Boko Haram fait vivre un cauchemar au Nigeria

Boko Haram fait vivre un cauchemar au Nigeria
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Dimanche 7 juillet le gouverneur de l’état d’Yobe Ibrahim Gaidama a donné l’ordre de fermer tous les établissements d’enseignement dans cette rivince dans le nord-est du Nigeria à cause d’une nouvelle attaque lancée par les islamistes de Boko Haram contre un lycée dans la ville de Mamudo qui a fait 42 morts parmi les élèves e les membres du personnel.

Dans la nuit de vendredi à samedi un groupe d’hommes armés a fait irruption dans le bâtiment du lycée. Les terroristes ont gagné les dortoirs des élèves et y ont lancé plusieurs grenades avant d’arroser les dormeurs à la mitraillette. Le bilan s’élève à 42 tués et plusieurs dizaines de blessés. C’est la troisième et la plus sanglante attaque des terroristes de Boko Haram depuis quelques semaines. Le 16 juin, ils ont attaqué un lycée du chef-lieu de l’état de Damaturu en tuant sept lycéens et deux professeurs. Un jour après, un autre groupe de djihadistes a tué 9 élèves venus passer leurs examens dans une école privée de Maiduguri, capitale de l’état voisin. Notre observateur Igor Yazon écrit que le fait que les terroristes s’attaquent précisément aux établissements d’enseignement n’a rien d’étonnant en soi-même. Boko Haram signifie en hausa « l’éducation occidentale est un péché ». Ces dernières années, les attentats visaient principalement les chrétiens dans les états du nord-est du Nigeria à dominante musulmane. Selon «Human Rights Watch», les terroristes de Boko Haram y ont massacré au moins 3600 chrétiens depuis 2009 et brûlé et mis à sac des dizaines d’églises, boutiques et restaurants appartenant aux chrétiens. Les communautés chrétiennes du Nigeria ont abouti à la conclusion que ces massacres font penser à « un nettoyage ethnique et religieux systématique ». Les émirs de l’organisation ne cachent pas leur intention de chasser les chrétiens du nord du Nigeria pour en faire un État vivant conformément à la charia Par ailleurs, il est parfaitement évident que tous les musulmans habitant cette région de 53 millions d’âmes ne partagent pas les idées de Boko Haram. C’est sans doute cette résistance qui a poussé ses leaders à modifier quelque peu la stratégie et à s’attaquer aux élèves en intimidant ainsi les familles des musulmans dont les enfants fréquentent les écoles laïques à la place des coraniques. En outre, Abubakar Shekau, un leader de Boko Haram a déclaré que les trois attaques terroristes en question étaient destinées à servir d’avertissement et de vengeance contre l’armée du gouvernement central qui a lancé le 15 mai des opérations dans plusieurs états à savoir Borno, Yobe et Adamawa où Boko Haram agit en toute impunité. Ces opérations n’ont d’ailleurs eu qu’un succès limité. Mieux encore, la cruauté des soldats qui sévissent indistinctement contre tous les habitants dans les zones contrôlées par les extrémistes ont dressé une partie de population contre l’armée, ce dont Boko Haram n’a pas tardé à profiter. En un mot, l’organisation se porte bien et fait toujours vivre un cauchemar au Nigeria. Voici le commentaire donné par téléphone depuis Paris par Philippe Hugon, directeur de recherche à l’IRIS en charge de l’Afrique.

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