C'est ce dont des responsables du ministère russe de la Défense espèrent convaincre leurs interlocuteurs européens à la conférence « Aspects militaires et politiques de la sécurité européenne », qui a entamé ses travaux à Moscou.
L’objectif de sécuriser l’Europe a changé de points de repère ces dernières décennies. Si avant, la menace pour les Etats Ouest-européens était censée émaner du bloc socialiste, séparé de l’Ouest par un rideau de fer, de nos jours, de nouveaux défis sont apparus, dont le plus grave est le terrorisme à l’échelle globale. En dépit de la disposition de la Russie à coopérer, l’Europe s’obstine à refuser un rapprochement, remarque le chef de l'administration présidentielle russe Sergueï Ivanov. Selon lui, une telle approche peut avoir de graves conséquences :
« Aujourd’hui, tous ont intérêt à enrayer efficacement le terrorisme et l’extrémisme, mais, hélas, cette lutte est toujours fortement marquée par des approches doubles. Dans cette sphère, une telle prise de position est particulièrement dangereuse, car elle conduit directement à une multiplication des victimes de la terreur, au renforcement des positions de toute sorte de mouvements et de groupes radicaux. On ne peut parer à ces menaces qu’en agissant honnêtement, main dans la main, en toute confiance. »
Le déploiement des éléments du système global de défense antimissile des Etats-Unis en Europe est une autre entorse douloureuse à la sécurité européenne. Présenté comme un moyen de parer à d’éventuels lancements de missiles depuis l’Iran et la Corée du Nord, il est étrangement installé en Europe à la quasi-proximité des frontières occidentales de la Russie et menace plutôt notre potentiel nucléaire de dissuasion. Dans cette situation, lorsque les éléments du bouclier antimissile en Europe peuvent eux-mêmes être visés, les engagements de Washington de ne pas les employer contre la Russie doivent devenir le gage de la sécurité en Europe, a mis en relief M. Ivanov :
« Nous ne cherchons pour nous aucun avantage. Nous n’avons besoin que de garanties fermes, liées à la sécurité de la Russie : tout d’abord, que le bouclier antimissile en Europe n’expose pas l’arsenal stratégique de dissuasion de la Russie. Ensuite, qu’un tel système de défense va parer à d’éventuelles attaques des seuls Etats situés hors de l’espace euro-atlantique. Un mécanisme fiable de contrôle des armements ne peut être assuré que par des ententes internationales juridiquement contraignantes, basées sur l’égalité en droit et la prise en compte des intérêts de tous les pays. »
Les militaires russes planifient aussi de discuter avec leurs collègues européens du problème du contrôle des armements conventionnels.
On s’attend à ce qu’à l’issue de la conférence, les parties parviennent à un compromis sur nombre de sujets et préparent le terrain à de futurs accords constructifs, orientés vers l’édification d’un nouveau système de sécurité en Europe. N