Vladimir Voronkov, ambassadeur de Russie auprès des organisations internationales à Vienne, a évoqué, à l'intention de La Voix de la Russie, ces pays et la position russe sur les programmes nucléaires d'Iran et de Corée du Nord :
« Le protocole additionnel n'est appliqué que dans 57 pays ayant signé l'accord de garanties. Aux termes de ses statuts, l'AIEA doit assurer que les programmes nucléaires pacifiques ne soient pas détournés à des fins militaires. Cela se fait par le biais des garanties découlant de l'accord de garanties que les Etats non nucléaires ont conclu avec l'AIEA.
Le paquet de documents de l'agence contient, entre autres, un protocole additionnel aux accords de garanties. Il permet à l'AIEA de garantir que la matière nucléaire n'est pas employé à des fins non déclarées et de confirmer d'une manière authentique l'absence d'une activité nucléaire non déclarée sur le territoire du pays qui signe le protocole additionnel. Cependant, cet instrument revêt un caractère tout à fait volontaire et tout Etat décide lui-même s'il le signe oui ou non. Il ne s'agit pas d'un engagement, mais de certaines obligations assumées volontairement.
Le protocole additionnel n'est pas appliqué non seulement en Iran et en Corée du Nord, mais aussi en Arabie Saoudite, en Egypte, en Argentine, au Brésil ou au Qatar. Mais la garantie de l'AIEA concerne tous ces Etats et l'agence confirme que la matière déclarée n'est pas détournée. C'est un élément de principe.
Si un pays ne participe pas au protocole additionnel, cela ne signifie pas qu'il déroge au traité sur la non-prolifération de l'arme nucléaire. Cela implique seulement qu'avec un tel pays il faut s'entendre à part sur l'emploi des mesures additionnelles.
Pour ce qui est de l'Iran, la Russie part du fait que la déclaration du dirigeant iranien sur l'absence des projets de développer l'arme nucléaire est conforme à la réalité.
Cependant, une série de questions peut être posée à l'Iran et l'AIEA tente de les éclaircir. La Russie soutient ce souhait de l'AIEA. L'Iran doit répondre aux questions engendrant une certaine incompréhension de la communité internationale. Je pense que dans cette voie nous devons faire beaucoup, mais le processus se développe déjà et ce développement est positif.
Il y a 45 ans, il était déjà clair que la prolifération de l'arme nucléaire pouvait mettre le monde au bord de la catastrophe.
Premièrement, le risque d'utilisation de l'arme nucléaire augmente. Deuxièmement, dans ces conditions, aucun Etat ne peut se sentir en sécurité. Des moyens immenses seront accordés aux programmes de dissuasion, ce qui aura des répercussions directes sur le bien-être de la population. Je ne parle même pas du fait que nous avons une très faible idée des conséquences possibles et des pertes humaines dans l'hypothèse de l'utilisation de l'arme nucléaire.
Le Traité sur la non-prolifération et le système de contrôle des engagements mis en place sous son égide sont les principaux garants de la non-prolifération nucléaire.
Nous avons l'exemple de la Corée du Nord qui montre qu'un pays peut bénéficier de tous les privilèges découlant du Traité sur la non-prolifération de l'arme nucléaire pour développer son programme nucléaire pacifique et ensuite sortir du Traité et détourner la matière accumulée à des fins militaires.
De tels faits ne doivent pas avoir lieu. Je pense qu'il s'agit d'une lacune qui demande une attention particulière de la part des « cinq » nucléaires et de tous les autres participants au Traité sur la non-prolifération de l'arme nucléaire. Il est nécessaire de prendre des mesures qui compliqueraient au maximum ou rendraient tout simplement impossible le retrait des Etats du Traité et qui montreraient que la communauté internationale ne tolérerait pas la répétition du précédent nord-coréen ». N