« Nos négociations ont été fructueuses », a déclaré Sergueï Lavrov en ouvrant la conférence de presse commune. Selon le chef de la diplomatie russe, les parties ont eu le temps de faire le tour des problèmes les plus actuels des relations bilatérales. Il était notamment question de la préparation de la rencontre de Vladimir Poutine avec le premier ministre italien Enrico Letta en marge du sommet du G8. Les ministres ont également discuté des futures négociations dans le format « 2+2 » qu’ils mèneront en commun avec les ministres de la défense des deux pays. Lavrov a profité de l’occasion pour rappeler les perspectives des relations économiques russo-italiennes :
« Nous espérons que la coopération commerciale et économique ira croissant, de même que les investissements, parce que les gouvernements et les sociétés de nos deux pays y sont intéressés. Cette coopération doit s’étendre à d’autres secteurs que l’énergie et nous sommes convaincus que le Conseil russo-italien pour la coopération économique, industrielle, monétaire et financier, dont madame Emma Bonino est co-présidente pour l’Italie, est appelé à y jouer un rôle majeur. »
Les ministres ont également examiné les plus grands problèmes internationaux dont la situation en Syrie. Ils ont déclaré que la crise dans ce pays devait être réglée par des moyens diplomatiques et non pas militaires. Madame Bonino a fait savoir que l’Italie soutenait entièrement l’idée de la conférence Genève 2. A son tour, S. Lavrov a souligné que les acteurs extérieurs ne devaient pas envoyer aux parties prenantes du conflit de signaux susceptibles de conduire à l’escalade de la violence. C’est de cette façon que le diplomate russe a commenté la déclaration de Washington qui se tient prêt à livrer des armes aux rebelles. Faire croire que Damas a pu se servir d’armes chimiques est une ineptie parce que le régime d’al-Assad ne pourrait s’y décider que s’il était acculé au mur, estime Sergueï Lavrov :
« Le régime n’est pas du tout le dos au mur comme le prétend l’oppositions et enregistre des succès militaires sur le terrain. Pourquoi utiliserait-il les armes chimiques et à une échelle aussi limitée? Cela reviendrait à s’exposer à des représailles. Cela n’a aucun sens du point de vue militaire et tout le monde s’en rend compte. »
Même les preuves attestant l’emploi des armes chimiques par le régime d’al-Assad ne correspondent pas, selon Lavrov, aux normes internationales en vigueur :
« Il existe les règles fixées par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Elles procèdent du fait que les échantillons de sang, d’urine, de sol et de vêtements ne peuvent servir de preuves sérieuses que s’ils ont été prélevés par les experts de l’Organisation supposés les contrôler tout au long de leur transport au laboratoire approprié. Par contre, les données qui nous ont été communiquées par nos partenaires américains, et avant eux par les experts britanniques et français, ne garantissent pas que les échantillons permettent de tirer des conclusions aussi catégoriques, ont été prélevés conformément aux critères rigoureux de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. »
Toutes les démarches entreprises en vue d’armer l’opposition la conforteront dans l’idée qu’elle « doit se montrer intraitable ». C’est pourquoi, si les pays occidentaux sont intéressés à la tenue de la conférence Genève 2, ils ne doivent pas aider les rebelles. « Si nos collègues suivent la logique préconisée par l’opposition, à savoir qu’il faut reprendre au régime les deux ou trois villes qu’il venait de libérer avant de procéder aux négociations, ces négociations ne commenceront jamais », a résumé Sergueï Lavrov. T