Pouchkine : poète et institut

Pouchkine : poète et institut
S'abonner
L'Institut Goethe ou encore l’Institut français ont pour mission principale de promouvoir l'apprentissage de la langue de leur pays, d'encourager le rayonnement de la culture et de favoriser la coopération culturelle internationale. Cours et ateliers pour enseignants, expositions de photos, concerts de musique… Le gouvernement russe s’est lui aussi attelé à la création réseau de centres culturels baptisés « Instituts Pouchkine ».

Très prochainement les premiers instituts fonctionnant sous l’égide d’un Conseil national de la langue russe seront ouverts dans les pays de la CEI, la majorité des pays de l’Union Européenne, les États-Unis, la Chine, le Japon et le Moyen-Orient. Tous ceux qui le souhaitent pourront s’y inscrire pour apprendre la langue et se familiariser avec la culture du pays de Pouchkine. Pourtant il existe déjà des centres culturels russes. Pourquoi ce nouveau projet ? Ne s’agit-il pas de changer simplement l’enseigne ? Apparemment non, car les Instituts Pouchkine seront des centres d’apprentissage de langue. Ces futures écoles seront soit créées, soit formées sur la base de centres existants. Paris, par exemple, possédera un Institut Pouchkine dès qu’un site approprié sera trouvé, ce qui est tout à fait justifié étant donné qu’en 2013 les cours de russes dispensés par le centre culturel ont accueilli, tous niveaux confondus, plus de 800 apprenants.

Derrière ce nouveau projet, il y a le programme de promotion du russe élaboré sous la direction d’Olga Golodets, vice-Premier ministre du gouvernement de Russie. Pour l’année en cours, le budget national débloque à ces fins 1,5 milliard de roubles, soit 37,5 millions d’euros, une somme encore modeste et ne répondant pas à l’ampleur des tâches à résoudre. En effet, les statistiques indiquent une baisse de 50 millions de russophones dans le monde au cours de ces dernières années. Les Instituts Pouchkine doivent parer à cette tendance fâcheuse. Pour les années à venir les chiffres de leur financement ne sont pas encore arrêtés, mais ils devraient être revus à la hausse. On s’est rendu compte en Russie qu’il existe une nette correspondance entre le nombre des russisants dans le monde et l’image internationale du pays. Du temps de l’URSS, qui formait de très nombreux spécialistes pour l’étranger, le bénéfice des programmes d’apprentissage et de formation était évident – les promus des écoles russes même s’ils n’étaient pas toujours d’accord avec le régime, gardaient quant même et gardent encore, une attitude positive à l’égard de la Russie et des Russes, leur culture, leur histoire, leur mentalité. C’est pour cela que le nouveau projet s’inscrit dans le concept de soft power de la diplomatie russe, c'est-à-dire l’amélioration des positions du pays sur l’arène internationale par la promotion des valeurs sûres en culture, science, technologie. Cela d’autant que la Russie a, sur ce terrain, des partenaires actifs sur place. Le cas des enseignants de russe est le plus éloquent. Un exemple. Il y a quelque semaines une pétition a été lancée sur le Net contre la suppression du russe LV3 au Lycée Cassin de Bayonne dans les Pyrénées Atlantiques. « Cette suppression sonne le glas de l’enseignement du russe sur la Côte Basque, alors que notre région a toujours eu des liens privilégiés avec la Russie », déclarait l’organisatrice de l’action, une mère d’élève. La pétition signée a été envoyée au Recteur d’Académie de Bordeaux. Résultat : sous la pression de l’opinion le Rectorat a cédé et l’enseignement du russe à Bayonne a été maintenu. Or, des contacts intenses et diversifiés entre les Instituts Pouchkine et les enseignants locaux devraient aussi contribuer à améliorer la situation de la langue de Pouchkine à l’étranger, notamment en France.

Mais pourquoi le programme porte-t-il le nom de Pouchkine ? Pourquoi a-t-on choisi ce poète pour symboliser le projet ? Les Russes vous diront que Pouchkine c’est le symbole de la langue russe, réformateur de l’idiome littéraire. Au début du XIXe siècle il a fait pour le russe autant que Malherbe Molière pour le français quelques siècles plus tôt. Une autre raison est que l’Institut Pouchkine situé à Moscou est depuis plusieurs décennies le centre scientifique et méthodologique du russe langue étrangère. Au sein du nouveau programme cet établissement d’enseignement mondialement connu est chargé de préparer la documentation nécessaire pour l’ensemble du réseau et faire office de cerveau du projet. Enfin, « Institut Pouchkine », cela sonne nettement mieux qu’un « centre culturel » ou « centre d’apprentissage » tout court. Le nom a sa magie et celui d’un grand homme encore plus.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала