Quand nos démocrates sacrifient les chrétiens syriens

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Il faut payer pour tout et souvent il faut payer très cher. Je ne voudrais pas me prononcer sur le terrible drame de Woolwich. On ne ressuscite pas les morts ici-bas, hélas. Mais nous, nous qui sommes vivants, nous continuons à nous poser des questions.

Les assassins de Lee Rigby criaient Allah Akbar, découpant le jeune batteur en fines lamelles. Ces deux-là sont des islamistes. Ils exploitent à tort et à travers le nom d’Allah de la même manière que le font les islamistes syriens appelant à exécuter les chrétiens sous prétexte que ceux-ci sont impurs aux yeux du Très-Haut. Bien entendu, le meurtre du jeune militaire britannique peut donner lieu à diverses pistes de réflexion allant de la remise en cause du multiculturalisme au constat des effets directs du néocolonialisme, mais le fait en tant que tel ne change rien à l’identité et aux convictions des tueurs.

Or, nos charmants gouvernements, arborant des motifs éloquemment démocrates, nous appellent aujourd’hui à soutenir l’ASL, c’est-à-dire un sinistre composite de mercenaires saoudiens et qataris, des groupes wahhabites particulièrement radicaux souhaitant bâtir, par le fer et par le feu, un immense Kalifa mondial. La personnalité de Bachar, dirigeant typiquement oriental dont les élans autoritaires ont tout ce qu’il y a de plus compréhensibles dans son contexte sociopolitique à lui, ne justifie aucunement l’ingérence otanienne dans un pays souverain. Bachar extermine son peuple, se plaisent à ânonner les médias mainstream. Fort bien. Pourtant, que je sache, cela va faire treize ans en juillet qu’il est au pouvoir. Il y a dix ans, il y a cinq ans même, où étaient donc les rebelles martyrisés par le régime ? Comment se faisait-il qu’il y encore quatre ans chrétiens et musulmans coexistaient dans la paix la plus absolue qui soit ? Comment se fait-il que sous Hafez el-Assad, père et prédécesseur de cet « infâme » Bachar « qui ne mérite pas d’être sur terre », la Syrie ne savait guère ce qu’était l’islamisme et les communautés chrétiennes se sentaient en parfaite sécurité, ce qui n’est plus le cas depuis que les agents d’influence dûment sponsorisés par le tandem USA-France ont fait leur boulot. Alors pour les repères chronologiques je vous laisse deviner …

Internet étant un outil aussi pervers que magique, il m’a aidée à dénicher une publicité humanitaire censurée par le Figaro il y a environ une dizaine de jours. Je remercie Mme. Silvia Cattori, journaliste politique, de l’avoir posté sur son site avec un commentaire très explicite en –dessous. Voici le contenu de l’affiche : « Votre enfant est parti combattre en Syrie avec les groupes rebelles/Vous souhaitez protéger votre enfant de la violence ? (Cette dernière question est en lettres capitales). Notre ONG est prête à vous aider à le rapatrier ». Au-dessous du texte, on peut voir un e-mail et deux numéros. Un dessin représentatif montre une mère désespérée dissuadant son fils, déjà en uniforme, de rejoindre les barbouzes.

Cet appel qui vise en réalité à défendre nos enfants qu’ils soient franco-français ou français d’origine étrangère a été censuré par le Figaro. On croirait que la France elle-même est en danger tant les médias nationaux s’acharnent à envoyer ces jeunes qu’ils prétendent traditionnellement vouloir pacifier dans un véritable brasier intégriste d’où ils reviendront expérience en poche et idéologie au fusil. Mais ces facteurs-là ne semblent guère apparaître à l’équipe rédactionnelle du Figaro qui est allée jusqu’à bloquer la décision positive initialement prise par l’éditeur dont Mme. Cattori reprend la lettre d’excuse. En commençant ma réflexion par l’évocation du drame de Woolwich, je tenais justement à montrer, une fois de plus, que le double jeu qui est en ce moment mené par nos gouvernements pourrait nous coûter extrêmement cher. Ils croient jouer sur les contradictions internes des islamistes. En réalité, ce sont les islamistes qui finiront par gagner la partie en feignant collaborer, là où il le faut, avec un Occident soucieux de remodeler le Moyen-Orient à sa guise mais élargissant progressivement ce même Orient arabe à un Kalifa aux dimensions quasi-universelles. Il n’y aura plus de chrétiens. Il n’y aura plus de juifs. Il n’y aura plus de musulmans au sens canonique du terme. Il y aura, puissant, invincible, un immense Empire islamique qui dictera ses lois selon des principes dont il a le secret.

En attendant, la France se trahit elle-même en contribuant au massacre des chrétiens syriens et en tâchant, comble de lâcheté, d’en faire retomber la responsabilité sur le régime actuel. Elle se trahissait déjà comme entité judéo-chrétienne lorsqu’elle participait directement, par le biais des casques bleus, au massacre des chrétiens orthodoxes du Kosovo, elle se trahit de la même façon dans son traitement de la question syrienne.

Le fait que les médias occidentaux donnent la parole à des prêtres tels que le Père Paolo Dall’Oglio me donne la chaire de poule, car, en somme, que propose le révérend Père ? Ni plus ni moins, d’armer l’opposition contre le régime officiel. Je répète : un prêtre incite à armer des rebelles qui pillent les Eglises ! Et ne me dites pas qu’il l’ignore. Je peux bien sûr admettre qu’un homme d’Eglise s’interpose pour les opprimés, s’il en est, du régime, qu’il dénonce le totalitarisme, si ça en est un, de Bachar, mais qu’il invite à armer des islamistes, cela, je ne puis le comprendre.

Où était ce serviteur de Dieu lorsqu’une vingtaine de « rebelles » tourmentaient une jeune chrétienne d’Alep avant de l’achever ? Où était-il lorsque des Fidèles du Monastère Saint-Jacques le Mutilé avaient été décapités par des énergumènes de l’ASL ? Pour rappel, le dernier chrétien orthodoxe présent dans le centre d’Homs après l’évacuation de la population civile avait été tué fin 2012. Il s’agissait d’un vieillard de 82 ans qui prenait soin de son fils. Et par qui, révérend Père, avait-il été tué ? Par les soldats d’Assad ? Que nenni, figurez-vous ! Ce traitement n’est pas seulement réservé aux chrétiens. Il concerne chaque alaouite refusant de se conformer aux rigueurs de la sunna et dieu sait si des musulmans de cet obédience y sont déjà passés, victimes de ces grands « alliés » démocrates de Messieurs Hollande et Fabius.

Et entre temps ! Dans une ville située à cent kilomètres de Homs qui est la ville de Maaloula et où les musulmans, bien entendu majoritaires, soutiennent le régime Assad, on s’aperçoit que le dialogue interconfessionnel est aussi productif qu’il l’était naguère. L’araméen y est parlé couramment et semble constituer le ciment linguistique de cet endroit miraculeusement resté à l’écart du conflit comme si la langue du Christ l’en garantissait.

Les médias mainstream pleurent aujourd’hui ce soldat britannique de vingt-cinq ans, père de deux enfants, sauvagement exécuté alors qu’il avait toute une vie devant lui. Pourtant, ces mêmes médias préfèrent passer sous silence le martyr des chrétiens et des alaouites syriens, niant jusqu’à l’absurde que l’islamisme qu’il voulait manipuler à leurs fins cyniques se moque déjà de leur double jeu.

De là où il est, Saint Paul doit bien se lamenter, lui qui s’est converti à Damas, lui qui y a été baptisé, lui qui est l’un des Pères de notre civilisation. Mais nos démocrates n’ont pas froid aux yeux quand leurs intérêts gaziers et pétroliers sont concernés.

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