« Si un Chinois buvait plusieurs verres de vin espagnol, cela sauverait la viticulture espagnole », ces propos prononcés à l’époque par le président du Conseil d’Etat chinois Li Keqiang pourraient être interprétés aujourd’hui d’une manière plus vaste. L’économie de la zone euro et notamment le marché des objets de luxe subsistent grâce pour une large part aux investissements chinois.
Selon la compagnie Bain&Company, les dépenses des Russes se rendant à l’étranger pour acquérir des objets de luxe ont été beaucoup plus importantes en 2012 : plus de 5 milliards de dollars. Or, c’est la tendance qui compte, souligne le sociologue Andreï Milekhine :
« Les Russes détiendront dans un avenir prévisible le leadership s’il n’y a pas de macro-bouleversements intérieurs ou extérieurs. »
Il n’est pas étonnant que les managers s’adressent en russe aux clients des boutiques de luxe. Plusieurs pays européens révisent leurs traditions et renoncent déjà à la sieste, poursuit Andrei Milekhine :
« Il existe des managers russophones dans les magasins. Ils réagissent très vite. Ce sont les vendeurs des hypermarchés desservant les habitants locaux qui évoquent les syndicats et travaillent vendredi jusqu’à midi. Les boutiques de luxe sont ouvertes jusque tard dans la soirée. Les vendeurs italiens et espagnols ne pensent pas à la sieste lorsque de gros bénéfices sont en jeu. »
Cependant, il y aura prochainement des bouleversements sur le marché européen du luxe malgré l’activité des consommateurs russes et chinois. Les ventes sont en baisse en période de crise mondiale : de 9% en 2011 à 5% en 2012. Le consortium LVMH, gros fournisseur mondial d’objets de luxe, achète secrètement les actions de son concurrent Hermes. Les experts s’abstiennent pour le moment de faire des pronostics. Or, il est clair dès aujourd’hui que les fusions seront dramatiques dans le contexte de la crise. T
