Les admirateurs de l’œuvre de Marie Bashkirtseff fêtent ses 155 ans (Part 2)

Les admirateurs de l’œuvre de Marie Bashkirtseff fêtent ses 155 ans (Part 2)
S'abonner
La personnalité de Marie Bashkirtseff suscite de plus en plus d’intérêt auprès de nos contemporains. En Ukraine et en Russie on ne découvre des œuvres remarquables de cette femme douée qu’aujourd’hui car à l’époque soviétique son nom a été mis à l’indexe. Marie ne pouvait pas servir d’idéal pour les femmes soviétiques. Elle était très individualiste et même égoïste parfois et ce qui était plus grave c’est qu’elle appartenait à la bourgeoisie.

Marie possédait de multiples talents : elle chantait (elle avait une très belle voix), elle était une artiste peintre merveilleuse (à propos, c’était le premier peintre russe dont les tableaux se trouvaient au Louvre), enfin elle a rédigé le journal qui est réputé pour être un étalon de ce genre littéraire. En Europe, les admirateurs de l’œuvre de Marie ont constitué le Cercle des Amis de Marie Bashkirtseff. En Russie et en Ukraine, c’est la fondation « La Renaissance de la mémoire de Marie Bashkirtseff » qui a pour but d’immortaliser la mémoire de Marie née dans l’Empire russe mais devenue célèbre en France. Une des premières découvertes de la fondation a été le document confirmant l’année de la naissance de Marie. Cette trouvaille a été faite par Tatiana Shvets, directrice de la fondation, qui s’est rendu à Saint-Pétersbourg pour fouiller dans les Archives d’Etat. Auparavant il existait des doutes sur l’année de la naissance de Marie : on disait qu’elle était morte à 24 ans. Maintenant on est sûr qu’elle est morte à 26 ans. En outre, la fondation fait des copies des peintures de Marie car des tableaux authentiques se trouvent dans des grands musées européens. En effet, l’activité de la fondation est multiforme. Pour commémorer 155 ans de la naissance de Marie Bashkirtseff, par exemple, elle organise une grande conférence. Nous nous sommes adressés à Tatiana Tchougounova, maître de la traduction littéraire, traducteur du Journal de Marie et membre de la fondation « La Renaissance de la mémoire de Marie Bashkirtseff », pour mieux comprendre l’activité de la fondation.

 

LVdlR : Tatiana, pourriez-vous nous parler de la fondation « La Renaissance de la mémoire de Marie Bashkirtseff » ? Quand tout a commencé ?

Tatiana Tchougounova : Tout a commencé en Ukraine et en Russie. Petit à petit, pas à pas, après quelques manifestations et surtout après le premier colloque en 2008 le cercle de spécialistes de l’œuvre de Marie s’est agrandi et maintenant les experts des USA, de la France, de l’Argentine sont en contact permanent et échangent leurs découvertes. Et la Fondation « La Renaissance de la mémoire de Marie Bashkirtseff » existe et fait tout son possible pour immortaliser la mémoire de Marie. La fondation a été créée en 2008 à la veille de l’anniversaire de 150 ans de la naissance de Marie. Pour commémorer cette date nous avons organisé un colloque qui s’est tenu en Ukraine. C’était la première manifestation sérieuse dans la patrie de Marie car c’est là, en Ukraine, que le nom de Marie avait été complètement oublié, à la différence de la France où Marie a passé la plus grande partie de sa vie et où elle n’a jamais été oubliée. Maintenant notre but principal est de créer le musée de Marie Bashkirtseff dans sa patrie. Nous cherchons donc des objets de l’intérieur de l’époque, des objets authentiques et tout ce qui appartenait à Marie.

LVdlR : Mais avez-vous déjà avancé dans votre travail, dans vos recherches pour le futur musée?

Tatiana Tchougounova : Ah oui. Nous avons édité beaucoup de livres. Par exemple, deux éditions du livre de Colette Cosnier « Marie Bashkirtseff : Un portrait sans retouches» qui est, en fait, la meilleure œuvre sur Marie, deux romans d’Albéric Cahuet, écrivain du début du XXème siècle oublié en France mais appartenant à l’époque à une pléiade brillante des écrivains européens. Puis nous avons édité l’album « L’élue du destin » dans lequel sont réunies pour la première fois toutes les reproductions de ses toiles, dessins, sculptures depuis les toutes premières ébauches et celles qui se trouvent dans les plus grands musées du monde : le Louvre, le Musée Russe, le Musée d’Orsay, le Petit Palais. Ce qui est aussi précieux ce sont les actes du premier colloque. Ces documents seront importants pour notre futur musée puisque ce sont des études des spécialistes et pas des amateurs, ce sera une base pour les excursions. Nous avons trouvé également déjà quelques pièces pour le musée : par exemple, l’encrier authentique de Marie, ses souliers, ses livres, les éditions de l’époque, des tableaux originaux comme, par exemple, le premier tableau de Marie « La question du divorce » que nous avons acheté cette année à Sotheby’s.

LVdlR : Cela doit être pas facile de trouver des documents, des objets personnels de Marie… Les autorités françaises, vous aident-elles dans ce travail?

Tatiana Tchougounova : Certes, nous avons reçu beaucoup d’aide de la part des Français qu’on voudrait remercier maintenant. D’abord, nous voudrions remercier M. Bruno Racine, directeur de la Bibliothèque Nationale de France pour la permission de filmer un sujet à la Bibliothèque, au département des manuscrits où se trouvent les Cahiers de Marie. On remercie les dirigeants du Musée d’Orsay, du Petit Palais et l’ancien directeur du Musée Jules Chéret de Nice, Madame Débrabandère. Nous remercions aussi les fondateurs de l’association des Amis de Marie Bashkirtseff, le couple Apostoleskou qui ont édité le texte intégral du Journal de Marie et qui visitaient le tombeau de Marie. Mais en même temps, il y a un très grand problème qu’il est fort difficile de résoudre. Au cimetière de Passy se trouve la chapelle de Marie créée par l’architecte Emile Bastien-Lepage, frère de Jules Bastien-Lepage, grand ami et maître de Marie. En 2014, ça fera 130 ans que cette chapelle domine le cimetière. C’est un vrai petit musée dans lequel se trouve le dernier tableau de Marie « Les saintes femmes», il y a de même des objets personnels, son prie-Dieu, son fauteuil, sa palette et les photos. Il est urgent de restaurer la chapelle. Nous nous sommes adressés plusieurs fois à la Mairie de Paris, aux Espaces vertes, à l’administration du cimetière et même au Ministère de la culture, personnellement à M. Mitterrand. Mais chaque fois on nous répond que c’est une propriété privée. En effet, nous ne prétendons à rien. Nous ne voulons qu’aider à conserver la chapelle. Pas s’approprier, je souligne. Il est très urgent de trouver ses propriétaires mais personne ne peut nous les nommer. Au cas où on le trouve, on pourrait organiser la collecte des moyens parce qu’il faut sauver le Mausolée de Marie !

LVdlR : Mi-septembre vous aller organiser le deuxième colloque consacré à Marie Bashkirtseff, pourriez-vous nous donner plus de détails sur cet événement ?

Tatiana Tchougounova : Oui, bien sûr. Le deuxième colloque se tiendra le 12-14 septembre 2013. Ce sera un colloque international. Et c’est de nouveau à Poltava qu’on se rencontre. Le premier colloque en 2008 a suscité un grand nombre de répliques et de requêtes. La liste de participants est donc très représentative : il y aura des professeurs des Université de Paris et de Nantes, des docteurs ès arts, des littérateurs et des écrivains du monde entier, beaucoup de journalistes y compris ceux de New-York, des membres du «Cercle des amis de Marie Bashkirtseff ». Le programme de la conférence est très chargé : à part le colloque même, il y aura un large programme culturel. On visitera les musées et les propriétés des grands personnages ukrainiens : des princes Kotchoubeï, de Nikolaï Gogol. Nous avons préparé des souvenirs très originaux, je pense, comme celui, par exemple, de la statuette du buste de René de Saint-Marceaux, c’est la copie diminuée qui représente Marie. On aura la possibilité de voir le documentaire sur Marie réalisé par Anna Chichko. Le film raconte l’histoire de Marie à travers des découvertes étonnantes faites lors des dernières années.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала