Les fugues des banquiers venus du froid

Les fugues des banquiers venus du froid
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Les banquiers russes et, à titre général, de la CEI, se plaisent à faire des fugues en direction de l’Europe Occidentale. A chaque fois que je feuillette les journaux et magazines dans le vent, je découvre un ou deux noms des biens connus et illustres des financiers de haut vol, ayant l’habitude de fréquenter le Kremlin et battre le pavé en plein centre de Moscou, qui ont « choisi la liberté ».

De façon un peu moins élevée et plus prosaïque, cela s’appelle « se casser avec le pognon mis de côté ». Le plus fâcheux dans ses habitudes c’est la morgue et la superbe avec laquelle, une fois réfugiés sur les rivages fleuris de la Seine, ces hurluberlus se mettent à traiter leurs concitoyens.

Prenons 2 destinées des plus connues. Un banquier kazakh, ex-Président du Conseil d’administration d’une banque appelée BTA, qui se fit interpeller à Aix-en-Provence et dont le nom n’est pas facile à retenir pour l’oreille française – Moukhtar Abliazov. Il est toujours en garde à vue dans la bonne ville du roi René. Sa tête est réclamée à la fois par le Kazakhstan, l’Ukraine et la Russie. Lui, il se la coulait douce du côté de Cannes. Son extradition serait peut-être possible en direction de la Russie qui a passé un accord dans ce domaine avec la France. Un autre personnage, ancien recteur d’une Ecole de Commerce à Moscou, a pris la poudre d’escampette pour se retrouver en France où il se fait gracieusement interviewer par une donzelle-journaliste pour le compte d’un magazine d’affaires russe. Ledit financier nous fait majestueusement part de son expérience au service de la Mère-Russie sans oublier de faire valoir que Moscou aurait encore besoin de ses compétences, mais que la conjoncture ne se prête guère à sa présence sur le sol natal. J’avais beau m’interroger comment fait-il pour se sustenter en France ou vit-il aux frais de la princesses, c’est-à-dire des contribuables français ? Accaparée par les socialistes, la Cinquième République n’a rien perdu de ses habitudes d’être la terre d’asile pour les persécutés de l’Est. Seulement j’ai de plus en plus l’impression de dépotoir dans lequel se transforme l’Europe occidentale. Les soi-disant intellectuels d’acabit de Bérézovski, un sous-fifre de l’équipe eltsinienne, n’ont pas fui la douce Russie pour une raison politique ou économique. Si Depardieu a expliqué, noir sur blanc, qu’il étouffait dans un pays où on lui extirpait plus de 140 Millions d’euros d’impôts tout en le traitant de « mauvais Français », si un autre milliardaire a pris le large pour se mettre à l’abri des poursuites fiscales, tous ces gens-là n’en sont pas moins des citoyens bien honnêtes et sans dette aucune qui ne veulent tout juste pas vivre dans un pays qui ne leur convient pas.

Les banquiers russes qui choisissent plutôt la perfide Albion que la France sont d’une autre nichée. La coutume veut qu’ils commencent leur carrière au sein de l’Administration où ils ramassent un beau butin qu’ils cherchent ensuite à placer en rente ou autrement en Europe de l’Ouest pour faire valoir leurs acquis. Ils cherchent également à élever leurs enfants à l’Ouest pour qu’ils puissent après leur confier la gestion des capitaux. Quoi de plus banal dans l’histoire des fonds détournés ? Mais ce qui me dépasse parfaitement c’est la lecture qu’en font certains gouvernements et, parfois, le gouvernement français.

Traiter de réfugié politique un criminel de droit commun qui a volé ses concitoyens ne fait que rabaisser l’image du pays d’accueil. Accueillir les capitaux d’un quidam pour répondre aux questions de l’Interpol ne paie plus. Le temps où le monde était scindé en deux et que l’on pouvait retourner tranquillement sa veste pour aller se promener sur les Champs sans risquer de se faire coincer par les flics internationaux, ce beau temps est bel et bien révolu. Pourvu que les politiciens occidentaux le comprennent à moins que cette opération ne soit lucrative.

J’entends par là que l’Occident nourrit le mythe d’une terre d’asile pour que les gens de la pègre pensent qu’ils peuvent réaliser un beau placement en important leur argent de la Russie en direction de l’Europe. Mais ce n’est que la première phase d’opération. Après les mafieux investissent dans l’immobilier ou le secteur réel comme l’achat d’une usine de voitures de luxe ou autres. Et ce n’est qu’à ce moment-là que le fisc français intervient et se met à étudier le dossier d’un homme d’affaires pourri en lui posant les questions sur l’origine de ses capitaux. Malheur à lui s’il ne peut montrer patte blanche. Il ne sera peut-être pas écroué mais passera forcément par la confiscation. Du coup, l’Etat français et les banques où se trouvent les comptes bloqués s’en sortent enrichis et le milieu d‘affaires purgé. Je pourrais applaudir la manœuvre n’étaient certains effets collatéraux qui nuisent à la France.

En premier lieu, la brigade criminelle n’arrive pas à mettre la main sur tous les délits financiers liés avec l’exportation des capitaux. Ensuite les criminels en question ont une famille, des enfants qui, eux, ne tombent pas sous le mandat et peuvent très bien continuer de vivre en France sans se soucier de quoi que ce soit. Ensuite cette politique de l’argent sale recyclé nuit à la Russie qui ne peut colmater les fuites tant qu’il n’y aura pas de répondant de l’autre côté de la barrière. D’un certain point de vue, si les voleurs s’en vont, le pays ne s’en porterait que fort bien mais ça, ce serait regarder le monde par les yeux d’un Russe. J’ai aussi la vision française qui m’oblige à tirer la sonnette d’alarme. Non seulement l’Europe se plaît à ouvrir les bras à des tribus entières des peuples caucasiens qui envahissent la Côte d’Azur, mais qui plus est, la même Europe se transforme en havre de paix pour les bandits chanceux. Cela ne donnerait-il pas un effet négatif à un pays déjà en situation fragilisée et un peu à la dérive ?

Il est grand temps de comprendre que l’intérêt de la France est ailleurs : le pays pourrait très bien poursuivre le régime d’échange technologique qui a permis de mettre en chantier deux Mistrals à destination de la Russie ou encore construire un programme en commun de l’exploration de l’espace sans parler du secteur aéronautique. Cela représenterait un marché de travail et des revenus autrement plus alléchants que quelques sous rognés par les financiers malhonnêtes réfugiés en France.

 

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