En France, des coupes budgétaires sans précédent

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Le parlement français examine le projet de budget 2014, qui pourrait pousser la population à perdre toute confiance envers le président François Hollande, écrit mercredi le quotidien Novye Izvestia.

Le parlement français examine le projet de budget 2014, qui pourrait pousser la population à perdre toute confiance envers le président François Hollande, écrit mercredi le quotidien Novye Izvestia. Aucune réduction des dépenses budgétaires, c’était son slogan électoral. Et François Hollande avait même critiqué son prédécesseur Nicolas Sarkozy à cause de sa politique d'austérité "irréfléchie". Mais voilà : le gouvernement présente aujourd'hui un budget prévoyant une coupe historique dans les dépenses de l’Etat. 

Le ministre des Finances Pierre Moscovici a présenté hier ce projet de budget aux députés en faisant tout son possible pour qu’il soit bien reçu par l'opinion publique. Il a notamment souligné que les réductions budgétaires de 2013 et 2014 seront les dernières du genre. L'Etat n'aura ensuite plus besoin de rien couper car le déficit budgétaire atteindra le niveau nécessaire. Ces réductions vont toucher à la plupart des ministères : le ministère de l'Environnement perdra 500 millions d'euros en deux ans, alors que le financement du ministère de la Culture sera coupé cette année de 69 millions d'euros. Le total des réductions s'élèvera à 28 milliards d'euros en deux ans (14 milliards chaque année), a indiqué Pierre Moscovici. Selon lui, il ne s'agit que "d'une goutte d'eau dans l'océan".

Mais il n'a pas convaincu : le budget 2014 a battu un record négatif même sans coupes financières car pour la première fois depuis 50 ans il n'a pas pu dépasser son prédécesseur (il s’élève à 371,4 milliards d'euros, soit 100 millions de moins que le budget 2013). "Une goutte d'eau, certes, mais cela n'est jamais arrivé !", ironise le quotidien économique Les Echos. Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a même involontairement soutenu la thèse du journal. A la télévision, il a rappelé que les dépenses de l'Etat avaient régulièrement augmenté au cours de toute l'histoire de la Vème République. En revanche, il a enrichi le vocabulaire des politiques français d’un terme, "réforme structurelle", un des nombreux euphémismes que les ministres ont introduits pour éviter la notion sarkozyste d'"austérité" qui reste toujours taboue au sommet du pouvoir.

Pendant la campagne électorale de 2012 Hollande avait promis aux Français de renoncer à la politique d'austérité et de réorienter tous les efforts vers la croissance. Depuis un an est passé et le bilan n’est pas optimiste : la croissance n’est pas au rendez-vous. La France est en récession, les impôts apportent moins de fonds, alors que l'inflation alourdit le budget de 10 milliards d'euros pas an. En un an seulement François Hollande a réussi à devenir le président le moins populaire de la Vème République. Il a donc décidé qu'il n'avait rien à perdre et a annoncé cette réduction des dépenses.

Hollande sait parfaitement que le vote du budget se soldera par des protestations massives partout dans le pays. Le fonds des salariés français, qui s’élève à 80,5 milliards d'euros cette année, augmentera en 2014 de 0,15% - une somme purement symbolique. Ce fait même pousse déjà la Confédération générale du travail à menacer le gouvernement d'une grève. Selon les syndicalistes, ce gel des salaires constitue de fait une déclaration de guerre contre la classe ouvrière.

Et si le gouvernement renonçait aux coupes budgétaires ? Il devrait faire face à la colère de ses partenaires au sein de la zone euro, qui ont chargé le pouvoir socialiste français de faire passer son déficit en-dessous de la barre des 3% d'ici 2015. Et il ne peut plus compter sur un délai supplémentaire. Quoi qu'il en soit, le scénario le plus humiliant pour l'équipe d'Hollande est celui d’une absence de résultats dans son programme anticrise. Et ce n'est pas exclu. Le gouvernement espère que le déficit budgétaire atteindra cette année 3,7% mais le président lui-même indique que son niveau pourrait être plus important à cause d'une croissance faible et une baisse des recettes fiscales. Le comité des Finances de l'Assemblée nationale estime que le déficit, en 2013, avoisinera 4%.  

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