Marine. À la recherche d’une France perdue

Marine. À la recherche d’une France perdue
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C’est à peine s’il y a une différence entre la quête d’un pays en voie de perdition et la recherche du temps perdu. Le temps qui reste pour sauver une France qui pendant des siècles rendaient admiratifs les esprits les plus brillants. Les héros d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier.

Ils ne brandissent plus l’épée, ils n’invoquent plus des causes transcendantes. Mais ils font peut-être bien plus que leurs ancêtres dans la mesure où la résistance par l’expression de ses convictions à une époque où tous les repères sont embrouillés est déjà en soi un acte de bravoure.

Je n’aime pas les grands mots. Je ne connais pas Madame Le Pen personnellement. Pourtant, je ne saurais m’exprimer autrement après m’être rendue à une conférence de presse à MGIMO (Institut des Relations Internationales de Moscou) où la Présidente du Front National a exposé les points clés de son programme et sa vision du sauvetage de la France. La conférence n’a pas été longue, tout au plus a-t-elle duré une heure et demie avec seulement une vingtaine de minutes consacrée aux questions-réponses. L’évènement a rassemblé un nombre inattendu d’étudiants, sachant que le temps est aux examens d’été et que le FN est nettement diabolisé ou plutôt rediabolisé par les médias mainstream qui n’en montrent qu’une facette extrêmement réductionniste, voire falsificatrice. Pour ce qui est des auditeurs présents, j’ai été agréablement étonnée par leur niveau de français et leur degré de connaissance des courants politiques français. Certains d’entre eux ont fait part à Mme. Le Pen de leur tristesse de voir une France défigurée par des éléments hostiles, de constater qu’à Sciences Po, pour ne citer qu’un exemple, le culte de l’uniformité réflexive a balayé toute autre forme de pensée.

La démocratie à géométrie variable est également une réalité relevée par la plupart de ceux qui ont eu l’occasion d’effectuer un stage en France. L’hypocrisie des dirigeants fait pendant aux incohérences de leurs politiques et à l’instinct agressivement grégaire de ceux qui s’y plient croyant être les prophètes de ce soi-disant Nouveau Monde illusoire qu’est l’UE. Se gargarisant d’un prestige acquis à traves les siècles passés, la majeure partie de ceux qui constituent les élites de l’Hexagone ne veulent pas reconnaître que leur jeu est déjà une évidence pour ceux qui le suivent de l’extérieur et qu’il ne sert à rien de paraître quand on est sur le point de ne plus être.

Pourquoi, en effet, s’obstiner à paraître sachant que, depuis des lustres, la France se trouve délibérément sous la houlette des USA ? Ignore-t-on aujourd’hui qui fut le patron de Jean Monnet ? Ignore-t-on aujourd’hui l’origine du traité de Maastricht ? Ignore-t-on à l’heure qu’il est, de la même façon, les instigateurs de la création d’une zone euro en une dizaine d’années dilatée à tel point que son état est à la limite critique ?

La gangrène mondialiste a déjà rongé ce que la France avait de souveraineté. Le néolibéralisme, « son petit-fils » pour reprendre l’expression de Mme. Le Pen, dévore gloutonnement ce qui reste de l’identité nationale, allant de la réécriture des livres d’histoire à l’enseignement de la théorie du genre à partir de la maternelle. Il s’agit de démontrer que vous et moi, nous ne sommes pas ce que nous sommes. On veut nous prouver, ainsi, qu’un Français n’est peut-être pas un Français parce que le droit du sang vaut au même titre que le droit du sol. On veut nous prouver que la France dans laquelle nous vivons à l’heure actuelle n’est pas la France de Du Guesclin, de Charles Martel, de Louis XIV ou de Napoléon, mais un organisme dépendant d’une Union bâtie de l’extérieur au grand bénéfice des banques supranationales. On veut nous prouver, enfin, qu’un homme n’est peut-être pas un homme, mais un être asexué victime d’un certain conditionnement social qui lui impose brutalement son genre. Voici les grands axes de la pensée ultramondialiste autour de laquelle on brode sans relâche en brouillant, avec une malignité supérieurement reptilienne, tous les repères dont nous avions jusque là l’habitude.

Et voici, surenchérit la patronne du FN, qu’on désire maintenant assener le coup de grâce en cautionnant le libre-échange transatlantique. Quid de l’industrie ? Quid de l’agriculture ? Quid de la défense ? Aucun de ces secteurs n’avait été nommé lors des prénégociations entamées. Le salarié français sera forcé de s’aligner sur les normes de travail nord-américaines sur fond de perte progressive de tous les privilèges sociaux qui lui restent. Là encore, on s’incline devant la volonté des USA désireux de s’en sortir aux dépens d’une entité encore plus affaiblie que soi et friande de l’exemple chinois. Veut-on endosser le sort de la Grèce ? C’est pourtant ce qui nous attend en cas de ratification du traité.

Ces points passés synthétiquement en revue, je vous offre des extraits représentatifs de la conférence de presse dans sa partie questions-réponses. Celle-ci, je le rappelle, ayant été très brève, je vous propose de découvrir certains aspects de son intervention.

Etudiant russe (MGIMO) revenant de Paris après quelques mois de stage à Sciences Po et l’expérience d’un appart loué sans le quartier de Barbès: Que faire des immigrés qui, tout ayant reçu la citoyenneté française, ne veulent pas s’intégrer au modèle sociétal français ?

Marine Le Pen. Le modèle d’assimilation français qui est d’ailleurs aussi le modèle d’assimilation russe et qui permet aux gens venus de différents coins du monde de vivre décemment du moment qu’ils respectent les traditions du pays d’accueil est un modèle en voie de disparition. Cette réalité est liée aux choix politique qui est fait par les dirigeants français. Au lieu de dire aux étrangers, d’abord, qu’on ne peut les intégrer quand ils sont trop nombreux – l’immigration a été beaucoup trop brutale, beaucoup trop nombreuse – ensuite, qu’à Rome, il faut faire comme les Romains, on leur a dit : surtout, ne vous adaptez pas à nos valeurs ! Continuez à parler votre langue ! Continuez à garder vos traditions, vos mœurs vestimentaires, vos habitudes et à la limite, même, vous pouvez imposer vos règles aux autres ! C’est ainsi qu’un certain nombre de fondamentalistes s’est mis à prier au milieu des rues en France, bloquant la circulation des voitures et des personnes. Il y avait des centaines de personnes qui priaient au milieu de la rue, régulièrement. J’ai dit que cela n’était pas possible, que c’était absolument anormal. Dans la grande démocratie française, je suis poursuivie devant le tribunal pour mon opinion. Cela s’appelle un délit d’opinion. Bon, rien de grave, j’ai l’habitude, mais … alors que faire de ces enfants d’immigrés à qui on a donné la nationalité d’une manière automatique ce qui est un problème majeur ? D’abord il faut supprimer le droit du sol. La nationalité, ça s’hérite ou ça se mérite. On ne peut pas obtenir la nationalité d’une manière automatique au motif qu’on est né quelque part. On doit répondre à des critères ! On arrive aujourd’hui à cette acquisition automatique de la nationalité par des gens qui ont des casiers judiciaires longs comme leurs bras ! Qui ne respectent aucune des valeurs ou qui ne veulent pas apprendre à parler français ! Qui créent du trouble à l’ordre public ! Qui se montrent agressifs à l’égard des autres ! C’est insensé. Alors il faudra leur rappeler les règles du jeu. Et puis il faudra aussi rompre avec le laxisme, car le laxisme judiciaire en France est catastrophique. C’est quasiment une incitation à aller vers la délinquance plutôt qu’à amener vers le travail. Il faudra donc, en somme, remettre en place les conditions de l’assimilation et exiger de faire à Rome comme les Romains, et en France, comme les Français. Concernant Science Po, je comprends bien que vous ayez dû être étonné de voir la pensée unique dans un espace où l’on est sensé apprendre à penser librement. Or, à Sciences Po, il faut absolument penser la même chose, penser très à gauche, pour être honnête. Il faut être très pour l’immigration, surtout que l’immense majorité de ceux qui sont à Sciences Po sont des enfants de bourgeois qui vivent dans des quartiers très agréables où le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a beaucoup moins d’immigrés que dans les quartiers populaires. Ceux-là sont donc pour l’immigration au balcon sans descendre dans la rue et donc sans la vivre au quotidien. Sciences Po, c’est donc la chambre de la pensée unique par excellence, je comprends bien pourquoi vous n’y avez pas trouvé beaucoup de patriotisme. D’ailleurs, le patriotisme chez ces gens-là, chez ces enfants des élites françaises qui elles-mêmes sont sensées devenir les futures françaises ce qui est très inquiétant, le patriotisme est quasiment un défaut ! On n’a pas le droit d’être patriote ! On est suspect si on aime sa Patrie ! Il faut toujours préférer les autres au nôtres ! Alors, rassurez-moi, j’espère que vous n’êtes pas revenus en Russie avec exclusivement comme images Barbès et Sciences Po, parce que le peuple français est bien divers et que, dans son immense majorité, il ne ressemble ni à ce que vous avez pu voir à Barbès, ni à ce que vous avez pu voir à Sciences Po. Et c’est pour cette raison, sans doute, que le FN accueille en son sein des gens qui sont très différents, qui viennent de la gauche comme de la droite mais aussi des Français d’origine étrangère qui eux aiment la France, qui sont venus parce que c’était la France, parce que c’était les valeurs françaises, les libertés françaises et qui sont en train de se rendre compte que la France cesse progressivement d’être la France.

Etudiant de MGIMO. Croyez-vous que la construction d’une Union eurasiatique soit envisageable ? (…)

Marine Le Pen. Je crois que le terme Union recouvre des réalités très différentes. L’UE telle que nous la vivons est une UE qui a aspiré la notion de souveraineté. C’est-à-dire que nous ne maîtrisons plus nos frontières, nous n’avons plus de souveraineté budgétaire, monétaire, économique et nous n’avons même plus de souveraineté législative puisque 80 pr. des lois que font semblant de voter nos députés ne sont que la transposition de directives européennes. Et puis il y a des unions qui peuvent être des unions de coopération comme cela existait avant l’intégration de l’UE. C’est comme ça qu’on a fait Airbus, suite à des accords de coopération entre des nations libres. Si ces accords se font sur ce modèle-là, je n’y vois aucun inconvénient. Je vous donne un exemple de la perte de souveraineté : demain, l’UE va décider pour nous de la mise en place d’un accord de libre-échange avec les USA. Cette décision sera dramatique. Elle signifiera la mort de l’agriculture européenne. C’est peut-être même la mort de l’industrie de la défense, entre autres. Mais c’est aussi très inquiétant parce que cette mesure va rendre irrémédiable notre dépendance des USA. Entendez-moi bien que ce soit les USA ou l’Allemagne, je ne leur reproche pas de défendre leurs intérêts. Ce que je reproche à l’UE, c’est de ne pas défendre les siennes et à la France, de s’être privée de la possibilité de se défendre soi ! (…). Dans le cadre du monde multipolaire pour lequel je plaide, vous imaginez bien que cet accord de libre-échange, je le combattrai de toutes mes forces.

 

La France sera grande ou ne sera pas. Tel est le message qu’a fait passer Mme. Le Pen à l’Université des Relations Internationales où elle s’est produite devant étudiants, professeurs et médias. Les civilisations sont mortelles, a –t – elle remarqué à un moment donné de son discours. Or, face à un grand malade, avant de prononcer le verdict final, les médecins font tout ce qui est en leur pouvoir pour le ramener à la vie. Espérons que les Français prennent conscience de cette vérité on ne peut plus générale et s’abstiennent dorénavant de voter par défaut, car, dans une vingtaine d’années, il pourrait être trop tard.

 

Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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