La divulgation de l’existence de surveillance électronique réalisée par les services secrets américains partout dans le monde a été jugé scandaleux par les Allemands, mais n’a rien changé. Les représentants des services secrets américains et allemands ont confirmé travailler sur un projet commun de collecte des données personnelles au moyen d’écoutes téléphoniques et d’examen de messages électroniques. Ce projet ne date pas d’hier et aucun scandale d’espions ne pourra faire Berlin y renoncer, est convaincu le président du Conseil de la politique extérieure et de défense Fedor Lioukianov.
Les Etats-Unis disposent d’assez de moyens de faire pression politique sur les Européens. C’est pourquoi l’Europe ne peut pas dire non aux Etats-Unis malgré tout son mécontentement voire un éventuel scandale. La création de ce centre montre en fait que l’indépendance politique de l’Europe vis-à-vis les Etats-Unis est extrêmement peu élevée.
Un nouveau centre de renseignement coûtera 124 millions d’euro et sera implanté à Wiesbaden d’ici 2015. Les services secrets allemands affirment que le programme américain de surveillance électronique a déjà permis de déjouer plusieurs attentats sur le territoire allemand.
Tous les citoyens et les personnalités politiques d’opposition allemande ne sont pourtant pas convaincus de l’opportunité d’un tel centre. Après les révélations de Snowden selon lesquelles l’Allemagne se trouve sous la surveillance des services secrets américains, le gouvernement a été demandé de prendre des mesures énergiques. La chancelière allemande Angela Merkel s’est cependant bornée à déclarer que surveiller ses alliés était une pratique inadmissible. Quant à la visite du ministre allemand de l’Intérieur Hans-Peter Friedrich aux Etats-Unis qui se serait déplacé pour avoir des explications, elle s’est avérée d’être une simple visite de courtoisie diplomatique, souligne Hans-Christian Ströbele, membre du parti politique allemand Alliance 90 / Les Verts.
C’était juste un subterfuge pour détourner l’attention de l’opinion publique de la personne de la chancelière allemande en la focalisant sur le ministre. A en juger par les informations à notre disposition le ministre n’a posé aux partenaires américains aucune des questions qu’intéressent tout le monde. On n’a ainsi obtenu ni de réponse satisfaisante à la question de savoir ce qu’il y avait d’utile dans le programme de surveillance, ni de précisions concernant la surveillance et les écoutes de la représentations diplomatique allemande, les représentations de l’UE et de notre gouvernement.
Les Américains ont d’ailleurs le monopole de la construction du centre à Wiesbaden. Selon le quotidien Spiegel, tous les matériels de construction sont importés des Etats-Unis. Les sous-traitants sont tous les entreprises américaines. Cela commence donc bien, un projet commun des services secrets de deux pays.
