Les écologistes réussiront-ils à faire capoter le marché russo-norvégien ? Peut-être, en effet, cela ne vaut pas la peine de perturber via la prospection du pétrole le fragile écosystème de l'Arctique ?
« L'Arctique est une région prometteuse d'extraction de matières premières énergétiques au nom de l'essor de l'humanité dans un avenir prévisible. Une alternative aux hydrocarbures ne sera pas trouvée prochainement. C'est l'affaire d'un avenir très lointain. Aussi serons-nous obligés de prospecter des zones toujours plus pénibles. Nul pays n'est en mesure de le faire seul. Il est par conséquent tout à fait logique que Rosneft tend à coopérer dans ce domaine avec des groupes comme ExxonMobil américain ou Eni italien. Maintenant, avec Statoil norvégien. La Norvège est un important pays pétrogazier arctique tout comme la Russie, les Etats-Unis et le Canada. Statoil possède une ample expérience de travail dans les conditions du climat rude, dans la zone des mers nordiques. Les Norvégiens possèdent des technologies d'extraction du pétrole à de faibles profondeurs avec l'utilisation de systèmes sous-marins, ce qui constitue une étape nouvelle d'extraction sur le plateau continental. La technologie requiert une main-d'œuvre nombreuse, mais elle est déjà employée en Russie, notamment par Gazprom sur l'île de Sakhaline. Les Norvégiens s’intéressent actuellement à la prospection géologique du fond de l’Arctique. Ces technologies avancées confirment que le secteur pétrogazier est aujourd'hui un domaine novateur », selon Konstantin Simonov, directeur du Fonds de la sécurité énergétique nationale.
Le projet russo-norvégien consiste à mettre en valeur les ressources du plateau continental russe des mers de Barents et d'Okhotsk et du plateau continental norvégien de la mer de Barents. Il est question du site de Perseevski en mer de Barents, des sites de Magadan-1, Lissianski et Kachevarovski en mer d'Okhotsk. Statoil participera à la société mixte à hauteur de 33,33 %. Le travail sera dur, il faudra pratiquer des forages dans les conditions des tempêtes arctiques et des banquises dérivantes. En Norvège, l'extraction de pétrole dans les glaces est interdite. On est en droit de se demander à quel titre la Russie peut se le permettre
« A notre regret de telles thèses servent souvent à effrayer les gens : « Quel horreur ! Ils s'en prennent à l'Arctique ! Une catastrophe écologique ne tardera pas à arriver! » C'est un vieux débat entre les écologistes et les industriels qui ont raison de répondre : « Comment vivre sans l'électricité ? Retourner à l'âge de pierre ? Monter de nouveau à cheval à cause des gaz d'échappement des automobiles ? Les écologistes sont invités à dialoguer. En vain. Il est, certes, plus facile d'endosser le costume de l'ours blanc pour organiser un piquet devant l'entrée d'une société pétrolière. Ou de se hisser sur une plate-forme de forage comme Greenpeace l'a fait sur le site de Prirazlomnoïe. C'est beaucoup plus facile que d'essayer de comprendre des solutions techniques et des technologies de pointe. Je suis convaincu que celles-ci permettront de réduire au minimum des risques négatifs. Je tiens à rappeler que les catastrophes écologiques les plus importantes se sont produites dans des régions à climat doux. Il suffit de se souvenir de la marée noire dans le golfe du Mexique »,poursuit Konstantin Simonov.
Selon l'expert de Moscou le gouvernement de la Norvège ne se laissera pas influencer par Greenpeace. Si besoin est, Statoil collectera les mêmes 55 000 signatures en faveur du projet conjoint avec la Russie. Les Norvégiens savent parfaitement que leur bien-être actuel est dû au complexe pétrogazier. Notons qu'outre le projet arctique, ces deux sociétés en ont d'autres. Notamment la prospection de gisements difficilement accessibles d'hydrocarbures dans le territoire de Stavropol (pétrole de schiste) et de pétrole à forte viscosité dans le district autonome des Nenets du Yamal. /T