Voici ce qu’il a dit aux journalistes au soir du 12 aout : « Je suis allé le voir (Ibrahim Boubacar Keïta) pour le féliciter et lui souhaiter bonne chance pour le Mali ». C’est donc Ibrahim Boubacar Keïta, ancien premier ministre, 63 ans, homme politique avec beaucoup d’expérience, appelé IBK dans son pays, qui est devenu le nouveau président du Mali. Est-ce que cette déclaration de Sumaïla Cissé se déclarant vaincu a eu pour l’effet de baisser les tensions qu’avait connues la société malienne dans l’attente de la proclamation des résultats ? Notre correspondant Igor Yazon a joint au téléphone à Bamako l’ambassadeur russe au Mali Alexey Doulian pour lui poser cette question.
« Oui, je pense que la situation au pays en gagnera. Parce qu’après 18 mois de crise il fallait bien apaiser les passions, calmer ses ambitions et se mettre au travail pour venir au bout de la crise ce qui demandera la mobilisation de toute la classe politique du pays. Les leaders de celle-ci en sont conscients. Quant à la démarche de Sumaïla Cissé, elle répond justement aux exigences de la réconciliation nationale. »
Selon M. Doulian, le premier et le second tours des élections se sont déroulés dans le calme relatif ce qui est confirmé par presque 500 observateurs étrangers et plus de 2 000 observateurs nationaux qui avaient travaillé dans quelques 21 000 bureaux de vote sur tout le territoire malien y compris au nord du pays. Il n’y a pas longtemps, ce territoire était contrôlé par les djihadistes. Les observateurs ont noté une forte participation des électeurs au premier tour ce qu’on avait jamais observé auparavant. Plus de 53% de Maliens inscrits sur la liste électoraux, ont participé au vote, au pays et à l’étranger, pour donner leurs voix à un des 27 candidats. Déjà au premier tour Ibrahim Boubacar Keïta a récolté presque 40% des voix, soit deux fois plus que son principal adversaire Sumaïla Cissé. Ce soutien des électeurs semblait lui assurer le succès au second tour ce qui explique la faible participation des électeurs. De fortes pluies le jour du scrutin à Bamako et dans d’autres villes de la région y ont également pour beaucoup. « Les Maliens attendent maintenant des nouveaux pouvoirs qu’ils retroussent les manches et proposent une solution aux problèmes urgents à traiter que connaît actuellement le pays, poursuit l’ambassadeur russe. Conformément à l’accord signé à Ouagadougou au Burkina-Faso les nouvelles autorités maliennes légitimement élues – le président et le gouvernement qu’il formera – devront entamer les négociations avec les Touaregs soixante jours après les élections afin de déterminer leur statut au Nord-Mali. »
On peut donc dire que les élections maliennes peuvent servir d’exemple aux autres pays africains, a demandé notre correspondant à M. Doulian.
« Il ne fait pas de doute que c’est une chose très positive pour le Mali et pour l’Afrique parce que les élections s’y déroulent de façon très différente. Cela fait plaisir de voir un pays meurtri par la guerre, par de longues mois de la crise se mobiliser pour mettre en œuvre de façon exemplaire la dernière étape importante de restauration de la légalité constitutionnelle dans un contexte démocratique normal. C’est un bon signe de ce que le cap a été mis sur la stabilisation et développement ultérieurs du pays. En effet, le Mali pourrait très bien servir d’exemple à suivre aux autres pays du continent. »
Notre correspondant a également parlé des élections présidentielles au Mali avec le journaliste malien Thambel Guimbayara joint au téléphone à Paris.