« Malheureusement, des Etats occidentaux sont intervenus dans ce problème, et ils ont l’intention de faire sortir ces territoires de la Serbie et former un second Etat albanais. Nous luttons contre ce fait désespérément, en essayant de négocier avec les Albanais. C’est un grand problème pour nous. Si nous renonçons au Kosovo et à la Métochie, cela signifie que nous renoncerons à notre culture et notre spiritualité. Ceux qui ont le pouvoir dans notre pays se trouvent sous l’influence de l’Occident. C'est pourquoi nous lançons un appel à l'aide à la Russie ».
La guerre pour le Kosovo et la Métochie a commencé en avril 1996. Le conflit armé a été initié par les Albanais du Kosovo qui voulaient l'indépendance. En mars 1999, l'OTAN est intervenue dans le conflit, et le bombardement de la République fédérale de la Yougoslavie a commencé. Un an plus tard, un accord a été signé et en vertu de cet accord, les forces de la KFOR ont pris le contrôle de cette région. C’est alors que l’exode de la population non-albanaise a commencé. En automne 1999, le nombre de victimes se comptait par milliers. Le 17 février 2008, les Albanais du Kosovo ont déclaré l'indépendance du Kosovo et de la Métochie. Cependant, la Russie et l'Eglise orthodoxe russe ne reconnaissent pas cette indépendance.
Il est naturel que le chef de l'Eglise orthodoxe serbe demande l'aide de l'Église orthodoxe russe, et cette aide peut jouer un rôle important, considère Vladimir Vassilik, professeur d'histoire des pays slaves et des Etats balkaniques à l'Université d'Etat de Saint-Pétersbourg.
« L’Eglise orthodoxe russe peut apporter son soutien moral, mais aussi politique, car sa voix a un poids politique aujourd’hui. Elle peut demander au gouvernement de la Fédération de Russie de prendre des mesures plus efficaces visant à la conservation du Kosovo au sein de la souveraineté serbe. En outre, l'Eglise orthodoxe russe peut s’adresser aux chefs des Eglises orthodoxes des autres pays, et aux chefs des autres confessions chrétiennes, de faire appel à la conscience chrétienne et à la mémoire, de sorte qu'ils influencent la décision sur cette question ».
Les dirigeants politiques de la Serbie manquent de principes pour résoudre le problème du Kosovo, est persuadé le Patriarche.
« Les dirigeants politiques du pays doivent écouter la voix de l'Eglise orthodoxe serbe, et non pas l'ignorer. Nous croyons qu'il est nécessaire de réfléchir à une solution pour régler le problème du Kosovo-Métochie. Quel que soit cette solution, elle doit prendre en compte l’existence de la communauté serbe et des sanctuaires orthodoxes serbes. L'Eglise orthodoxe serbe doit y jouer un rôle principal, car elle porte la responsabilité morale et spirituelle de l'existence du peuple serbe au Kosovo et en Métochie ».
La préservation des sanctuaires serbes est l'une des questions les plus sensibles des églises serbe et russe. En quelques années, plus de 150 monuments de l'architecture et du patrimoine culturel serbe ont disparu de ces territoires, alors que ceux qui ont survécu sont dans un état déplorable.
Il y a un an, la Russie a confirmé sa volonté de participer aux projets de l'UNESCO afin de les retaurer. Des moyens débloqués par la Russie, et notamment alloués par le Patriarcat de Moscou, ont été dépensés pour des restaurations dans les Patriarcats de Pec, Gracanica, Vissokie Decani et l'église de la Vierge Levichka, à Prizren. 200.000 euros ont été recueillis pour la restauration du diocèse de Raska-Prizren. Cet argent a été dépensé pour la restauration du séminaire local. Le patriarche Cyrille a assuré que la collecte de fonds et d'aide humanitaire se poursuivra. En octobre, le primat de l'Église russe envisage d’effectuer une visite officielle à Belgrade. Il prévoit également de visiter le Kosovo. N