« O tempora, ô mores ! »

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« Tempora » est l’appellation donnée par les services spéciaux britanniques à leur programme de surveillance électronique mondial, y compris de leurs voisins du continent.

« O tempora, ô mores ! » C’est ainsi que, suivant les chroniques historiques, s’est exclamé avec indignation le grand orateur et homme politique de Rome, Cicéron, en voyant le conspirateur Catilina trôner impassible au sénat, contre le complot de qui il s’apprêtait en fait à prononcer son discours accusateur.

Les passions ne se sont pas encore apaisées à propos du refuge mystérieux de l’ex-consultant de la CIA et de la NSA des Etats-Unis, Edward Snowden, que nous apprenons déjà grâce à même M. Snowden que le renseignement britannique GCHQ (Government Communications Headquarters) avait étendu ses tentacules électronique à toute la planète.

Reconnaissons-le honnêtement : le fait que les services spéciaux espionnent et surveillent n’a rien de surprenant. C’est l’échelle à laquelle sont repêchées les données par le programme « Tempora » qui frappe. Bien des éditions fournissent, par exemple, des chiffres suivants, devenus connus. Chaque jour quelque 600 millions de communications téléphoniques et Internet sont relevées. Elles sont passées au tamis de 71 000 mots clés. Le GCHQ accède en secret à ces communications, transitant par les câbles transatlantiques à fibres optiques. Une telle activité est autorisée, comme cela est dit dans « L’Acte sur le service de renseignement » à la date de 1994, « dans les intérêts du bien-être économique du Royaume-Uni ».

Il paraît que les alliés des Britanniques pour l’Europe unie ne veulent plus souffrir une telle morgue à leur encontre. La ministre de la Justice d’Allemagne Sabine Leutheusser-Schnarrenberger a transmis à ses collègues à Londres une liste de questions concernant le programme « Tempora ». La commissaire européenne en charge des droits fondamentaux, Viviane Reding, a envoyé une lettre au ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, dans laquelle elle exprime sa "préoccupation" et demande des "clarifications". Des appels analogues ont retenti au Parlement Européen. La réponse de Londres ne s’est pas fait attendre : les activités du renseignement en Grande-Bretagne ne sont pas à commenter.

De nombreux politiques européens, en premier lieu, des rangs de l’opposition, appellent les gouvernements de leurs pays à défendre plus résolument le droit des citoyens à la vie privée. Comme l’a fait, par exemple, le membre de la commission du Bundestag allemand pour le contrôle des activités des services spéciaux du parti « Les Gauches » Ulrich Maurer.

« La transparence est nécessaire – du moins pour ce qui concerne les méthodes du travail, - a dit M. Maurer dans une interview à la radio. – Ce que font les Britanniques, et surtout les Américains, va l’encontre des normes juridiques en vigueur. Nous avons affaire à une violation à grande échelle des droits fondamentaux. Il faut y mettre fin. »

Les collègues de M. Maurer pour l’opposition, selon « Handelsblatt », réclament des explications aussi au renseignement allemand – BND, qu’ils soupçonnent de surveiller les citoyens allemands et pas seulement allemands sous le couvert de lutte anti-terroriste. Bruxelles entend porter ce sujet à l’examen des ministres de la Justice de l’UE à la mi-juillet. Il reste à savoir s’ils seront entendus ou non par ceux à qui ils vont s’adresser.

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