Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch s'est réuni avec l'opposition le 19 juin, en présence de tous les dirigeants des fractions progouvernementales. Finalement seul Arseni Iatseniouk, leader du parti Patrie, a répondu à l’invitation du côté des opposants. Vitali Klitchko (Udar) et Oleg Tiagnibok (Liberté) ont simplement ignoré la réunion, écrit vendredi le quotidien Izvestia.
Iatseniouk est arrivé accompagné de plusieurs dizaines de députés de sa fraction mais ils n'ont pas été autorisés à monter au-delà du deuxième étage de l'administration, la réunion se tenant à huis clos.
Un journaliste avait proposé à Iatseniouk de prendre un dictaphone pour dévoiler la conversation au public mais ce dernier a refusé, prétextant qu'à l'entrée les participants devaient vider leurs poches. Cependant les journalistes savent que selon le règlement de l'administration présidentielle il est interdit d'apporter des téléphones, des ordinateurs portables et des tablettes mais que les dictaphones sont autorisés.
Selon Arseni Iatseniouk, le président ukrainien a fait plusieurs déclarations "rassurantes" au cours de la réunion.
"J'ai demandé ce qui allait être fait pour laisser Ioulia Timochenko partir immédiatement à l'étranger pour se faire opérer. Ianoukovitch a répondu que son administration se penchait actuellement sur la question, y compris lors des consultations avec ses partenaires occidentaux. Pour cela il serait probablement nécessaire de changer la législation. Il est probablement question du casier judiciaire de Timochenko", rapporte Arseni Iatseniouk.
Les participants ont également évoqué le maintien de la politique de rapprochement avec l'Union européenne et l'avenir du système de transport de gaz (GTS) ukrainien. D'après Iatseniouk, Ianoukovitch a déclaré que le GTS "ne risquait rien – on ne le prépare pas pour la vente à la Russie, mais pour sa modernisation". Par ailleurs, il existerait une "forte volonté de créer un consortium "Ukraine-Europe-Russie". Ianoukovitch a dit regretter l'absence de Klitchko et Tiagnibok.
"Auparavant les leaders d'Udar et de Liberté prônaient activement un échange de points de vue dans ce format. Mais aujourd’hui que c'est possible ils font marche arrière", remarque Alexandre Efremov, chef de la fraction du Parti des régions.
Le directeur de l'Institut de politique ukrainienne Kost Bondarenko est du même avis. "Le président a fait un geste important en direction de l'opposition qui bloque le travail du parlement et fait du surplace. Mais il s'est avéré que les leaders de l'opposition n'avaient rien à proposer pour ce genre de réunions. On ne peut pas formuler uniquement des exigences, il faut proposer des projets alternatifs qui pourraient faire l'objet d'une discussion approfondie", a-t-il déclaré.
Selon la version officielle, Klitchko et Tiagnibok ont refusé de participer à cette réunion car selon la constitution "ce ne sont pas les dirigeants des fractions qui doivent se rendre dans les bâtiments de l'administration présidentielle mais le président qui doit venir régulièrement au parlement". Ils exigeaient également la présence de la presse à cette réunion mais cette requête a été déclinée.
Ainsi le président ukrainien n’a rencontré qu’"un tiers" de l’opposition. Il est difficile de l’en rendre responsable car ce sont les opposants qui ont eux-mêmes refusé de venir. Hormis les raisons officiellement annoncées, par son refus Klitchko aurait pu vouloir renforcer "son image de combattant intransigeant contre le régime", selon le politologue ukrainien Vadim Karassev.