Les droits de l’homme au service des intérêts géopolitiques

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La Convention européenne sur la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales est entrée en vigueur il y a 60 ans, le 3 septembre 1953. Ce document important reflétait les nouvelles réalités d’après la Seconde guerre mondiale et avait pour objectif d’assurer la protection des droits de l’homme et d’élaborer un mécanisme universel de droit international. Or, ces dernières années, la question des droits de l’homme sert de plus en plus de prétexte pour déchaîner des conflits armés et des guerres d’envergure.

La notion d’« intervention humanitaire », utilisée à tout venant lors des deux dernières décennies, est aussi éloquente que très vague sur le plan du droit international. Elle sous-entend une ingérence extérieure dans un conflit intra étatique, en vue de protéger les droits de l’homme. Il s’agit par exemple de l’ingérence armée de l’OTAN en Bosnie-Herzégovine en 1994–1995, en Yougoslavie en 1999, en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003. La situation fut similaire en Libye en 2011 et ce scénario se répète actuellement en Syrie.

La Charte de l’ONU réserve à la communauté internationale le droit d’entreprendre des opérations armées en cas de menace pour la paix, de violation de la paix ou d’acte d’agression (article 39). Dans ces cas-là, le Conseil de Sécurité de l’ONU peut autoriser une opération internationale armée sous le commandement du Comité d’Etat-major de l’ONU, et non pas sous celui de l’OTAN ou toute autre alliance militaro-politique (article 46). L’opération de l’OTAN contre la Yougoslavie en 1999 a été conçue non pas tant pour séparer les parties au conflit au Kosovo que pour stationner dans cette région serbe des troupes de l’Atlantique-Nord, assurer par la suite l’indépendance du Kosovo et remplacer le régime au pouvoir à Belgrade.

Aujourd’hui, l’Occident envisage des scénarios analogues en Syrie, tout en invoquant d’autres arguments. Les pays occidentaux projettent une intervention sans attendre les résultats de l’enquête des experts de l’ONU. Nikolaï Kavechnikov, chef de la chaire d’intégration européenne à l’Institut des relations internationales du ministère des Affaires étrangères russe, commente :

« Les motifs normatifs, comme l’aspiration sincère à élargir l’espace démocratique, et les motifs concrets, liés aux intérêts économiques internationaux, à la sécurité, etc., s’entremêlent dans la politique occidentale. L’Arabie saoudite qui se place comme avant-poste de la démocratie, c’est plus triste que ridicule. Mais l’Arabie saoudite est un partenaire et un client fiable des Etats-Unis.

Moscou exhorte aujourd’hui l’Occident à « atténuer les passions » concernant la Syrie, et à s’abstenir de toute ingérence dans la confrontation armée qui secoue le pays, même par des bombardements « à la yougoslave ». Le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, estime « peu convaincantes » les preuves présentées par Washington à Moscou sur l’emploi d’armes chimiques en Syrie.

Toutes les régions d’« ingérence humanitaire » de l’Occident revêtent des intérêts géopolitiques. L’Occident y maintient sa présence militaire qui n’est pas limitée par l’ONU. Tout porte à croire qu’un tel scénario est envisagé pour la Syrie, et ce indépendamment des résultas de la mission onusienne. /C

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