L'usine d'optique et de mécanique de l'Oural a conçu un nouveau capteur de précision pour les avions, muni d'une caméra thermique, d'un télémètre laser et d'une optique de haute définition qui assure la détection des cibles le jour et la nuit même dans des conditions météorologiques défavorables. Cet équipement est suspendu sous le fuselage ou une aile de l'avion et transmet l'image directement dans le cockpit. Selon les experts ce capteur pourrait non seulement devenir une sorte de lunette de précision pour les pilotes mais aussi rétablir la position de la Russie sur le marché international des armements, écrit jeudi le quotidien Izvestia.
"L'usine d'optique et de mécanique de l'Oural en est aujourd’hui au stade des essais. Les travaux devraient s'achever d'ici la fin de l'année, après quoi cet équipement sera transmis aux forces aériennes qui lanceront leur propres tests", rapporte une source bien informée du complexe militaro-industriel.
Selon lui, ce dispositif sera fourni non seulement aux forces aériennes russes mais aussi aux pays dont les armées sont équipées d'avions russes. Auparavant, l'absence de cette technologie obligeait les producteurs à fournir aux clients étrangers des avions munis de systèmes français.
Une source des forces aériennes russes indique que cet équipement permettra au pilote de frapper des cibles terrestres avec une précision au centimètre.
"Il s'agit de fait d'une lunette de précision capable de fonctionner dans n'importe quelles conditions météorologique. En plus de l’optique et de la caméra thermique, le capteur est muni d'un laser qui projette un point de lumière sur la cible choisie par le pilote. Les systèmes de guidage des bombes et des missiles utilisent ensuite ce point pour corriger leur trajectoire de vol", explique cet officier des forces aériennes russes.
Selon lui ce capteur pourrait équiper le Su-30 car ce dernier est le seul chasseur russe muni d’écrans liés au système électronique conjoint du capteur et de l'avion. Cet appareil biplace permet aux pilotes d'utiliser ce capteur tout en pilotant l'avion de manière efficace.
"C’est la deuxième tentative de créer des lunettes de tir suspendues pour les forces aériennes. L'usine d'optique et de mécanique de l'Oural a déjà conçu il y a quelques années le Sapsan pour les Su-27 et les Su-25. Des problèmes techniques ont cependant empêché sa production en série", souligne-t-il.
Les représentants de l'usine d'optique et de mécanique de l'Oural se sont abstenus de tout commentaire, mettant en avant le caractère secret des travaux.
Anton Lavrov, expert militaire indépendant et coauteur du livre La Nouvelle armée russe, a indiqué à Izvestia que les avions modernes d’attaque, sont en grande majorité, équipés de tels systèmes.
"C'est le moyen le plus économique de transformer un chasseur possédant des capacités limitées de frappe sur terre en chasseur-bombardier polyvalent dans toutes les conditions météorologiques. Un bon exemple est l'américain F-15E Strike Eagle. La guerre du Golfe a démontré que sans son capteur Lantirn il s'agissait simplement d'un chasseur biplace tout à fait ordinaire et même, pas très performant. Toutefois, cet outil de précision a fait de lui l'appareil le plus demandé des forces aériennes américaines en matière de frappe sur des cibles terrestres", raconte-t-il.
Selon lui, la Russie cède actuellement du terrain sur le marché de la modernisation du matériel militaire.
"Partout dans le monde il y a beaucoup d'avions soviétiques obsolètes tels que Su-25, Su-22, MiG-21, MiG-23 etc. Les pays qui possèdent ces appareils n'ont pas de fonds pour acquérir de nouveaux avions et ils donc s'adressent à d'autres Etats pour les moderniser. Par exemple, Israël a modernisé les Su-25 géorgiens. Les Français le font également. Le nouveau capteur permettra à l'industrie russe de concurrencer Israël et la France car elle sera en mesure de moderniser efficacement des avions obsolètes pour une somme relativement peu importante", conclut Anton Lavrov.