Le peuple serbe fait tout son possible pour conserver le Kosovo-Metohija en dépit de la volonté des pays occidentaux de détacher ce territoire de la Serbie. Quelle est la position de la Russie à ce sujet ?
« La position de la Russie sur le règlement au Kosovo reste intangible. Nous sommes fermement et invariablement attachés aux principes fondamentaux du droit international, au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des Etats dans leurs frontières internationalement reconnues. L'attachement de Moscou et de Belgrade à ces principes a été réitéré dans la déclaration de partenariat stratégique signée le 24 mai dernier par les présidents russe et serbe.
L'expérience de l'histoire mondiale, d'autant plus celle de l'histoire des Balkans de ces dernières décennies, met en évidence le danger que recèlent les tentatives de modification des frontières entre les Etats à titre unilatéral. En ce qui concerne le règlement au Kosovo, la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU 1244 est le document juridique international clé. La Russie accorde un soutien invariable à la Serbie amie eu égard à la sauvegarde de son intégrité territoriale. Les positions de nombreux Etats, des membres de l'Union européenne et de l'OTAN compris, sont similaires. Nous partons du fait que les Serbes eux-mêmes détermineront mieux que quiconque leurs propres intérêts nationaux. Belgrade et Pristina mènent des négociations au niveau politique et sous l'égide de l'Union européenne en vue de parvenir à un règlement du problème du Kosovo. Nous accepterons toute solution adoptée par les deux parties. »
La Russie et l'Eglise orthodoxe russe ne reconnaissent pas l'indépendance du Kosovo-Metohija. Au cours de sa première visite officielle en Russie, le patriarche Irénée de Serbie a demandé au patriarcat de Moscou de contribuer à maintenir l'orthodoxie sur son territoire. Croyez-vous que la participation du patriarcat de Moscou au règlement de la question kosovare est importante ?
« La contribution de l'Eglise orthodoxe russe et de l'Eglise orthodoxe serbe au renforcement des liens séculaires entre nos deux pays ne saurait être sous-estimée. Il est évident que les souffrances des coreligionnaires en Serbie en ces temps difficiles pour l'orthodoxie au Kosovo-Metohija ne laissent pas indifférente l'Eglise orthodoxe russe. Mais il vaut mieux que les représentants des Eglises sœurs s'entendent eux-mêmes sur la coopération entre le patriarcat de Moscou et l'orthodoxie serbe. »
Le problème du Kosovo ne réside pas seulement dans la destruction des reliques orthodoxes serbes. C'est aussi les groupes terroristes de séparatistes albanais, le trafic d'armes, le trafic de drogue dont parle souvent La Voix de la Russie. Les Etats-Unis, l'UE et la Russie ont-ils établi une « feuille de route » pour sortir de l'impasse kosovare et est-ce possible dans un avenir prévisible?
« En effet, ce qui se passe dans la partie du Kosovo contrôlée par Pristina – je parle aussi bien de la destruction du patrimoine culturel de l'humanité tout entière et non seulement des croyants orthodoxes que des crimes non dissimulés à l'échelle internationale – présente une menace directe pour les pays limitrophes et le reste de l'Europe. Par exemple, des personnes originaires du Kosovo ont été repérées dans les rangs de l'opposition armée en Syrie. Tous les acteurs internationaux sérieux doivent être intéressés à contrer cette menace. Il va de soi que nous nous prônons une approche concertée de la Russie, de l'Union européenne et des Etats-Unis. Pour ce faire, nous organisons des consultations régulières sur les problèmes des Balkans avec nos collègues des diplomaties occidentales.
Pour ce qui est de la « feuille de route », j'ai déjà mentionné que le gouvernement de Serbie et les autorités de Pristina avaient opté pour la voie des négociations sous l'égide de l'Union européenne, formulée dans la fameuse résolution de l'Assemblée générale de l'ONU de septembre 2010. En fin de compte, le Kosovo est, de jure, une partie du territoire serbe et le gouvernement de la Serbie a le droit de décider comment agir. »
Quel est le rôle des médias occidentaux dans la solution des problèmes du Kosovo ? Il est bien connu que le lavage des cerveaux en Europe et aux Etats-Unis, tout comme les accusations contre la Serbie à la veille de l'attaque de Belgrade par l'OTAN, étaient sans précédent. Comment la Russie et la Serbie doivent-elles procéder pour sensibiliser l'opinion publique mondiale ?
« La responsabilité des médias est, certes, immense, lorsqu'il s'agit de questions aussi sensibles que les « points chauds » ou les tensions interethniques. Les schémas dans lesquels des pays ou des peuples sont divisés au préalable en noirs et blancs ne doivent pas être éclipser la situation objective. En ce sens, La Voix de la Russie et la chaîne de télévision Russia Today, qui gagne en popularité auprès du public international, fournissent un exemple d’approche pondérée des sujets qu'elles évoquent. »
Le président de La Voix de la Russie, Andreï Bystritski, a proposé de créer un portail Internet consacré aux Balkans où les politiques et les experts pourraient exposer leur opinion sur les événements dans cette région à problèmes. Trouvez-vous cette idée utile ?
« Un tel portail est au premier chef utile parce qu'il permettra de canaliser les passions souvent démesurées dans les Balkans vers une discussion sereine, menée dans l'esprit de respect réciproque et avec expertise. J'espère que vous réussirez à faire participer à l'analyse des problèmes régionaux des spécialistes prêts à exposer leur vision professionnelle des problèmes des Balkans.
Nous vous remercions d’avoir apporté à nos questions des réponses utiles et concrètes.
« Merci à vous. Je reste à votre disposition. Au revoir. » T