Cependant, la convocation de la conférence a été retardée. Les rebelles armés n’ont pas encore donné leur accord pour participer aux négociations. Le commandant de l’Armée syrienne libre (ASL) Salim Idris en explique les raisons dans une interview exclusive accordée à La Voix de la Russie.
La Voix de la Russie : Le gouvernement syrien a de nouveau déclaré qu’il était d’accord pour participer aux négociations à Genève. Mais l'opposition tarde à répondre et son aile militaire, l’armée que vous dirigez, n’a toujours pas donné sa réponse. Vous irez à Genève ?
Salim Idris : Nous ne tarderons pas à donner notre réponse. Nous irons à Genève, mais sous certaines conditions. La condition principale – c’est la démission du président Bachar al-Assad. Nous considérons qu’il est un criminel. Et tous ceux qui ont donné les ordres de tuer des gens devront être jugés. Et il faut qu’un gouvernement de transition soit créé, où l’opposition aura un avantage. Je parle au nom de l’Armée syrienne libre : nous sommes prêts à venir aux pourparlers de Genève sous ces conditions.
LVDR : Vous vous rendez compte que ces conditions sont réalisables. La Russie, avec les Etats-Unis, ont pris l'initiative de convoquer une conférence de paix Genève-2. Pourquoi n'êtes pas d'accord pour négocier ?
S.I. : Près de 200.000 personnes ont été tuées en Syrie. Près de 7 millions de personnes sont devenues des réfugiés. L'infrastructure a été détruite à 70%. Et après tout cela, Bachar al-Assad affirme son soutien au peuple ! C'est un mensonge. Il ment à votre président et à votre ministre des Affaires étrangères.
Si après tout ce sang, quelqu'un dit qu'il est prêt à négocier avec Assad au nom des révolutionnaires, cette personne signera son arrêt de mort ! Assad doit quitter le pouvoir et le pays. Nous sommes prêts à aller à Genève, nous sommes prêts pour des négociations de paix, mais cette condition est obligatoire.
LVDR : Qui devrait se mettre à la tête de la délégation de l'opposition à Genève ? Il y a des groupes différents parmi les membres de l’opposition.
S.I. : Si les négociations de paix ont effectivement lieu, l'opposition doit s’y rendre en une délégation, avec un seul leader. C’est aux hommes politiques de décider qui doit y aller. Nous sommes des militaires, ces choses ne gênent pas.
LVDR : Les conditions que vous évoquez réduisent les chances que la conférence ait lieu. Pourquoi laissez passer cette chance ?
S.I. : Quelle chance nous peut proposer Asad ? Il reçoit ses instructions de l'Iran. Nous ne pensons pas qu’il soit capable de prendre seul des décisions.
LVDR : Vous avez dit que vous avez reçu une cargaison importante. D’où elle vient ?
S.I. : C’est une information confidentielle, je ne peux pas vous en faire part. Mais je confirme que nous recevons des armes des sources différentes. Cela peut changer la situation. Il y a un mois, nous gagnions sur tous les fronts. Les rebelles libanais du Hezbollah, arrivés sur ordre de l’Iran ont renversé la tendance. Mais nous avons déjà vaincu le régime depuis longtemps.
Il y a des officiers de l’Iran, mais aussi des rebelles chiites d’Irak du côté du gouvernement. Des spécialistes russes travaillent à l’aéroport. Ils réparent les avions à l’usine №419. Je les ai vus.
LVDR : Comment avez-vous pu les voir si l'aéroport est contrôlé par le gouvernement ?
S.I. : Des officiers syriens nous fournissent des informations.
LVDR : Qu’en est-il des étrangers qui combattent du côté de l’opposition ? Vous avez des guerriers qui arrivent d’Europe, des extrémistes de Dzhabhat en-Nusra et même des combattants d'Al-Qaïda ?
S.I. : Je ne peux pas nier la présence d'étrangers. Mais ils ne représentent que 3% du nombre total de combattants. Tous les autres sont des Syriens.
LVDR : Combien d'hommes avez-vous ?
S.I. : Entre 80.000 et 100.000.
LVDR : Les extrémistes, c’est un problème grave...
S.I. : Plus vite nous obtiendrons les armes et les munitions nécessaires, plus vite la guerre finira, et plus tôt ces étrangers rentreront chez eux. Les Syriens ne sont pas enclins à l'extrémisme. Les gens veulent un retour à la normale.
LVDR : Toutefois, compte tenu de ce que vous venez de dire, la conférence de paix à Genève, ce n’est pas pour dans l’immédiat ?
S.I. : Nous ne permettrons pas au président Poutine et l'ayatollah Khamenei de nous dicter leurs conditions de Genève. Tant que nous n'aurons pas les armes et les munitions nécessaires pour rétablir l'équilibre des forces sur le champ de bataille, nous n'irons pas aux pourparlers de Genève. De tels pourparlers n’apporteront aucun résultat.
LVDR : Vous espérez reconquérir la ville de Quseir que vous avez perdue ?
S.I. : Nous essayerons de reconquérir Quseir, qui se trouve près de la frontière avec le Liban, et d'autres villes.
LVDR : Quand prévoyez-vous obtenir ces armes ?
S.I. : Difficile à dire. Nous espérions les obtenir hier. Peut-être demain, ou plus tard. Je ne sais pas quand.
Le général Salim Idris a fixé des conditions telles qu'il est devenu évident que les membres de l'opposition ne comptent pas tant sur la conférence de paix à Genève, mais sur la livraison d ‘armes. N