La thèse sur la nuisance financière de l’immigration est l’un des arguments préférés des conceptions nationalistes et isolationnistes. Les immigrés touchent des subventions budgétaires, des allocations sociales, bénéficient d’un logement à loyer réduit, obtiennent des emplois, des indemnités de déplacement et autres paiements qui pèsent sur un budget public déjà en crise. On comprend que cette logique devient particulièrement populaire en période de crises financières globales.
Certes, de telles craintes sont fondées. Mais en regardant les faits, on comprend que le problème se décompose en deux.
Le premier est lié aux immigrés, qui arrivent dans des Etats économiquement plus évolués avec de mauvaises intentions. Les événements dramatiques de début 2010 en Europe Occidentale en sont une illustration éclatante. Des milliers d’Albanais, arrivés en Belgique visiblement de concert, ont bloqué les établissements publics, en réclamant au gouvernement asile, logement, emploi et allocations. La même histoire a eu lieu en Suède. Les autorités des pays membres de l’UE payent des allocations même à ceux à qui elles refusent un permis de séjour. En Suède, par exemple, le montant des indemnités de déplacement est de 500 €. Ayant touché ces sommes d’argent, les Albanais passaient de manière tout aussi organisée dans un Etat voisin de l’UE, où la procédure se répétait.
Or, le problème de l’immigration a de même un revers, en reflétant les processus communs de globalisation et de migration du business et de la main-d’œuvre. Comme l’écrit le journal américain The New York Times, se référant à des experts de l’OCDE, entre 2001 et 2011, la population des pays d’accueil a augmenté à l’échelle mondiale de 40 % grâce aux immigrés. Or, les fluctuations dans les dépenses/recettes ont diminué de deux ordres, ne dépassant pas 0,5 %. Souvent, on enregistrait précisément une hausse des recettes du Trésor, due aux impôts et autres paiements obligatoires des immigrés installés dans tel ou tel autre pays. Une telle situation est également propre à l’Union Européenne. Durant la première décennie de notre siècle, l’UE a vécu la plus importante extension, qui a apporté de considérables avantages économiques, confirme à notre correspondant le chef de la chaire de l’intégration européenne du MGIMO du MAE de Russie, Nikolaï Kavechnikov :
« Les anciens de l’UE rencontrent, en effet, certaines difficultés. On y voit venir la main d’œuvre de nouveaux membres de l’UE. Certaines entreprises d’Europe Occidentale passent en Europe Orientale, en y délocalisant leur production. Or, l’impact négatif des dits processus n’est pas aussi grand au regard des avantages que l’économie de l’Europe a obtenu à la suite de l’union ».
Et il se peut que si les gouvernements des pays membres de l’UE cessent de voir dans les immigrés une « charge étrangère », mais les considèrent avant tout comme une source de rénovation économique, on saura dédramatiser le problème de l’immigration. Mais pour cela, il faudra délimiter dans les faits la main d’œuvre des éléments criminels. N