richard-Favre, écrivaine suisse, qui nous a donné son opinion sur le phénomène décrit par la jeune Française.
LvdR : Madame Richard-Favre, que pensez-vous de ce que nous raconte la jeune stagiaire française ? Croyez-vous que des phénomènes semblables puissent exister en Europe ?
H.R-F : J’étais très surprise à la lecture de cet article de voir à quel point la foi s’impose de manière autoritaire aux Etats-Unis. Cette jeune fille précise aussi, ce qui est vrai, que dans ce pays Dieu est inscrit dans la Constitution. Je pense que la situation est très différente en France et la Suisse, avec des nuances entre les deux pays. En Suisse, nous avons deux églises, protestante et catholique, et je ne sais plus à quel degré l’une ou l’autre confession domine. En tout cas, c’est le principe de laïcité qui fait foi. Le genre de situation décrite par la jeune Française ne pourrait pas être reproduit en Suisse, dans ce contexte protestant-catholique. Par contre, j’aimerais préciser qu’il faut toujours se rappeler le cadre dans lequel se situe ce genre de débat. Si on se trouve dans un Etat religieux, ce genre de discussion prend toute une autre tournure que dans un Etat laïque comme la France.
Cela dit, il y a aussi en France des familles croyantes, et si vous avez affaire à une femme croyante dont l’autorité est forte, et que vous-même développez des idées qui vont à l’encontre de ses convictions, je ne sais pas ce qui peut vous arriver ! Je crois donc que chaque situation doit être décrite dans son contexte. /C
