Le consortium international des compagnies exploitant le gisement gazier Shah Deniz-2 en Azerbaïdjan ont choisi gazoduc transadriatique TAP pour transporter leur production. Le projet Nabucco, largement discuté, reste ainsi pratiquement "à sec". Le TAP transitera par la Turquie et le nord de la Grèce pour arriver jusqu'en Italie. Le gaz azerbaïdjanais devrait commencer à arriver dans ce gazoduc en 2018, écrit vendredi le quotidien Izvestia.
Nabucco et TAP sont des concurrents du russe South Stream, qui devrait relier les terminaux de Novorossiïsk et l'Europe occidentale sous la mer Noire (lancement prévu pour 2015). L'Union européenne souhaite construire des gazoducs alternatifs au projet russe pour ne pas être complètement dépendante des livraisons russes.
La capacité maximale du TAP est de 20 milliards de mètres cubes, soit seulement près de 5% des besoins de l'UE qui consomme près de 550 milliards de mètres cubes de gaz par an. Ce projet ne sera donc qu'un symbole de réduction de la dépendance au combustible russe.
"Dans un premier temps l'Europe recevra moins de 10 milliards de mètres cubes de gaz azerbaïdjanais par an et la Turquie 6 milliards, une certaine quantité sera réservée à la Bulgarie et à la Grèce", explique Vladimir Feïguine, directeur de l'Institut de l'énergie et des finances. 10 milliards de mètres cubes ne pourront pas influer significativement sur la répartition des marchés énergétiques mais selon les représentants de l'UE, cette diversification permettra de réduire quelque peu les tarifs.
Dans ce dossier, beaucoup dépendra de l'avenir de l'économie européenne, estime Vladimir Feïguine. En cas de croissance et d'augmentation du nombre de projets nécessitant du gaz, il ne faudra certainement pas parler de baisse des tarifs. Notamment si l’on prend en compte les faibles capacités du TAP. Mais si le déclin actuel se poursuivait et que la consommation de gaz diminuait, la concurrence deviendrait effectivement plus accrue.
Dans l'ensemble, le TAP n'est pas un concurrent pour la Russie. Mais son existence à proximité du South Stream sera prise en compte et pourrait même jouer un rôle positif. Le fait est que la capacité maximale du futur gazoduc russe s'élève à 63 milliards de mètres cubes de gaz mais les moyens obsolètes sur le territoire russe pourraient ne pas arriver à cette limite. En l'absence de concurrents on pourrait certainement fermer les yeux mais après leur apparition ces moyens pourraient être modernisés.
"L'apparition d'un nouveau gazoduc ne sera que bénéfique pour la Russie, déclare Vitali Bouchouev, directeur de l'Institut de stratégie énergétique. La concurrence est une motivation pour développer l'infrastructure et varier la politique tarifaire."
Toutefois, ce dernier pense qu'aujourd'hui le TAP est une option excessive: il ne sera certainement pas exploité à plein régime au vu de la crise économique européenne.
Par ailleurs, de nouveaux vendeurs pourraient arriver sur le marché du gaz. Si le plan de construction du gazoduc transcaspien était réalisé (Bruxelles, Bakou et Achkhabad sont actuellement en cours de négociations), le gaz turkmène pourrait également passer par le TAP.
Le 27 juin, le Service géologique britannique a annoncé que le plateau du comté de Lancashire abritait à lui seul 5 700 milliards de mètres cubes de gaz de schiste. Si le coût d'exploitation n'a pas encore été fixé, les Européens travaillent bien pour l'avenir.