Parfois, la visite de l’exposition d'art contemporain se transforme en une véritable aventure, suscitant autant d’émotions qu’une représentation théâtrale. Un escalier sombre mène à la salle d’exposition du cinéma Oudarnik. Seules les marches du haut sont légèrement éclairées. En montant au troisième étage, le visiteur arrive sur le balcon d’où s’ouvre une vue sur un véritable site de fouilles archéologiques: le sol du hall d'exposition est recouvert de terre. On y voit des pièces légèrement décomposées avec le temps. Il s’agit de sculptures réalisées par Gricha Brouskine. On y voit des sculptures de pionniers et de militaires, des modèles d’avions, et d’autres qui relèvent du fantastique. Tous auraient pu exister dans le passé soviétique.
« J'ai choisi ... les emblèmes de la civilisation soviétique »,raconte l’auteur. « Il y en a trente-trois, comme le nombre de lettres de l’alphabet russe. Car c’est à partir de ces lettres qu’a été créé le monde. Je les ai façonnés grandeur nature, et ensuite je les ai détruits et reconstitués en faisant des moulages en bronze. Puis je les ai enfouis en Toscane et déterrés quelques années plus tard. Ils étaient recouverts d’une patine naturelle. J’ai photographié tout le processus des fouilles et réalisé des vidéos. Les archéologues florentins ont étudié la structure moléculaire et atomique du métal et m’on délivré un certificat d'authenticité ».
En passant sur le balcon, le spectateur descend vers le « chantier de fouilles » et a la possibilité de passer sur la passerelle métallique et de regarder les expositions. Les sculptures, enfouies à moitié sous terre et illuminées, produisent une impression très forte. Il y a un certain décalage avec la réalité, et le visiteur commence à se demander s’il s’agit de vestiges de l’époque soviétique ou de l’œuvre d’un artiste contemporain.
Cette exposition peut être perçue de manière différente. D'une part, on peut essayer de comprendre le concept de cette exposition et la percevoir comme une étude sur la naissance, et la transformation en ruines des vestiges historiques mythiques. D’un autre côté, il serait logique de faire abstraction de certaines significations et de profiter de la dramaturgie qui s’est constituée et d’admirer le talent de l'artiste. T
Armen Apressian, Rédaction en ligne
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