Le mythe du chauvinisme spatial

© © ru.wikipedia.orgLe mythe du chauvinisme spatial
Le mythe du chauvinisme spatial - Sputnik Afrique
S'abonner
Au cours des 50 années qui se sont écoulées depuis le vol de Valentina Terechkova, cinquante-six femmes se sont rendues dans l’espace. A titre de comparaison, on dénombre aujourd’hui déjà 476 hommes cosmonautes. Cette différence significative conduit certains experts à parler de « chauvinisme spatial. » D’autres réfutent en bloc cette thèse. C’est simplement que les femmes ont commencé plus tard à participer aux vols spatiaux, de plus ce type de travail étant particulièrement difficile, il peut bien sûr être accompli par une femme, mais il semble préférable, et plus honnête, de le confier à un homme.

Le temps de vol jusqu’à la Station spatiale internationale est de 6 à 7 heures. Et ce à bord de navettes modernes. Pendant les périodes d’accélération, le poids de chaque cosmonaute est multiplié par sept. Au décollage et durant les premières heures de vol, la circulation sanguine peut ralentir, et la vue diminuer. En apesanteur, faute d’habitude, la tête devient lourde et douloureuse à cause de l’afflux de sang. Un état de malaise stable constitue la norme du travail en orbite. La multitude de tests et d’expériences menés avec les cinquante-six femmes cosmonautes a démontré qu’une femme frêle pouvait supporter tout cela à l’égal d’un homme. Cependant, les hommes ne sont pas toujours prêts à accepter cette situation et essaient par tous les moyens de protéger les femmes, raconte l’astronaute Elena Kondakova :

« Il m’a fallu quelques années rien que pour réussir à persuader mon mari, le cosmonaute Valery Ryumin, de me laisser passer au moins devant la commission médicale et de rejoindre le groupe. Il n’a fini par accepter que lorsqu’il a été sûr que ma santé n’était pas suffisamment bonne pour que je sois acceptée. »

Elena Kondakova s’est finalement rendue dans l’espace à deux reprises et détient d’ailleurs le record du plus long séjour passé par une femme en orbite. Il est vrai que pour réaliser ce record et pour envoyer une femme dans l’espace, des procédures supplémentaires sont nécessaires. Les femmes russes ont par exemple eu de la chance avec les scaphandres, elles ont pu s’adapter à l’ensemble des paramètres. Mais les Américaines pour entrer dans le plus petit costume masculin ont dû revêtir quelques dizaines de couches pour élargir leurs épaules et leur dos. Dans l’espace, les femmes effectuent les mêmes missions techniques et scientifiques que les hommes. Toutes sont des spécialistes de premier ordre, indique Alexandre Serebrov qui en 1982 s’est trouvé dans le même équipage que Svetlana Savitskaya :

« Elle était bien formée professionnellement. Elle s’est préparée avec soin. Nous avons commencé à nous entrainer en décembre et avons volé dès la fin du mois d’août. »

Le cosmonaute Alexandre Volkov n’a jamais travaillé dans l’espace avec une femme, mais il considère que cela aurait pu être une expérience intéressante :

« Je n’ai jamais volé avec une femme, mais je pense qu’à bord de la station cela discipline l’équipage, le conduit à ne pas se laisser aller, à ne pas être désordonné. Le matin, on doit obligatoirement se raser car on ne peut se présenter devant une femme que sous son meilleur jour. »

On a activement lutté contre le chauvinisme spatial aux États-Unis. Quarante-six femmes américaines sont déjà allées dans l’espace. Mais elles n’ont commencé à voler que dans les années 1980, quand Valentina Terechkova et Svetlana Savitskaya avaient déjà prouvé qu’une femme pouvait travailler dans l’espace. A cette époque a été lancé le programmeShuttle basé sur des navettes plus confortables, ne se trouvant en orbite que pour quelques jours. Mais que ce soit dans les années 1980 ou maintenant, toute décision américaine d’envoyer une femme dans l’espace a été une décision politique selon Ivan Moïseev de l’Institut de politique spatiale :

« En Amérique, on accorde beaucoup d’importance à ce que les membres de tous les segments de la population soient représentés dans l’espace à proportions égales, on fait attention à cela. Mais c’est une décision politique. »

Cependant, les Américains commettent une grosse erreur en gommant les différences entre les sexes dans l’espace, affirme Vadim Gutchin de l’Institut des problèmes biomédicaux, de l’Académie des sciences de Russie :

« D’une manière générale dire qu’une femme ou un homme travaille dans l’espace n’est probablement pas exact. Il est important d’utiliser les atouts de chacun des sexes et de chaque individu particulier. L’atout des femmes ne se trouve pas dans le travail physique. Elena Kondakova disait par exemple qu’elle pouvait aussi visser un écrou mais ce sera une tâche plus agréable à réaliser pour les hommes, et elle pouvait, elle, faire autre chose. »

L’une des fêtes les plus populaires de la Station spatiale internationale est la Journée de la femme, le 8 mars. Chaque année, les hommes cosmonautes, en particulier les Russes, organisent une surprise pour les collègues qui travaillent à leurs côtés, comme pour ceux qui les écoutent depuis la Terre. La tradition qui s’est imposée est de chanter des chansons, et de préparer des cadeaux pour les femmes cosmonautes.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала