L’annulation unilatérale d’un sommet est une démarche assez inhabituelle. Et Moscou ne peut pas ne pas en être déçu. Mais il convient de remarquer que si derrière cette annulation du voyage à Moscou il y avait eu quelque chose de dramatique, le président américain l’aurait annoncé en personne. Or la décision a été annoncée sous forme de brève déclaration par le porte-parole de la Maison Blanche.
La déclaration de la Maison Blanche indique clairement que « la décision décevante de la Russie d’octroyer l'asile politique à Edward Snowden a été aussi un facteur décisif lors de l’évaluation de l’état des relations bilatérales ».
« Ce problème confirme que les Etats-Unis ne sont toujours pas disposés à édifier les relations sur un pied d’égalité »,a dit aux journalistes le conseiller du président russe Iouri Ouchakov, avant d’ajouter que « le président des Etats-Unis avait et a l’intention de se rendre en Russie ».
Lew Rockwell, analyste à l’Institut privé de recherches Ludwig von Mises, prié de commenter la décision du président Obama, a tenu des propos assez venimeux.
« Il se prend, sans doute, pour l’Empereur du monde. Il édicte sa volonté et chaque pays doit lui faire allégeance. C’est un comportement infantile. »
Les experts russes considèrent que par ce geste diplomatique M. Obama a voulu satisfaire ses adversaires républicains au Congrès, qui exigeaient une riposte sévère envers Moscou après la décision de la Russie d’octroyer l’asile politique à M. Snowden. De cette façon, la démarche avait pour vocation de plaire à l’intérieur du pays et de contenter le Congrès.
Ce que confirme le fait que les autres manifestations russo-américaines n’ont pas été annulées. La rencontre dans le format 2 plus 2 aura lieu comme prévu le 9 août à Washington.
La plupart des experts russes recommandent de ne pas dramatiser la récente démarche de la Maison Blanche. Certains d’entre eux n’excluent pas que la rencontre entre MM. Obama et Poutine ait lieu en marge du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg.
« Au bout du compte, cette éventuelle rencontre est davantage nécessaire au président américain. Parce qu’il n’y aura pas d’autres opportunités pour tenir des consultations sur des sujets les plus brûlants », estime le politologue russe Alexeï Zoudine.
« Même si nous ne sommes pas d’accord avec la Russie sur l’affaire Snowden, nous avons nombre d’autre questions importantes, sur lesquelles nous nous accordons et continuerons de coopérer et de négocier», a déclaré la porte-parole officielle du département d’Etat américain Jane Psaki. T
