Afghanistan : gains et pertes de l’armée polonaise

© Photo : Michał NiwiczAndrzej Walentek en Afghanistan
Andrzej Walentek en Afghanistan - Sputnik Afrique
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Il y a quelques jours le sergent de l’armée polonaise Jan Kiepura, a été enterré avec les honneurs. Il s’agit du quarantième soldat polonais tué en Afghanistan. Le contingent militaire polonais participe aux opérations militaires dans ce pays depuis le mois de mars 2002. Il y a plus de 6 ans, les militaires avec des drapeaux blanc-rouge sur leurs uniformes ont commencé à faire partie d’un des contingents de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS).

Parmi les 50 États qui ont pris part à la mission militaire en Afghanistan, seuls les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et l’Italie y possèdent des contingents plus importants que celui de la Pologne. Plus de 25.000 hommes sur les 100.000 soldats de l’armée polonaise ont servi en Afghanistan. Beaucoup d'entre eux s’y sont rendus plus d’une fois. Quarante sont morts et 500 ont été blessés.

Les dépenses de la Pologne liées à la mission en Afghanistan ont se sont montées cette année à 5 milliards de zlotys (soit 1,5 milliard de dollars) - 15 % du budget annuel de la défense. Ces dépenses ont considérablement freiné la modernisation technique de l'armée. Il faut rappeler que la Pologne a participé dans les années 2003-2009 à l'opération en Irak, qui a coûté la vie à 22 soldats et a coûté au budget un milliard de zlotys (300 millions de dollars).

Cela fait déjà plusieurs années que les débats n’arrêtent plus sur les gains et les pertes de cette participation à grande échelle de la Pologne dans les opérations militaires internationales. Aujourd'hui, l’opinion publique a tendance à penser que ces efforts et ces sacrifices ne contribuent pas à renforcer le crédit de confiance de la Pologne sur la scène internationale, et ne lui fournit aucun avantage économique, comme on l’espérait avec la mission en Irak. Cependant, la question de la responsabilité de la participation des troupes à la hâte dans les opérations militaires extérieures ne domine pas le débat sur les rives de la Vistule. Et tous ceux qui étaient au pouvoir au cours de ces dernières 10 années peuvent être accusés d’avoir commis des erreurs.

Les soldats rentrent chez eux

A 70-80 %, la société polonaise n'accepte pas la participation des Polonais à la guerre en Afghanistan. D’où l’enthousiasme suite à la déclaration faite par Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'OTAN, la semaine dernière lors d'une conférence à l'Académie de défense nationale à Varsovie: « Nos soldats commencent à rentrer à la maison ». Le contingent polonais a été réduit de 2.500 à 1.800 soldats. L'équipement militaire lourd revient dans le pays. Actuellement son transport est un défi lancé à l’armée. L'opération de retour d'Afghanistan complique le manque de moyens de transport stratégique maritime et aérien.

L'Irak et l'Afghanistan ont beaucoup appris aux dirigeants militaires, qui ont appris à coopérer avec les alliés. Le général Roman Polko, ex-commandant de la GROM, la meilleure unité spéciale polonaise, a donné l’estimation la plus précise de ces opérations étrangères. « Le commandement d’un bataillon menant des opérations militaires réelles apporte beaucoup plus qu’une division qui peint des pelouses et prépare la nourriture pour des pique-niques dans le pays ».

Vers un changement de normes

La mission a pu tester la qualité de l'équipement individuel des soldats. Il y a onze ans, le Wojsko Polskie commençait avec les standards du Pacte de Varsovie. Aujourd'hui, l'équipement des soldats polonais en Afghanistan ne se distingue pas par la qualité de l’équipement américain ou anglais. Actuellement, cette norme est intégrée à l'ensemble de l'armée polonaise.

Les opérations à l'étranger ont également mis en lumière les faiblesses de l'armée polonaise. Notamment le manque d'hélicoptères et de drones modernes. C'est grâce à ces missions que les projets d'achat de 70 nouveaux hélicoptères et drones de moyenne portée sont devenus prioritaires dans le programme de modernisation technique des forces armées.

Les blindés Rosomak produits en Pologne sous licence de la société finlandaise Patria ont reçu le baptême du feu lors de la mission afghane. Ils figuraient parmi les engins les plus fiables à la disposition de la FIAS. Leur mobilité, et leur résistance aux explosions des mini-pièges, un véritable fléau de la guerre en Afghanistan, ainsi que la puissance de feu de 30 mm des canons Bushmaster ont surpris, même suscité l’étonnement non dissimulé des alliés. La valeur au combat de ces machines a été rapidement évaluée par les combattants afghans, qui les ont surnommés « diables verts ». Après des tests durant 6 ans, tenant compte des critiques des utilisateurs, les experts ont apporté à la construction des Rosomak plus de 500 modifications.

Il y a une semaine, le général Joseph Dunford, commandant de l’ISAF en Afghanistan a déclaré que tôt ou tard, une partie des talibans devrait conclure un accord. Les résultats financiers et politiques de la participation polonaise dans les opérations militaires internationales seront annoncés après l'achèvement de la mission en Afghanistan. Parmi les réalisations les plus importantes de cette mission on peut parler de la préparation de plus de 4500 soldats et policiers afghans. Ils seront désormais responsables du maintien de l’ordre dans leur pays. T

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