Quand Torquemada se fait socialiste

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Torquemada se fait socialiste et applaudit les répressions staliniennes. Cette projection semble fantasque, absurde, hors-temps. Elle cristallise un tas inouï d’horreurs. Et pourtant, elle représente aujourd’hui ce qu’il y a de plus réel, de plus abject, de plus pourri.

Ce mélange d’inquisition et de dictature sans queue ni tête, la France l’a connu sous les années noires de l’Occupation. Les rafles d’envergure telles celles du Vel D’Hiv, les contrôles d’identité à la sortie des églises et des synagogues, la chasse aux communistes et aux résistants suivie de leur déportation en enfer – autant de pratiques déployées par la France de Vichy, autant de pratiques techniquement reprises en ces années 10 du XXIème siècle où le marteau des sorcières redevient celui des patriotes, comme ce fut le cas en 41-44. Vous souvenez-vous de ces vers frappants de Louis Aragon où il évoque Pétain, leader fantoche ? J’écris dans un pays dévasté par la peste/ qui semble un cauchemar attardé de Goya/ (…) Mis en coupe, réglé au nom du Roi Pétoche/ Un pays de frayeur en proie aux loups-garous.

La forme a modérément changé. Pas le fond. Il a fallu un an pour que la France reçoive un avertissement de l’ONU pour violation des droits de l’homme. Il a fallu un an pour que la pensée unique adopte le droit irréfragable d’emprisonner au nom de la République. Les loups sont aussi garous qu’il y a soixante-dix ans. Ils arborent le même refrain : au nom de la France, au nom du changement. Je suis fier d’avoir été capable de redonner espoir, disait M. Hollande le 6 mai 2012, jour de son discours à Tulle. Aucun enfant de la République ne sera laissé de côté, abandonné, relégué, discriminé, nous assurait-il l’air solennel. Et il est vrai qu’aucun enfant de la République n’a été oublié. Même le jeune Nicolas, manifestant pacifique opposé au mariage pour tous. Drôle d’encadrement dans un pays qui depuis des décennies prétend avoir en horreur toute forme de matraquage idéologique, violent de surcroît.

Les paroles ne valant rien, passons au faits. J’en ai choisi trois, les répertoriant par catégories significatives.

- On ne parle ces derniers jours que de l’affaire Snowden. On se pose la question de savoir s’il s’agit d’un traître ou d’un dissident, alors donc que la réponse est juridiquement limpide. Cet ancien de la CIA et de la NSA n’a jamais vendu à qui que ce soit les informations qu’il avait fait ressortir au grand jour. Non seulement son gain est nul, mais en plus, il n’a ni patrie, ni refuge où il puisse se sentir en pleine sécurité. Conclusion ? Il s’agit, à sa façon, qu’on apprécie sa personnalité ou non, d’un homme prêt à assumer ses convictions jusqu’au bout. Traversons à présent l’Atlantique. Vous connaissez peut-être le site Egalité et Réconciliation, site dissident dirigé par Alain Soral. Voici ce qu’on peut y lire : « Suite à la plainte déposée par Frédéric Haziza, la police judiciaire, poursuivant l’exécution d’une commission rogatoire à notre encontre, exige de la part d’Egalité et Réconciliation les informations confidentielles des commentateurs désignés dans son courrier et dont vous trouverez copie ci-dessous ». Autrement dit, les féaux de M. Hollande ont pu s’imaginer que Soral allait leur vendre les listes de ceux qui ne sont pas suffisamment bien formatés pour savourer librement les plaisirs de la vie en Hollandie. En dehors de sa stupidité – Soral n’ayant clairement pas la carrure requise – le cynisme de cette offre fait froid au dos. Voyez-vous, je fréquente souvent son site. Les commentateurs que j’ai pu jusqu’ici y voir n’incitent pas au terrorisme. Ils ne sont pas antisémites. Ils ne sont pas xénophobes dans le sens canonique de ce terme. Ils sont en réalité, assez souvent, des observateurs désespérés qui affichent leur verve à l’égard des politiques mensongères qu’on leur fait ingurgiter et dont souffre et la France, et les états victimes du néocolonialisme. Depuis quand les démocraties poursuivent-elles pour ce qui n’est même pas un délit d’opinion mais un simple constat de faits ? Alors je me demande comment est-ce qu’on peut sérieusement accuser Snowden de haute trahison quand la France, satellite étasunien, excelle en matière d’espionnage ? J’espère que les médias plaisantent.

- Le système pénitentiaire français est lui aussi bourré de bonnes surprises. Dix vauriens (ou jeunes comme on s’amuse à les appeler, probablement pour ne pas qu’ils se sentent trop vieux donc trop responsables) ont été placés en garde à vue ce mercredi pour viols collectifs dans l’Essonne. La dernière victime, une jeune fille de 17 ans, a été abusée par dix criminels dont on devrait se moquer, dans une société saine, s’ils ont 14 ou 30 ans. Le même type de racaille terrorisait des mois durant les passagers du RER D. Figurez-vous que le pouvoir socialiste s’est borné à leur administrer des peines incroyablement légères de nature surtout pédagogique. La conclusion est encore une fois limpide : il vaut mieux violer et terroriser que d’exprimer des opinions contraires à la norme socialiste. Nicolas Bernard-Busse en est la preuve directe, interdit de douche pendant 9 jours, interdit de lecture, enfermé dans un lieu pénitentiaire de réputation particulière.

- Non contente de contribuer aux assassinats barbares des ecclésiastiques en Syrie (ce n’est pas une balle qui a tuée l’Abbé François Mourad contrairement à ce que disent par souci d’atténuation certaines sources catholiques ainsi que Le Point, mais un groupe de diables barbus lui ayant scié la tête au couteau), la France persécute ses propres prêtres. On apprend via La Croix que les forces de l’ordre ont encerclé Saint-Cyr pour contrôle d’identité des paroissiens à la sortie de la messe, parce que ceux-ci avaient manifesté près de la Poste au nom de la libération de Nicolas. Indigné, David Pirrodon, un curé de campagne présent lors de l’incident, se rend à la mairie. Il y croise le préfet qui lui lance : « Vous ne seriez pas curé, je vous foutrais deux baffes ! ». Je vous laisse apprécier l’ouverture d’esprit et le style recherché de cet homme dévoué aux libertés les plus élémentaires. M. Valls, lui aussi présent sur les lieux, traita le curé « en petit garçon » avant de le conduire au poste de police d’où il fut relâché aussitôt après parce que, en réalité, il n’y avait rien à lui reprocher. Nouvelle conclusion : inutile d’apitoyer nos dirigeants sur le sort des religieux exterminés en Syrie quand la France, fille aînée de l’Eglise, poursuit les prêtres à peine insoumis et détruit illégalement les lieux de culte catholiques. Messieurs Hollande, Ayrault, Fabius et Valls sont entièrement complices des bourreaux de l’ASL, à la seule différence qu’au lieu de couper des têtes, c’est la France qu’ils déracinent au long couteau.

M. Hollande n’a pas l’intelligence d’un Pétain. Leurs desseins sont aussi différents que leurs époques. Néanmoins, si l’on anticipait un peu en imaginant la résurrection de M. Louis Aragon, les vers qu’il avait dédié à son pays n’auraient que très légèrement changé : J’écris dans un pays dévasté par le PS/ Qui semble un cauchemar attardé de Kafka/ Mis en coupe, réglé au nom du Roi Hollande (…)/ Un pays en proie aux loups garous. Ceci étant, je me consolerais bien en rappelant ce vieux principe jésuite qui dit que plus ça va mal, mieux c’est. Plus la dictature socialiste se gargarisera de son impunité, plus vite les Français s’insurgeront.

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