La militante russe des droits de l'Homme Lioudmila Alexeïeva se dit déçue par l'arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) qui a refusé de voir un motif politique dans les condamnations rendues contre le patron du groupe pétrolier Ioukos Mikhaïl Khodorkovski et son associé Platon Lebedev.
"J'estime qu'il s'agit d'une décision lâche. Ne pas voir de motif politique dans cette affaire est inadmissible pour des magistrats expérimentés… Ils ont tout simplement fait preuve de lâcheté", a déclaré Mme Alexeïeva à RIA Novosti.
La présidente du Groupe Helsinki de Moscou a ajouté que cet arrêt l'avait amenée à réviser son opinion sur la Cour de Strasbourg.
Statuant jeudi sur la requête de MM. Khodorkovski et Lebedev, la CEDH a constaté que les poursuites pénales engagées contre les intéressés n'étaient pas fondées sur des motifs politiques.
"Les accusations portées contre deux chefs d’entreprise russes reposaient sur des bases solides", a reconnu la Cour dans un communiqué, soulignant pourtant que "l'incarcération des intéressés dans des pénitenciers lointains n'était pas justifiée".
Il s'agit du deuxième arrêt rendu par la CEDH concernant les requêtes de MM. Khodorkovski et Lebedev, la première décision ayant eu lieu en septembre 2011. La Cour de Strasbourg avait alors constaté que les procédures engagées par le fisc russe contre le groupe pétrolier Ioukos n'étaient ni discriminatoires ni politiquement motivées.
L'affaire Ioukos a eu un fort retentissement en Russie et dans le reste du monde. En 2003, les autorités russes ont accusé les dirigeants du groupe, Mikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev, de délits économiques, notamment d'évasion fiscale. De nombreuses personnes et institutions en Occident considèrent pourtant qu'il s'agit d'une affaire à caractère politique. Les autorités russes rejettent ces affirmations.