Il s'agit de la première attaque de drone menée par les Américains depuis les élections législatives au Pakistan. Il y a moins d'un mois Nawaz Sharif, dirigeant de la Ligue musulmane du Pakistan qui a remporté les élections, a déclaré que l'utilisation par les Etats-Unis de drones au Pakistan constituait un défi à souveraineté du pays. Le futur premier ministre a exprimé l'espoir que les préoccupations du Pakistan seraient comprises à Washington.
Sans ces propos anti-américains, Nawaz Sharif pourrait perdre les sympathies d'un grand nombre d'électeurs. Au Pakistan, l'anti-américanisme est très prononcé, note Vadim Kosiouline, professeur à l'Académie militaire de Moscou.
«Pour ce qui est des rapports entre le Pakistan et les Etats-Unis, il est évident qu'ils ne sont pas dans leur meilleure phase. Le mécontentement grandit au Pakistan face au programme d'utilisation de drones et à leur emploi sur le territoire du Pakistan, notamment dans la zone tribale. »
Selon le service Gallup, le Pakistan est champion du monde des états d'esprit anti-américains. Le nouveau premier ministre Nawaz Sharif devra en tenir compte. Cependant la nouvelle frappe de drone le place dans une situation délicate. Comment réagira-t-il ? Se contentera-t-il d'une protestation anodine comprenant parfaitement que cela ne changera rien ? Fera-t-il une déclaration intransigeante sur la nécessité de revoir le système des relations américano-pakistanaises ? Il a déjà tenu des propos similaires au cours de sa campagne électorale.
Quoi qu’il en soit, la thèse de la nécessité de revoir les relations américano-pakistanaises semble assez contradictoire dans sa bouche. Elle est tout à fait logique du point de vue de la lutte électorale : elle répond entièrement aux attentes des électeurs. Mais elle ne correspond pas à l'état d'esprit des élites au pouvoir. Car les Etats-Unis restent un sponsor de l'économie pakistanaise en proie à la crise et le principal fournisseur d'armements pour l'armée pakistanaise, en dépit du rapprochement évident entre le Pakistan et la Chine ces dernières années. Nawaz Sharif doit relever un sérieux défi : louvoyer entre la montée de l'anti-américanisme et la nécessité d'entretenir avec les Etats-Unis des relations qui avantagent avant tout les élites pakistanaises au pouvoir. T