Leurs ouvrages se distinguent par une grande maîtrise et des siècles durant ils ont été hautement appréciés en Russie par les grands de ce monde. Les traditions anciennes sont conservées par des artistes contemporains parmi lesquels Alexandre Chamchiev, dont les icônes sculptées sont reconnues dans le monde entier. Il a dévoilé quelques secrets du métier à La Voix de la Russie.
Alexandre Chamchiev a vécu près de trente ans en Yakoutie. Aujourd’hui il se consacre à la sculpture des icônes en pleine conformité avec les canons orthodoxes. L’artiste raconte ses débuts :
« Je faisais de la peinture, y compris de la peinture à l’huile, ensuite j’ai opté pour la sculpture sur bois pour en venir enfin à l’ivoire de mammouth. Il y a 22 – 23 ans un fragment d’ivoire m’est tombé entre les mains pour la première fois et j’en ai physiquement senti la chaleur. J’ai eu l’impression que le matériau demandait d’être travaillé pour obtenir une nouvelle forme. La plupart des sculpteurs sur bois choisissent avec le temps des matériaux plus durs : c’est plus intéressant du point de vue de la création, et le résultat est tout à fait différent ».
Diaporama : Icône d'ivoire : les œuvres d'Alexandre Chamchiev
Alexandre Chamchiev a soigneusement étudié le patrimoine des sculpteurs russes sur ivoire : il cherchait les livres anciens, lisait toutes les publications récentes, visitait les expositions et les festivals de sculpture sur ivoire :
« C’est un métier ancien. J’ai appris que les artisans de Kholmogory ont été pour la première fois mentionnés dans les archives au XVII siècle. Les empereurs russes prisaient la maîtrise des sculpteurs, les meilleurs d’entre eux travaillaient au Palais des Armures. Aujourd’hui aussi les visiteurs des musées admirent leurs chefs-d'œuvre qui servent de modèles aux artistes contemporains. Fait intéressant : Pierre le Grand encourageait le développement de cet art et même fournissait aux sculpteurs les ouvrages des maîtres occidentaux afin qu’ils s’initient à l’expérience européenne ».
De nos jours, pour être à la page, les artisans utilisent divers outils contemporains qui facilitent sensiblement et accélèrent le travail. Alexandre Chamchiev s’en tient aux technologies anciennes. Il achète les outils qu’il peut trouver dans le commerce et fait lui-même les autres. Il arrive qu’il met plusieurs mois pour sculpter une seule icône. L’artiste relate :
« Je préfère travailler à la main. C’est la seule possibilité en ce qui concerne les icônes, autrement on risque de tout gâcher. Ce sont des ouvrages photographiques, si l’on peut dire, ils exigent le maximum de concentration ».
Les icônes sculptées d’Alexandre Chamchiev (www.apple-era.com) sont largement reconnues. Le musée de l’Histoire de la religion a acquis les icônes sculptées en ivoire de mammouth : le Couronnement d'épines, Saint Georges, Saint Georges et le Dragon, Saints Boris et Gleb et d’autres encore. Ses icônes se retrouvent également dans des collections privées.