Le somptueux monde de Rudolf Noureev en images à Moscou

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Le grand danseur Rudolf Noureev aimait passionnément la peinture, adorait les objets de luxe et était un client régulier des principaux hôtels des ventes. Les photographies des trésors de la collection de Rudolf Noureev peuvent être vues à l’exposition qui vient d’ouvrir ses portes à la « Maison Nachtchokine » à Moscou.

En 1961, à l’issue d’une tournée du Ballet Kirov de Leningrad à Paris, Rudolph Noureev, alors soliste de vingt-trois ans, a demandé l’asile politique et est resté en France. Il a fait une carrière fulgurante, a été salué par un public enthousiaste partout dans le monde, et a été surnommé « le Dieu de la danse ». Il recevait pour ses représentations des honoraires exorbitants et dépensait des sommes astronomiques dans l’achat d’objets de luxe.

L’éditeur de musique Mario Bois, spécialiste des ballets et ami proche de Rudolf Noureev, a décrit dans ses mémoires la passion de ce danseur, l’un des plus grands du XXe siècle :

« Autant que je m’en souvienne, il était perpétuellement sans le sou. Dès qu’il avait un peu d’argent, il s’achetait immédiatement une œuvre d’art : un tableau, une gravure, une statue en bronze... Il adorait les tissus rares, les soies anciennes, les broderies précieuses, les tapis luxueux, ainsi transparaissait sa sensualité orientale. »

Rudolf Noureev avait plusieurs maisons et chacune était littéralement bourrée d’œuvres d’art. Nombre d’hôtels des ventes européens et américains lui envoyaient le catalogue de leurs produits : s’il aimait un tableau, il était prêt à l’acheter à n’importe quel prix, sans réfléchir à la justesse du tarif. Sa collection n’était pas organisée, à côté d’un chef-d’œuvre pouvaient être accrochées les œuvres médiocres d’artistes inconnus, mais l’ensemble des tableaux avait en commun un thème que Noureev aimait tout particulièrement : les nus masculins.

Ainsi, son appartement parisien a commencé à ressembler à la réserve d’un curieux musée : les murs étaient entièrement recouverts de tableaux accrochés côte à côte, comme une mosaïque de pierres. Comme se souvient Mario Bois :

« Quand Rudolf était captivé par quelque chose, il voulait l’acheter, le posséder, le toucher, dormir à côté de sa nouvelle acquisition. Et il aimait à rassembler son trésor, car il considérait cela comme une façon parfaite de placer son argent.»

Trois ans après la mort de Noureev, le riche mobilier de ses appartements et de ses maisons a été vendu aux enchères. Sa collection éclectique a cessé d’exister, mais elle a été conservée au travers des photographies qui peuvent être vues dans le cadre de l’actuelle exposition se déroulant à Moscou. Il est ainsi possible de parcourir le monde merveilleux, lumineux et luxueux dans lequel le danseur a vécu, et d’essayer de comprendre ce génie mystérieux.  N

© Photo : galerie « Maison Nachtchokine »
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