La conférence « La Russie : le choix de la stratégie dans le monde en changement » a eu lieu le 21 mai à l’hôtel moscovite « Grand Mariott » à l’initiative de l’Association du business européen en Russie. Cette ONG regroupe 630 compagnies déployant leurs activités dans divers segments du marché russe. Notre correspondant Igor Yazon y a assisté …
Le sommet du G20 qui aura lieu en septembre à St Petersbourg constituera l’événement principal de la présidence de la Russie en 2013. Certaines questions de l’agenda du sommet ont été débattues à trois sections de la conférence. Premièrement, les « défis et les voies de règlement du système financier mondial et le rôle de la Russie ». La discussion à ce sujet a été fondée sur l’allocution du vice-ministre russe des finances Serguei Stortchak. « L’aperçu du marché énergétique mondial. La Russie : obstacles et avantages » est le sujet de la deuxième section. Et la troisième : « Modernisation et innovations : rêves ou réalité ? » Le point d’interrogation est parfaitement logique parce qu’il existe de multiples obstacles à la refonte de l’économie russe, a constaté Dominique Fache, président de la Fondation « Sophia Antipolis » et du technoparc du même nom à Nice. Selon M.Fache, il concevait ce projet avant de partir en Russie. 35 mille spécialistes hautement qualifiés y travaillent. Le technoparc assure au total 100 mille emplois. Au début huit petites compagnies y ont participé. Actuellement le parc en regroupe 378. C’est le projet le plus efficace de commercialisation des technologies innovantes en France qui assure plus de bénéfices que le tourisme à la Côte d’Azur, a souligné Dominique Fache.
Dominique Fache a travaillé plus de vingt ans en Russie ayant fondé au moins dix grandes entreprises et compagnies énergétiques. M. Fache a été jusqu’à récemment représentant général de la compagnie énergétique italienne ENEL en Russie et directeur de la Compagnie intégrée 5 à St Petersbourg. Bref, Dominique Fache ayant une grande expérience professionnelle en fait part pour moderniser le secteur énergétique russe. L’une de ses compagnies a livré et mis en marche aux centrales thermiques en Russie deux blocs : turbines et générateurs évalués à un million d’euros. 25 spécialistes hautement qualifiés au lieu de 250 comme jusqu’à récemment peuvent desservir les nouveaux réacteurs. C’est là la modernisation …
« Les Français débattent la loi obligeant les fonctionnaires à parler à l’étranger exclusivement français. Or, je ne suis pas fonctionnaire, je suis businessman et je vais parler russe à cette conférence à Moscou », a déclaré Dominique Fache.
Invité en 1991, je suis resté ici et j’ai donné des cours, poursuit M. Fache. J’ai compris qu’en ce moment la modernisation n’était pas une tâche d’actualité en Russie. Si vous vous souvenez, il y avait des bons pour les macaronis, etc. autrement dit, il y a eu des problèmes plus sérieux que le développement des technologies. J’ai décidé de m’occuper de l’énergie. J’ai dirigé pendant quinze ans « Schlumberger Group », ensuite ENEL en Russie. J’ai été invité il y a trois ans après mon départ de Russie au Conseil pour la modernisation auprès du président. Le président m’a dit, si je ne me trompe pas : « Il n’y aura pas de modernisation en Russie sans la liberté ». Il l’a dit, il est vrai, en Finlande et non pas en Russie. Je suis profondément convaincu qu’il en est ainsi. J’ai été membre du groupe pour le centre innovant Skolkovo. Je suis Français, j’ai ma mentalité et je me suis avéré dans l’opposition. Il a été décidé d’aménager Skolkovo dans la capitale et j’ai écrit alors dans un article que ce serait une erreur. Le vice-président du gouvernement Vladislav Sourkov s’est offensé. J’ai expliqué : la vie est aisée dans la capitale, il faut s’appuyer sur les régions. Nous avons réalisé le projet « Sophia Antipolis » au-delà de Paris ce qui est logique. Les projets innovants les plus efficaces sont mis en œuvre en province. Maintenant les Parisiens arrivent chez nous pour comprendre pourquoi nous avons réussi. Leurs entreprises tombent, en règle générale, dans une impasse. J’ai dit que dans de tels projets il faut s’appuyer sur les « chiens affamés », c’est-à-dire sur les régions : Kazan, Novossibirsk, Ekaterinbourg, Omsk …
« L’Etat doit s’occuper de l’infrastructure : autopistes, aéroports. L’Etat doit financer la science, les Universités, assurer un système fiscal transparent qui encouragerait les entreprises au lieu de les réprimer, dit Dominique Fache. Il a salué, en particulier, l’initiative de la présidente du Sénat Valentina Matvienko : « Envoyer le quartier général de Gazprom en Sibérie ! » A son avis, Skolkovo a le droit d’exister mais il faut l’inscrire dans la politique supposant le rôle bien déterminé des régions et la compétition pour la compétitivité genre rivalité entre tous les pays du monde. Chacun se vend. La Russie ne parvient pas aujourd’hui à se vendre. Il existe l’Agence d’initiatives stratégiques mais il n’y a pas de marketologues professionnels. Ainsi, a dit pour conclure Dominique Fache, la Russie devrait réaliser deux tâches en avançant vers les innovations : la décentralisation et le marketing. Il faut instituer une sorte de holding qui réunirait toutes les innovations et les commercialiserait ensuite sur la base concurrentielle. L’Etat ne doit pas s’ingérer dans ces processus, il suffit de soutenir, de synchroniser le marketing, en premier lieu avec l’étranger. C’est une attitude foncièrement nouvelle envers la modernisation de l’économie.
Les délégués ont applaudi les initiatives de Dominique Fache.
