Des surprises du salon international du chapeau « Chapeau-2013 »

Des surprises du salon international du chapeau « Chapeau-2013 »
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Cette semaine à Moscou s’est ouvert un immense salon international du chapeau qui s’appelle à la française « Chapeau-2013 ». L’exposition qui est à la fois un marché où l’on peut s’acheter non seulement des chapeaux de toute sorte mais aussi des accessoires, des produits de base et même du matériel se tient pour la onzième fois déjà. L’abondance des pièces de fourrure frappe l’imagination. Evidemment, les Russes se préparent à l’hiver qui ne va pas tarder, malheureusement.

Les visiteurs du salon ont également la possibilité d’assister aux ateliers que proposent des célèbres designers russes et parfois étrangers. J’ai eu la chance de visiter le workshop de la Française Julie Mares qui est une excellente spécialiste en broderie et chapellerie. Elle est vraiment orfèvre en la matière ! Julie a essayé de transmettre ses connaissances en très bon russe aux femmes qui sont venues l’écouter. Pourquoi Julie Mares parle russe et en quoi consiste son métier, elle nous a raconté dans une interview.

LVdlR: Julie, comment ça se fait que vous parlez très bien le russe ?

Julie Mares : Je l’apprends. J’ai toujours aimé cette langue, c’est ma langue préférée. J’adore cette langue, cette culture. Quand j’ai été à l’école, je n’avais pas le choix, c’était l’anglais. Dès que j’ai pu, j’ai acheté des manuels et j’ai commencé toute seule.

LVdlR: Vous habitez la France ?

Julie Mares : Oui, j’habite la France, j’habite Lyon.

LVdlR: D’accord. Et là-bas avez-vous un atelier ?

Julie Mares : Comme je fais à la fois des chapeaux et de la broderie, tout ce qui est broderie, je le fais chez moi à mon domicile. C’est vrai que pour les chapeaux j’ai une partie du matériel à la maison. Mais pour ne pas acheter tous les moules j’ai la possibilité d’aller dans un atelier à Lyon. En fait, c’est un atelier où toutes les modistes diplômées peuvent s’inscrire, là-bas on peut bénéficier de plus de matériel. Donc je travaille 70 % à la maison et les 30 % dans cet atelier quand j’ai une commande, par exemple, avec une forme que je ne veux pas acheter pour un seul chapeau. Je vais directement dans cet atelier.

LVdlR: c’est de la haute couture ce que vous faites ?

Julie Mares : Je n’ai pas le label mais je fais tout à un niveau haute couture. J’ai appris toutes les techniques les plus rares, les plus chers et je fais tout à la main. En fait, comme je brode mes chapeaux, je peux arriver jusqu’à 500 heures de travail sur un chapeau. Je suis diplômée en vêtements homme et femme sur mesure, puis en chapellerie et, pour finir, en broderie, j’ai fait l’Ecole Lesage à Paris.

LVdlR: ça doit coûter cher ce que votre production…

Julie Mares : Le plus cher à la base c’est la broderie. Même au niveau du matériel c’est très cher. C’est du luxe. Donc forcément il n’y a pas que la main-d’œuvre qui est cher.

LVdlR: Quelles techniques utilisez-vous ?

Julie Mares : Pour la broderie haute couture. Dans cette broderie-là on retrouve les différentes broderies : de la broderie traditionnelle, de la broderie perle-paillette, avec du ruban, des cordons. On mélange des différentes techniques pour avoir la broderie la plus riche possible. Pour la chapellerie, je sais tout faire : j’ai appris la paille, le feutre mais moi je me suis après spécialisée en la toile tendue. La toile tendue est une technique qu’utilise beaucoup Philip Treacy dans sa maison de haute couture. On utilise la forme en bois comme pour un feutre ou pour la paille. Après on moule une première toile technique. Sur cette toile là on va ajouter notre tissu. C’est des chapeaux qui ont l’apparence des chapeaux en tissu mais ça n’a rien à voir avec un bob qu’on peut coudre. On ne passe absolument pas le chapeau sous la machine. Il n’y a pas de couture comme pour un vêtement. Tout est appliqué ajouté dessus et c’est tout des petits points à la main qui sont fait le plus discret possible.

LVdlR: Qui sont vos clients ?

Julie Mares : Comme j’ai voulu me libérer des maisons de haute couture parce que quand j’ai fini ma formation en broderie ils m’ont proposé de travailler pour eux. Mais c’était à Paris. Et moi je voulais changer, expérimenter, je voulais avoir la chance de faire quelque chose à l’international, j’ai décidé de ne pas travailler sur Paris pour le moment. Donc là je fais des salons en France comme ici où je vends. Et puis je fais des commandes pour les gens. Surtout comme je suis sur Lyon, c’est surtout pour des mariages. Mais c’est de la commande des particuliers.

LVdlR :Et comment ça se fait que vous êtes aujourd’hui ici en Russie ?

Julie Mares : C’est une sacrée aventure. Ça remonte en 2006 quand j’avais une première exposition de vêtements femme à Paris inspirée de la Russie. J’ai rencontré des gens de la délégation commerciale qui était venue. Je crois que c’est 4 ou 5 ans après les gens de cette même délégation m’ont invité à un événement consacré à la mode russe à Paris. C’est comme ça que j’ai rencontré les différentes modistes de Russie et c’est comme ça que je suis arrivée ici sur le salon du chapeau à Moscou.

LVdlR :Les Russes aiment beaucoup la fourrure. Est-ce que vous faites des chapeaux de fourrure ?

Julie Mares : Non, je ne fait pas des chapeaux de fourrure. Moi j’utilise la fourrure en broderie. Je brode sur de la fourrure et je l’utilise comme élément de la broderie.

LVdlR :Mais avez-vous déjà des clients russe ?

Julie Mares : Non, je suis venue faire le salon. Je n’ai pas de clients russes pour le moment. La seule fois où je travaillais pour les Russes c’est quand j’ai travaillé pour une entreprise sur Lyon qui faisait des salons. Ils avaient beaucoup de clients russes.

LVdlR: Vous avez dit au début de l’atelier que vous ne voyez pas ce que vous faites mais vous le sentez. C’est comment ?

Julie Mares : Je le sens, oui. Comme je travaille sur l’envers du tissu, on peut voir quand il est transparent, on peut avoir une idée. Mais quand je brode de la soie sauvage, je sens. En fait, comme c’est un mouvement très répétitif que je fais depuis des années, je ne réfléchis pas. Au début quand je fais trois premiers centimètres, je retourne mon travail pour voir si la dimension de mon point correspond à la dimension de ma perle ou de ma paillette. Une fois que j’ai la dimension du point dans la tète, c’est parti.

LVdlR: Depuis combien d’années travaillez-vous ?

Julie Mares : J’ai commencé la couture il y a 12 ans. Mais ça fait 5 ans que je me suis spécialisé dans la broderie et chapellerie.

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