Le Forum de Saint-Pétersbourg est censé être économique et international. Cependant, les problèmes mondiaux ont depuis longtemps laissé la place aux problèmes russes et l'économie aux déclarations de l'Etat, écrit lundi le quotidien Vedomosti.
"Mesdames et messieurs ! Notre priorité est d’améliorer le climat d'affaires. Tout le monde doit y contribuer : des maires de petites villes aux ministres, du policier divisionnaire au chef de la police". C'est seulement à première vue que cette citation du discours de Vladimir Poutine au Forum économique de Saint-Pétersbourg ressemble à de l'humour noir. En effet, le climat d'affaires en Russie dépend de chaque fonctionnaire et de chaque policier et on apprend, morceau par morceau, les principales règles du jeu lors des grands rassemblements comme le Forum de Saint-Pétersbourg.
Voyons quelles grandes déclarations ont été faites en 2013. Vladimir Poutine a annoncé l'amnistie pour tous les entrepreneurs condamnés et a suggéré d'unir la Cour suprême et la Cour supérieure d'arbitrage –outils primordiaux pour réguler l'économie russe. Le président a parlé de la limitation des tarifs des monopoles naturels et de l'investissement de l'argent du Fonds du bien-être national dans l'infrastructure – ce sont, évidemment, des mécanismes purement marchands dans la compréhension russe du marché.
Le président de Sberbank Guerman Gref a invité la population à ne pas paniquer concernant la baisse du rouble - cette diminution a été observée pendant toute la semaine dernière après l'annonce d'Anton Silouanov selon laquelle le ministère des Finances russe achèterait de la monnaie étrangère. Le délégué russe aux droits des entrepreneurs Boris Titov a déclaré qu'on pouvait "tout de même" mener des affaires en Russie. On se demande si cela a vraiment rassuré les entrepreneurs.
En 2009, en pleine crise, les économistes de renommée mondiale étaient venus au Forum de Saint-Pétersbourg comme Robert Mundell, Paul Krugman et Nouriel Roubini. Cette expérience semble avoir été un échec – depuis, on n'invite plus de célébrités et la discussion sur les problèmes mondiaux vire rapidement vers les problèmes russes habituels. Comment améliorer le climat d'investissement dans le pays ? Comment éviter la dépendance de la Russie aux matières premières ? Doit-on mener une politique budgétaire rigide ou souple ? Pourquoi l'économie stagne ? Est-ce que les investissements de l'Etat peuvent servir de locomotive ?
Des paroles en l'air. Personne n'a l'intention de changer l'économie et la dépendance pétrolière augmente. Des contrats pour 9 600 milliards de roules (environ 240 milliards d'euros) ont été signés pendant le Forum – dont plus de 8 200 milliards de roubles (205 milliards d'euros) concernent le contrat de 25 ans avec Rosneft pour la livraison de pétrole en Chine. Les autres grands contrats portent également sur le secteur énergétique.
Si les entreprises occidentales se rendent au Forum, ce n'est pas pour trouver de nouvelles idées. Après tout, il faut aussi faire du commerce avec les pays en retard – par conséquent, il faut régulièrement suivre les changements des règles du jeu dans la vente d’hydrocarbures, les méthodes du régime qui limitent l'économie et savoir qui, dans l'entourage de Poutine, il faudra fréquenter cette année.