Le printemps de Prague a pris fin en été

© Photo : cs.wikipedia.orgLe printemps de Prague a pris fin en été
Le printemps de Prague a pris fin en été - Sputnik Afrique
S'abonner
A leur réunion à Moscou le 18 août 1968 les dirigeants des pays du Traité de Varsovie ont approuvé l’intervention en Tchécoslovaquie. En réalité, ils n’ont fait qu’estampiller la décision prise deux jours avant par le Bureau politique du Comité central du Parti communiste de l’Union Soviétique. Dans la nuit du 20 au 21 août les troupes de l’URSS, Pologne, RDA, Hongrie et de Bulgarie ont franchi de quatre directions dans 20 points la frontière tchécoslovaque. C’est ainsi qu’a commencé l’opération « Danube » pour contraindre les Tchèques et les Slovaques à arrêter les réformes démocratiques.

Lubos Dobrovsky, ancien ambassadeur de la République Tchèque et participant actif à la « révolution de velours » de 1989, comment voit-il aujourd’hui les événements d’il y a 45 ans ?

Au moment de l’occupation je travaillais à Moscou comme envoyé spécial de la radio de Tchécoslovaquie. Et bien entendu, sur le plan émotionnel, j’étais engagé dans ces événements. Je prévoyais une variante musclée, car à la frontière de Tchécoslovaquie le groupe unifié menait de longs exercices militaires. Tous nous vivions d’illusions et d’espoirs. La société croyait naïvement que les dirigeants réformateurs du parti communiste sauraient affaiblir le système totalitaire, le rénover, qu’on le leur permettrait. Les gens ne prenaient tout simplement pas en considération la réaction de la direction de l’URSS et du nombre d’autres régimes communistes à la tendance réformatrice en Tchécoslovaquie. Si elle se poursuivait, elle aurait pu facilement s’étendre à tout le camp dit socialiste, ce que les dirigeants de ces pays craignaient au plus haut point.

Les événements historiques peuvent être vus différemment : de façon scientifique, les documents à l’appui ou bien dans un esprit tragicomique, suivant ces paroles : « L’humanité se sépare de son passé en riant ». Le réalisateur Jacek Glomb de la ville polonaise de Legnica a tourné un long métrage « Opération Danube », dans lequel il a donné sa vision à lui des événements d’août 1968.

En Pologne on n’aime pas se rappeler ces événements là de 1968, on a honte et on cherche à oublier. Car nous, les Polonais, n’aimons pas parler de nous-mêmes comme de méchants gars, nous adorons l’image d’héros ! Néanmoins, l’opération « Danube » fait partie de l’histoire polonaise. Pour cette raison j’ai décidé de tourner un film sur les événements d’août 1968. Je dois remarquer que l’idéologie proprement dite ne m’intéressait jamais. Ce qui me plaît, c’est le savoir des Tchèques de prendre leur histoire avec ironie, sans pathos. Le film a été tourné en 2009 avec des collègues tchèques. On sait qu’en ces jours dramatiques les Tchèques inversaient partout où c’était possible la direction de leurs signaux et panneaux routiers, afin de brouiller les plans des étrangers. Et bien, l’équipage d’un char polonais s’est ainsi égaré. Nos soldats et la population tchèque locale étaient condamnés à communiquer les uns avec les autres, et cela a donné lieu à nombre d’anecdotes : absurdes, émouvantes, drôles…

C’est ainsi que nos interlocuteurs, gens de pays et de métiers différents, ont vu les événements d’il y a 45 ans.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала