Ce tableau qui fait partie du célèbre cycle Stranniki (Les pèlerins) de Nesterov est le seul à être conservé par des collectionneurs privés. En juin, il sera présenté lors d’une vente de la maison MacDougall’s. Il n’est donc pas exclu que cette exposition soit une occasion unique de voir ce tableau avant qu’il ne se retrouve dans une collection privée.
Tout au long de sa vie, Mikhaïl Nesterov était à la recherche du chemin vers Dieu. Le peintre a commencé ce cycle de tableaux philosophiques et religieux à Armavir (Russie du Sud), où il a passé les années qui ont suivi la Révolution d’octobre, fuyant la faim et la misère de la guerre civile. C’est ici que le peintre fait la connaissance du prêtre local Leonid Dmitrievski. Le prêtre a eu une influence très forte sur Nesterov. L’artiste le dessine d’ailleurs dans Lika Rousskogo Khrista (L’image du Christ russe). Plus tard, en 1921-1922, à son retour à Moscou, le peintre crée toute une galerie de représentations du Christ Sauveur marchant sur la lumière représenté en simple pèlerin.
« Ce tableau fait presque 110 cm. C’est le plus grand tableau que Nesterov ait jamais peint, car c’est le maximum qui pouvait entrer derrière son vieux canapé », raconte Ekaterina MacDougall, directrice de la maison de vente aux enchères. « Après la Révolution, le thème de recherche de Dieu et les représentations du Christ n’étaient pas très populaires en peinture russe. Et Nesterov était obligé de tout faire dans la clandestinité. Pour lui, 1922, c’est la dernière année où il pouvait s’exprimer comme il le voulait, en tant que maître d’art spirituel ».
En 1923, Mikhaïl Nesterov écrivait: « Qui sait ? Si nous n'étions pas confrontés aux événements de la Révolution en 1917, j'aurais probablement pu essayer d’y voir mieux - à quoi ressemble le Christ russe. Et maintenant, je suis obligé de m’arrêter d’y penser, peut-être, pour toujours ».
Aujourd'hui, la quasi-totalité des tableaux issus de la série se trouve dans des collections des musées. L’apparition d’un si grand tableau dans la salle d’exposition de MacDougall’s est certainement un événement culturel de grande envergure. On ignore quel sera son destin sur le marché de l’art. Le temps le montrera.
« Cette toile est très importante pour comprendre l’art de Nesterov, et toute la culture russe », résume Ekaterina McDougall. /L
