Valéry Khalilov a raconté qu’il participait aux parades sur la place Rouge depuis 1967, alors qu’il était encore pupille de l’Ecole militaire Souvorov.
« Chaque fois tu éprouves, bien sûr, un sentiment de responsabilité et, certainement, de fierté. Surtout lorsque retentit la musique de la chanson La Guerre Sacrée (Sviachtchennaïa voïna). Il me semble que tous le ressentent, puisque chaque Russe garde le souvenir de cette guerre dans laquelle leurs parents ont donné leur vie. Cela produit un puissant effet émotionnel et redonne des forces pour continuer de vivre. Du moins, c’est ce que je ressens ».
Le général Valery Khalilov évoque la chanson d’Alexandre Alexandrov La Guerre Sacrée, qui est perçue en Russie comme le symbole lyrique de la Seconde Guerre mondiale. Elle a été composée en juin 1941, littéralement dans les premiers jours suivant l’agression des troupes hitlériennes contre l’Union Soviétique, lorsque personne ne connaissait encore l’issue de cette guerre, mais la foi était inébranlable en la victoire sur l’ennemi. A présent cette mélodie retentit au début du défilé, quand le drapeau de la Victoire traverse la place Rouge.
Le passage de chaque arme est accompagné d’une musique bien déterminée. On entend des marches militaires des siècles passés et des compositions classiques, comme par exemple, le chœur Soit glorieuse, soit glorieuse, Russie, ma mère patrie (Slasvia, slavsia, rodina Rossia) de l’opéra de Mikhaïl Glinka Une vie pour le tsar, d’après la légende d’Ivan Soussanine, héros national russe, et des chansons et marches contemporaines. Le chef d’orchestre en gants blancs dirige l’immense orchestre. Valéry Khalilov sait à quel point c’est difficile.
« C’est compliqué en sens que le musicien doit apprendre par cœur une trentaine d’œuvres. Le deuxième moment difficile consiste à synchroniser toutes les actions. Quelque 900 instrumentistes portent des gants blancs à l’occasion de la parade, mais aussi pour qu’on les voit de loin, étant donné que les rangs de l’orchestre s’étendent sur environ 150 mètres ».
Le jeune musicien Arséni Androussenko, qui participe au défilé, a lui aussi avoué que la préparation n’était pas facile.
« Il est difficile de jouer en marche, et les entraînements commencent deux mois avant la parade. A force de travailler, au moment du défilé tout semble facile… C’est un honneur pour tout musicien que de défiler devant des anciens combattants qui ont défendu la patrie ».
Le défilé s’achève par l’exécution de la célèbre marche L’Adieu de Slavianka (Prochtchanie Slavianki – slavianka est le féminin du mot « slave » - NDLR), dont le centenaire a été célébré en Russie l’année dernière. Cette mélodie très populaire a été composée Vassili Agapkine. Et c’est lui, d’ailleurs, qui dirigeait le grand orchestre de 200 instrumentistes lors du défilé historique du 7 novembre 1941. Ses participants s’en allaient directement au front pour protéger Moscou contre les troupes hitlériennes, qui approchaient de la capitale. Devant Moscou les troupes allemandes ont essuyé leur premier grands revers dans la Seconde Guerre mondiale. T