L’information selon laquelle Rosneft prendrait part à la mise en valeur de nouveaux blocs sur le plateau continental vénézuélien est tombée après la rencontre entre les dirigeants des deux pays, Vladimir Poutine et Nicolas Maduro. Ce nouvel accord s’inscrit dans le prolongement des coopérations précédentes qui avaient octroyé un an à Rosneft pour désigner les gisements qui l’intéressaient. Finalement Rosneft et Petroleos de Venezuela se sont entendus pour travailler sur cinq blocs d’hydrocarbures situés sur le plateau continental, en particulier dans le cadre du projet Mariscal Sucre sur les gisements de Blanquilla et Tortuga sur le plateau offshore de la mer des Caraïbes. Le volume total des réserves de ces gisements est estimé à 600 milliards de mètres cubes.
Les investissements seulement pour l’exploitation de Mariscal Sucre représentent 5 milliards de dollars. Selon Konstantin Simonov, Directeur général du fonds pour la sécurité énergétique nationale, la somme totale investie par Rosneft dans les projets vénézuéliens sont bien supérieurs. « Nous voyons qu’en ce moment Rosneft essaie de réaliser des investissements au Venezuela. Même si nous considérons la tranche minimale, même si mon estimation est un peu surévaluée, cela représentera de toutes façons 15-20 milliards de dollars pour les projets gaziers et pétroliers. » Le domaine de l’extraction du gaz et du pétrole sur les plateaux continentaux vénézuéliens nécessite d’avoir un partenaire fort. Les gisements du pays recèlent des réserves immenses mais ce pays ne peut rien extraire sans aide étrangère : il leur manque pour cela l’expérience, les technologies et les moyens. Sur la façon dont le projet Mariscal Sucre sera financé, l’expert principal de l’Union des industriels du pétrole et du gaz de Russie, Rousman Tankaïev, explique que « Rosneft va donner le premier milliard de dollars et ce sera le capital de départ. Il est prévu ensuite, apparemment grâce à la production et à la vente de pétrole, de financer l’étape suivante du projet. C’est-à-dire qu’il va se développer à ses propres frais. Nous savons que cela ne marche pas immédiatement. Il n’est donc pas exclu que de nouveaux investissements soient nécessaires. » Les entreprises russes, parmi lesquelles Rosneft, travaillent depuis déjà longtemps au Venezuela. Conjointement avec leurs collègues américains, elles mettent en place les projets Junin-3, Junin-6 et Carobobo-2 sur la ceinture de l’Orénoque, riche en pétrole et en gaz. Ainsi les modalités d’actions communes sont déjà posées, Roustam Tankaïev en est convaincu :
« Si la situation ne change pas et que les règles qui ont été définies par Hugo Chavez sont conservées, alors Rosneft ne recevra pas plus de 40 % dans le projet Mariscal Sucre. Auparavant, la majorité des actions appartenait aux grandes compagnies pétrolières mais Hugo Chavez était catégoriquement opposé à cette situation. Résultat, ces projets ont été annulés. Puis tout a été établi de façon à ce que la majorité des actions appartiennent au Venezuela ».
Mais ces conditions ne conviennent pas à Rosneft puisque le partenariat avec la république bolivarienne permet aux compagnies de renforcer leurs positions sur le marché gazier mondial. Actuellement on estime les réserves de gaz de Rosneft à presque 6 mille milliards de mètres cubes. D’ici 2020 la compagnie prévoit d’atteindre 100 milliards de mètres cubes par an dont une part importante sur les plateaux continentaux du Venezuela. T