Les stars de la musique russe se donnent rendez-vous à Saltzburg
Deux festival d’été – à Saltzburg (Autriche) et à Verbier (Suisse), qui font partie des plus grands en Europe, invitent à nouveau les mélomanes aux concerts des stars de la musique mondiale. Les célèbres musiciens russes tiennent comme toujours le haut du pavé.
C’est ainsi qu’à Saltzburg on pourra entendre la magnifique voix de soprano de la soliste de Mariinski Anna Netrebko. La diva vient toujours volontiers dans cette ville parce que ses prestations au festival de Saltzbourg, d’abord dans « Don Juan » de Mozart puis dans « La Traviata » de Verdi sont à l’origine de sa renommée mondiale. Cette fois, Anna Netrebko chantera la partie de Jeanne d’Arc dans l’opéra du même nom de Verdi qu’on voit rarement sur la scène. La cantatrice a récemment fait un aveu surprenant :
« Vous savez, je n’ai plus du tout envie de chanter dans La Traviata pour la énième fois! C’est maintenant aux jeunes de maîtriser ce magnifique opéra et moi je vais chanter ailleurs... »
L’opéra « Jeanne d’Arc » de Verdi qui est une adaptation de « La Pucelle d’Oléans » de Schiller, avait été pour la première fois mis en scène en 1845. Il a connu un grand succès et était périodiques repris au 19e et 20e siècles sans toutefois recueillir autant d’amour et de popularité que les autres oeuvres du compositeur. Il a néanmoins parfaitement épousé la conception du festival de Saltzburg qui s’est toujouts distingué par l’originalité de ses programmes et un alliage des traditions et de l’esprit d’innovation. C’est cela qui le rend si attrayant pour Anna Netrebko :
« Il s’y passe tant de choses intéressantes! Chaque festival se signale par des mises en scène nouvelles et c’est sans doute pour cela que le festival est si connu dans le monde. En effet, sa grande qualité musicale est en prise directe sur la modernité. C’est le détail que j’apprécie vraiment parce que j’aime bien les mises en scène modernes. »
La Russe Sofia Almazova débute cette année dans le programme jeunes chanteurs du festival. Que sait, c’est sans doute à Saltzburg qu’elle commencera elle aussi son ascension vers les sommets de l’art d’opéra.
Le festival de Verbier (station de ski dans les Alpes suisses) qui s’ouvre le même jour que celui de Saltzburg a réuni les meilleurs musiciens du monde. Ce festival est cinq fois plus jeune que son «cousin » autrichien et soufflera ses 20 bougies cette année. Le premier concert du festival qui s’est tenu le 19 juillet a vu s’interpréter deux oeuvres qui se tendent sympoliquement la main à savoir la 9e symphonie de Beethoven et « A la gloire du monde » dans l’intetprétation de Lera Auerbach, jeune musicienne russe vivant actuellement à New York. Parmi les grands noms du festival de Varbien se signale également le pianiste et chef d’orchestre russe Mikhaïl Pletnev. Voici ce que le musicien a bien voulu nous raconter dans son interview :
« Vous savez, il y a pas mal d’aspects alpins dans les oeuvres de Beethoven pour ne citer que la corne alpine. C’est, il est vrai, le côté tyrolien des Alpes mais il s’en dégage la même sensation de la nature et de l’espace. J’adore les montagnes. Tchaïkovski ne les aimait pas, elles lui donnaient l’impression des « convulsions pétrifiées de la nature ». Mais à mon avis, c’est très beau les montagnes... »
La beauté et la possibulité de communiquer entre eux, attirent à Verbier de nombreux musiciens. Les célèbres solistes s’associent et montent ensemble sur la scène comme le duo du pianiste Evgueni Kissine et du violoniste Maxime Venguerov qui sera une sensation de cette année. Ils se connaissent depuis 30 ans mais c’est la première fois que ces deux musiciens se produiront ensemble.
L’opéra Mariinski dirigé par Valeri Guerguiev a également préparé une suprise pour les amateurs d’opéra réunis à Verbier. Il s’agit des fragments des opéras « Otello » et « La Valkyrie » qui résonneront à l’occasion des anniversaires de Giuseppe Verdi et de Richard Wagner. Le public suisse aura autant de chance que le public autrichien parce qu’il entendra Anna Netrebko dans le rôle de Desdémone.
Soyouzmoultfilm : une renaissance sur Carrousel
Les célèbres studios « Soyouzmoultfilm » renaissent de leurs cendres et ses nouveaux dirigeants promettent de donner un second souffle à ces plus grand studios d'animation russes.
Les films d’animation touchants et pleins de bonté crées en 75 ans par « Soyouzmoultfilm » faisaient le bonheur des spectateurs en Russie et dans le monde. Les petits chefs-d’oeuvre comme « Attends un peu! », « Le Petit et Karlsson » , « Guena le Crocodile » et « Hérisson dans le brouillard » avaient tous été produits par les studios. Pourtant « Soyouzmoultfilm » était en crise depuis 20 dernières années et produisait très peu de films. Le financement public était insuffisant et les studios survivaient péniblement. Cette situation a fini par attirer l’attention du président Poutine qui s’est montré préoccupé par la situation du cinéma d’animation russe. Et voilà que les studios se sont dotés d’une équipe anticrise et peuvent désormais gagner de l’argent grâce à la distribution de la collection des films tournés entre 1936 et 2002 qu’ils ont pu récupérer il y a 3 ans. Le travail créateur s’est ranimé à son tour.
Les studios se préparent à lancer trois séries de films d’animation sous le nom générique de « Joyeux carrousel » et plusiers courts-métrages. Il faut préciser que les courts-métrages faisaient la renommée des studios grâce aux réalisateurs comme Iouru Nostein, Fedor Khitrouk et Edouard Nazarov, raconte le directeur général adjoint des studios Gamide Akhmetov :
« Les studios étaient traditionnellement spécialisés dans les films de marionettes et les dessins animés. Nous allons continuer sur la lancée mais le cinéma d’animation est, malheureusemrent, influencé par les technologies 3D. Nous devons suivre cette tendance et avons l’intention de produire des films en format 3D. »
Les studios fonctionneront désormais dans un bâtiment neuf doté du matériel le plus pefectionné dans lequel ils emménageront en août. Il y aura une grosse unité de production et culturelle avec un musée, une bibliothèque, une vidéothèque, une salle interactive pour enfants et un centre de formation pour animateurs débutants. Nous avons heureusement les cadres nécessaires capables d’assuer la formation, - raconte le directeur artistique de « Soyouzmoultfilm » Mikhaïl Aldachine, peintre du cinéma d’animation de rayonnement international :
« Nous avons encore plusieurs doyens et de nombreux spécialistes travaillent dans les petits studios disséminés à travers Moscou. Nous avons commencé par faire appel à eux et ils sont en principe d’accord pour nous rejoindre. »
Mikhaïl Aldachine fait ressortir qu’il ne recrute que ceux qui s’intéressent également au côté aristique du cinéma d’animation et pas seulement à son aspect industriel et productiviste. Cette démarche correspond aux traditions du cinéma d’animation russe :
« La tradition se manifestent à travers les sentiments suscités par ces films. Certains films sont vieux de 50 ans mais sont absoluments vivants et donnent l’impression de fraîcheur. Cela témoigne à coup sûr de la génialité de leurs auteurs. Il est par conséquent très important d’essayer de se rapprocher de cette pléniture émotionnelle des personnages, de l’action et des histoires racontées. »
« Soyouzmoultfilm » compte terminer vers 2015 son film de marionettes long-métrage «Hoffmaniade » qui est pour l’instant son unique projet d’envergure. Il sera réalisés par Stanislav Sokolov sur les dessins du grand artiste Mikhaïl Chemiakine.
Le tour du monde au rythme de la danse
Le flamenco espagnol passionné, la salsa brésilienne enflammée ou la joyeuse gigue irlandaise sont autant de danses au programme du festival international « Atmosphère de la danse » qui a pris son départ à Moscou. Dans le parc municipal d’Izmaïlovo de la capitale russe, les danseurs d’une cinquantaine de pays apprennent aux moscovites à danser et leur font connaître leurs traditions nationales.
La piste de danse à Izmaïlovo est en fait le point final festif du Forum d’éducation de la jeunesse qui se déroule chaque été sur les bords du lac Seliger en Russie Centrale et rassemble les jeunes les plus dynamiques et doués qui proposent leurs business projets, font part de leurs idées et cherchent des sponsors. La dernière relève est internationale et le groupe ad hoc du festival a fait appel à 50 jeunes étrangers afin qu’ils fassent démonstration de leurs traditions nationales en matière de danse, de costumes et de cuisine.
Le festival de la danse est exclusivement l’oeuvre des volontaires dont Maria Balioz :
« Ce festival s’est fait soi-même comme par miracle. On a du mal à l’imagniner mais on a trouvé spontanément les appuis nécessaires. De nombreuses organisations ont décidé de nous soutenir subjuguées par notre enthousiasme! Quant on a une attitude positive, elle se communique aux autres si bien que nous avons pu bénéficier de l’aide des volontaires venus de Saint-Pétersbourg, de Naberejnyé Tchelny, de Novossiborsk et de toute la Russie. »
Au moins 15 000 visiteurs sont attendus au festival. Les oranisateurs ont divisé le territoire du parc municipal d’Izmaïlovo, l’un des plus grand en Europe, en six zones culturelles - Russie et Europe de l’Est, Asie, Amérique du Nord, Afrique, Europe de l’Ouest et Amérique Latine. Les visiteurs reçoivent à l’entrée du parc une carte spéciale avec les déclinaisons thématiques que leurs permettent de faire un véritable « tour du monde ». Pendant les haltes, on fait connaître aux voyageurs la cérémonie du thé chinoise et on leur apparend le tressage des nattes à l’africaine et le body art indien. Il y aussi une véritable ambiance de la danse créée par des danseurs professionnels, raconte l’organisateur du festival Egor Outkine :
« C’est la première fois que ce genre de festival se tient à Moscou. Nous voulons faire danser toute la ville et montrons la culture à travers les danses. Les différentes zones du parc forment un espace de danse unique avec ses différentes traditions culturelles. »
Les danses unissent le monde - tel est le slogan du festival qui va s’achever sur une grandiose ronde internationale.
Une nouvelle de Leskov convertie en opéra
La XXIe édition du festival « Les stars des nuits blanches » vient de clore à Saint-Pétersbourg. Dans la finale, le public a eu droit à la première emblématique de Mariinski à savoir l’opéra « le Gaucher » crée par le célèbre composieur Rodion Tchedrine et inspiré de la nouvelle du même nom du classique russe Nikolaï Leskov.
L’opéra est consacré au maître Valeri Guerguiev et est conçu pour la nouvelle scène de l’opéra Mariinski qui vient de s’ouvrir. Le 26 juin, a eu lieu l’interprétation de cette oeuvre dans le format d’un concert. Rodion Tchedrine était plein d’enthousiasme :
« Je suis vraiment très content. En effet, quand j’ai assisté la première fois à une répétition, j’ai dit à Gergiev que les chanteurs semblaient être à l’aise. Je crois que c’était en grande partie grâce aux personnages de Leskov qui ont tous du relief. Mon opéra a plu à tout le monde - à la troupe, au choeur, à l’orchestre et à Guerguiev lui-même. C’était vraiment quelque chose d’exceptionel ! »
A propos, on pense généralement que les chanteurs d’opéra n’aiment pas beacoup la musique contemporaine qui leur paraît trop complexe et peu compréhensible. Pourtant, selon Andréï Popov qui interprète le rôle principal dans le spectacle, ce n’est pas le cas de l’oeuvre de Rodion Tchedrine :
« L’art est toujours à l’avant-garde, c’est pourquoi je ne peux pas dire dans quelle mesure il nous est accessible. Mais, de toute façon, c’est une oeuvre qui est conçue pour nous faire avancer car elle donne un repère spirituel. »
L’opéra « Le Gaucher » est le troisième sujet que Tchedrine puise dans l’oeuvre de Leskov. Le compositeur avait plus d’une fois avoué son amour pour cet écrivain. Selon lui, la nouvelle « Le Gaucher » « a marqué de son empreinte toute la littérature russe. C’est une parabole bien comprise par tout Russe qui se respecte ».
« Cette oeuvre existera tant que le peuple russe existe sur cette terre. Je crois que l’histoire qu’elle raconte est très profonde et fait référence aux 10 commandements que nous avons oubliés... »
Le sujet de la nouvelle qui est transposé dans l’opéra raconte l’histoire de l’armurier russe de talent surnommé Le Gaucher qui a surpassé les maîtres anglais. Les Anglais ont fabriqué une minuscule puce en acier et Le Gaucher a su la ferrer. Mais ce personnage peu ambitieux et étourdi n’a pas su profiter de son heure de gloire. Ce n’est pas parce qu’il est mort prématurément mais parce que se prévaloir de ses réalisations n’était pas dans sa nature...
« Le Pèlerin enchanté », est un autre opéra de Rodion Tchedrine au sujet puisé dans l’oeuvre de Leskov. Il figure depuis 5 ans au répertoire de Mariinski. Le compositeur pense que le metteur en scène du spectacle Alexeï Stepaniouk a « fait mouche ». Il ne reste plus qu’à espérer que « Le Gaucher » aura lui aussi une vie longue sur la scène du meilleur opéra russe.