Le radicalisme islamiste se renforce au Maghreb

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Le 24 mai, le ministre de la Défense de la Tunisie Rachid Sabbagha déclaré que le régime de l’état d’urgence dans le pays serait prolongé. « La situation sécuritaire en Tunisie nécessite de prolonger encore l'état d'urgence en vigueur depuis la révolution de janvier 2011 », a-t-il expliqué. La prolongation de l'état d'urgence qui était censé s'achever le 3 juin, est fort probable, - communique l’agence officielle TAP citant le ministre.

 

La situation en Tunisie, - écrit Alexeï Grigoriev, - reste en effet extrêmement tendue. Malgré les mesures de sécurité intensifiées, dimanche passé, les partisans du groupement salafiste ultraconservateur « Ansar Ashariaa » (les Partisans de la charia) ont déclenché des désordres dans une des banlieues de la capitale de Tunisie, en résultat, une personne a péri et plusieurs ont été blessées. Le groupement se préparait à l’action suivante vendredi, mais au dernier moment, il l'a annulée ce qui ne signifie pas du tout le renoncement des salafistes aux tentatives de renforcer leurs positions dans les structures du pouvoir de la Tunisie. Juste un renseignement - le mouvement Ansar Ashariaa, la principale organisation salafiste jihadiste de Tunisie, a été créé après la révolution de 2011 par Abou Iyadh, un vétéran d'Al-Qaïda en Afghanistan, que les autorités accusent de plusieurs attaques dans le pays. Autrement dit, la Tunisie s'est retrouvée aujourd'hui devant la menace d’une nouvelle révolution, cette fois celle de la charia. Voici ce que dit sur la situation explosive en Tunisie et sur la situation dans la région du Maghreb en tout dans une interview par téléphone de Paris au correspondant de La Voix de la Russie Louis Caprioli, l’ancien chef de la section de lutte contre le terrorisme du service français du contre-espionnage intérieur (DST), le spécialiste en matière des réseaux terroristes en Afrique du Nord

Evgeny Satanovsky, le président de l'Institut du Proche-Orient, lui aussi, trouve que les pays du Maghreb n'ont pas encore subi tous les chocs politiques. Dans l'interview par téléphone au correspondant de La Voix de la Russie, il répond à la question « Comment se développe la situation dans cette région ? »

Selon Lénine, la question principale de chaque révolution, c’est celle du pouvoir, - rappelle l'expert russe. – En ce moment, au Maghreb, il n’y a pas de discussion sur le caractère laïque ou religieux de l'État. Et toutes les tentatives de l'élite laïque - les mouvements de la jeunesse et des femmes, d’autres milieux démocratiques – de défendre les conquêtes des décennies passées sont vouées à l'échec. Tout cela, ce sont les questions de concurrence, de lutte pour le pouvoir, pour les budgets, pour la présence dans le gouvernement, pour le contrôle de n'importe quels sièges entre les groupements proches des « Frères musulmans», et des groupements salafistes soutenus par le Qatar, et l'Arabie Saoudite . C'est une bataille caractéristique pour des situations post-révolutionnaires. Nous disons «le printemps arabe», mais en effet, il n’y avait pas de « printemps », c’était une série de révoltes, de révolutions, de guerres civiles. C'était l'offensive de l'islamisme radical contre les positions des autocraties laïques. L'offensive fructueuse qui a eu lieu presque partout… Maintenant, contre celle-ci se défend seulement la Syrie, puis ce sera le tour de l'Algérie, le dernier État laïque. Comment les vainqueurs diviseront-ils le pouvoir et qui viendra au pouvoir, du point de vue des résultats, ce n'est pas du tout important. Je marquerai encore une fois – n'importe quel pouvoir, en s'écroulant, ouvre l'espace pour la guerre civile. C’était ainsi dans le passé et cela se passe aujourd'hui dans n'importe quelle révolution. C’était ainsi également en Russie après la révolution d'octobre, quand la guerre civile très dure a éclaté. Ce sera ainsi en Tunisie, et en Egypte – l'époque post- révolutionnaire se développera pendant des décennies et plusieurs d’entre nous ne verront pas la fin de toute cette histoire simplement à cause de l'âge. Il me semble que toute cela se prolongera pendant au moins trois générations, c'est pourquoi je ne vois pas de raisons d’être optimiste. Et qui l’a commandé ? Personne. Y-a-t-il ceux qui ont tenté d’en profiter pour utiliser ces chocs révolutionnaires en vue de la modification de toute la région immense dans leur intérêt ? Bien sûr. Ce sont en premier lieu, le Qatar et l'Arabie Saoudite, mais avec le soutien de l'Ouest. C'est la Turquie avec ses ambitions de la création du nouvel Empire Ottoman. Ce n’est pas la peine de chercher derrière tous ces changements l'Empire du mal. Les États-Unis, eux, affirment qu'ils voient d'avance tout et même qu’ils peuvent diriger les processus géopolitiques, mais c'est du bluff. Les États-Unis tentent d’utiliser tous les processus dans leurs intérêts, et parfois – de se mettre à la tête. Ce que cela donne – nous l’avons vu le 11 septembre de l'année passée, quand leur ambassadeur en Libye était tué, et tout à fait récemment, quand l'attentat à Boston était commis. Je rappellerai, - dit Evgeny Satanovsky, - que c’est l'Ouest qui a engendré le jihad en Afganistate au cours de la guerre que menait là l'Union Soviétique. Plus tard, c’était l'Irak, la Libye, aujourd'hui – c’est la Syrie. Je ne veux pas prédire quelle voie empruntera le Maghreb ou si l'islamisme radical sera le vainqueur là, Je tiens tout simplement à rappeler les paroles de Churchill : il faut se souvenir du passé, et avec l’avenir, il y a toujours des problèmes.

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