Ajourd’hui notre destination sera les îles Fidji, situées à l’est de l’Australie. C’est là en effet que s’est déroulée une nouvelle étape du circuit ASP, l’Association de surfeurs professionnels. C’est sur une vague mondialement connue, la Cloudbreak, d’une parfaite beauté visuelle, résultant d’un incroyable rapport entre ses dimensions et sa courbe idéalement lisse, que s’est tenue la finale. Toutes les manches avaient offert de quoi faire rêver. Au final, c’est un duel entre deux grandes figures du surf qui devait décider de la victoire. Effectivement, les juges devaient départager en finale Kelly Slater, 41 ans, et Mick Fanning, 31 ans. La Cloudbreak est un vrai paradis de tubes, un homme a suffisament d’espace pour se tenir à l’intérieur et en principe, quand la vague se boucle en tube, le surfeur peut largement s’y tenir sans s’accroupir.
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Ce devait donc être une bataille de qui aura le meilleur tube, les autres figures étant rendues difficiles à exécuter vu la puissance de la lame. A ce titre, Mick Fanning avait de quoi impressionner les spectateurs. C’est qu’il la trouve, la vague parfaite qui lui fait prendre une vitesse à décoiffer. La puissance en est telle que pour conserver son équilibre l’Australien doit plier sa jambe arrière et saisir le bout de la planche, qui est nommée « le rail ». Il se retrouve ainsi dans ce qui est peut-être la position la plus essentielle du surf, dos à la vague, sa main avant glissant en appui contre ce mur d’eau qui avance sans cesse. Un mur se transformant constamment en un arc de plus en plus fin, et s’écrasant en éclats d’écume contre le plat de l’océan, de manière à avoir toujours devant soi un blanc nuage salé. Et au milieu de ce spectacle une figure humaine - M. Fanning. La section de la vague se termine et Mick en ressort les bras levés victorieusement.
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Kelly Slater répond par un run tout aussi impressionnant. Il capture une belle vague faisant bien deux fois sa taille, voire plus. Lui, c’est à l’intérieur du tube même qu’il lève ses bras, en plein contrôle de l’élément, se déplaçant précisément en parallèle avec ce point où le plat de l’eau est rejoint par la lèvre brisée qui le percute et explose de l’énergie contenue. De cette manière, si l’on regardait de front, on ne verrait qu’une partie de la board et ses pieds. Kelly Slater fait des barrels longs d’une dizaine de secondes, autant de temps que l’océan consent à le garder sous cette sorte de toit aquatique. Il s’adapate à merveille à l’architecture de la vague en transformation constante, qui en très peu de temps se bâtit, s’élance et se brise. Le surfeur lui, pressent le bon moment pour sortir d’en-dessous le rideau en train de baisser et y rerentrer mais dans une autre section déjà.
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Tous les deux s’offrent une belle bataille, ce qui en fait un véritable étalage d’expérience et de maîtrise. Les notes afficheront un écart assez surprenant : Slater aura un score de 19,80 points, Fanning en obtiendra 15.87. Néamoins, leurs concurrents avaient un niveau aussi élevé. L’Hawaïen John John Florence, par exemple, est l’auteur d’un run spectaculaire, sur une grande vague parfaite : surgissant d’en-bas il s’engage sous le rideau qui se referme tout de suite après lui et remonte la vague pour flotter au niveau de sa partie verticale, balançant entre la gravité et la traction de la vague qui agissent dans des directions inverses. Il quittera la section pour effectuer un top turn massif tout en-haut et se faire porter par la montagne d’eau.
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Avec sa victoire Kelly Slater prend les devants au classement général en destituant le leader précédent, le Sud-Africain Jordy Smith, qui s’est retrouvé à la troisième position. C’est l’autre finaliste, Mick Fanning qui se place entre eux en deuxième position. La compétition est à voir absolument en images. Des vidéos sont disponibles sur la chaîne Youtube ASPWorldTour que nous remercions au passage. C’est un pur plaisir visuel !
C’est tout pour aujourd’hui ! A demain !