Seule une analyse génétique permettra de définir à laquelle des deux espèces existantes – le morse de l’Atlantique ou celui du Pacifique - se rattachent ces animaux. Il s'agit probablement d'une nouvelle variété. Les résultats de l'étude seront publiés dans quelques mois.
La mer des Laptev est une des régions les plus éloignées de l'Arctique. Elle est située à égale distance du Pacifique et de l’Atlantique. De plus, les biologistes ne savent pas encore si les morses de la mer des Laptev se rapportent à une troisième espèce ou s’ils appartiennent à l’une des deux espèces existantes. Pendant l'expédition dans la mer des Laptev, les chercheurs ont étudié l’habitat des morses, leur comportement et ont évalué leur nombre.
Selon les premières conclusions des chercheurs, par leur comportement les morses de la mer des Laptev ressemblent plus à l'espèce atlantique. En même temps, ils rappellent extérieurement ceux du Pacifique, explique Anatoly Kotchnev, chef du laboratoire d’étude des mammifères marins du Centre de recherche du Pacifique.
« Le morse de l’Atlantique, qui habite au Canada et sur la Terre de François-Joseph, préfère le rivage, alors que la glace est le domaine de prédilection du morse du Pacifique, qui vit dans la mer des Tchouktches. Ils craignent plus le rivage et sortent rarement. Quant au morse de la mer des Laptev, il a choisi le rivage. Et ce comportement le rapproche des morses atlantiques. Bien que génétiquement, on suppose qu’il est voisin de celui du Pacifique. Il semble que les morses atlantiques et ceux de la mer des Laptev soient plus agressifs, en particulier envers l'ours blanc. J’ai vu pendant le tournage un morse femelle poursuivre un ours blanc. En Tchoukotka, il est impossible de se représenter un tel comportement. Si un ours blanc apparaît, les morses plongent dans l'eau à la hâte. Leur psychologie est différente. »
Au cours de l'expédition, les chercheurs ont réussi à obtenir trois dizaines d’échantillons de tissus de morses à l'aide d’arbalètes et de flèches avec un embout spécial. Les fragments de peau et de graisse étaient placés dans des éprouvettes avec une substance spéciale qui met en valeur l'ADN. Dans les jours qui viennent, les échantillons seront envoyés dans des instituts de recherches - russe et norvégien - pour une analyse génétique.
Les résultats influenceront le statut de ces animaux. La chasse au morse du Pacifique n’est pas interdite, alors que le morse de l’Atlantique figure dans le Livre Rouge. Aussi, les écologistes peuvent-ils proposer d'élargir les territoires spécialement protégés du côté de la mer des Laptev pour préserver l’intégrité de l’habitat des animaux, dit Igor Tchestine, directeur du Fonds Universel de la nature sauvage WWF de Russie.
« Dans la mer des Laptev, comme dans d'autres parties de l'Arctique, on met en valeur et on développe activement ce territoire, y compris dans le domaine de l’extraction des hydrocarbures. Par ailleurs, les connaissances biologiques de la mer des Laptev sont insuffisantes. La plus grande partie des ouvrages sont descriptifs et datent de plusieurs décennies, de l’époque de la première mise en valeur de l'Arctique. »
Le portrait génétique du morse de la mer des Laptev sera prêt pour le printemps de 2014. Actuellement, selon les chercheurs, leur population est de 2-3 milliers d’individus. T
