Arctique: Moscou en retard sur l'Otan

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Les chefs d'états-majors interarmées des pays membres du Conseil de l’Arctique se sont réunis mercredi au Danemark. Pendant ce temps l'armée de l'air russe menait une activité intensive au nord et au nord-ouest du pays, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta du 14 juin 2013.

Les chefs d'états-majors interarmées des pays membres du Conseil de l’Arctique se sont réunis mercredi au Danemark. Pendant ce temps l'armée de l'air russe menait une activité intensive au nord et au nord-ouest du pays, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta du 14 juin 2013.

Helsinki – principal initiateur de la réunion du Conseil de l'Arctique – a reproché à Moscou d'avoir envoyé deux avions au-dessus des eaux territoriales finlandaises dans le golfe de Finlande. Le ministère de la Défense russe a réfuté ces accusations. Ce n'est pas le premier incident du genre entre les deux pays: le 13 mai dernier la Finlande annonçait également que des avions russes avaient violé son espace aérien et côté russe, le ministère avait déclaré que son avion était passé à 15 kilomètres de la frontière finlandaise.

La situation est tendue, d’autant que la Russie ne cache pas l’intensification de son activité militaire dans la zone circumpolaire et en Arctique. A la veille du sommet de l'Arctique, où la Russie était représentée par le général Valeri Guerassimov, chef de l'état-major général, le ministère de la Défense russe a officiellement déclaré avoir procédé le 11 juin à la "vérification de l'état opérationnel des bases aériennes déployées en Carélie, ainsi que dans les régions de Saint-Pétersbourg et de Mourmansk". Près de 20 avions et hélicoptères du 1er Commandement de l'armée de l'air et de la défense antiaérienne du District militaire Ouest ont participé à cette vérification inopinée ordonnée par le chef de l'état-major. Ce dernier a précisé que cette pratique allait se poursuivre dans les forces armées. Ajoutons à cela les déclarations des dirigeants russes sur les projets de formation d’unités arctiques dans la région, de mise en place d'une infrastructure militaire développée et de renforcement des frontières, ainsi que d'autres mesures en matière de défense et de sécurité prévues dans les "Principes de la politique nationale de la Russie en Arctique d'ici 2020 et à terme".

Les activités militaires intensives de la Russie au nord ne sont toutefois pas encore d'une grande ampleur par rapport à ses voisins régionaux. Pour l'instant ces opérations sont plutôt des "mesures de rétorsion". D'autre part, si le territoire de l'Arctique n'a encore aucune frontière officielle, la Russie a déjà d'énormes intérêts géopolitiques et économiques dans la région. D'après le Conseil de sécurité du pays, l'Arctique assure aujourd’hui près de 11% des revenus nationaux et on y produit 22% de l'ensemble des exportations russes. Au-delà du cercle polaire la Russie exploite et produit plus de 90% de nickel et de cobalt, 60% de cuivre, 96% de métaux du groupe du platine, ainsi que 100% de barytine et d'apatite. Cette région abrite près d'un quart des ressources mondiales d'hydrocarbures. Des gisements de gaz uniques en leur genre ont été découverts sur le plateau des mers de Barents et de Kara. Près de 15% des produits poissonniers et d'autres ressources biologiques maritimes proviennent d'Arctique. Enfin, la Route maritime du Nord passe par cette région – il s'agit de l'itinéraire le plus court reliant l'Europe à la Sibérie et à l'Extrême-Orient.

La Russie n'est pas seule: d'autres pays témoignent d’un fort intérêt pour la région, dont certains se trouvent à des milliers de kilomètres du cercle polaire. La région doit donc être protégée et défendue - c'est précisément ce que font les voisins arctiques de la Russie, à une échelle largement supérieure. D'après l'Institut russe d'études stratégiques, les Etats-Unis et leurs alliés de l'Otan sont les principaux adversaires de la Russie dans la région. Les experts se réfèrent à la directive de l'ex-président George W. Bush, du 9 janvier 2009: "Les Etats-Unis ont des intérêts de sécurité larges et fondamentaux dans la région arctique et sont prêts à y agir soit individuellement, soit en coopération avec d'autres Etats afin de protéger ces intérêts".

Cette présence est assurée en permanence par des exercices de grande envergure. Le Canada a notamment annoncé son projet de créer pour 2012 des forces navales arctiques comprenant 6 à 8 navires de combat adaptés aux conditions glaciaires. La Norvège compte changer le statut démilitarisé de Spitzberg et termine de mettre au point son concept d'exploitation des forces armées nationales en Arctique. La Russie pourra difficilement s'opposer à une telle militarisation.

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